Grand Prix des Etats-Unis : A l’heure des comptes
...spectateurs, aux téléspectateurs, aux passionnés de Formule 1 et aux sponsors pour ne pas avoir pu prendre part au Grand Prix des Etats-Unis." A la suite du "fiasco" d'Indianapolis, les écuries chaussées par le manufacturier de Clermont-Ferrand se sont fendues d'un communiqué commun. La moindre des choses. Pour ce qui est des 150 000 spectateurs présents à "Indy", les choses devraient même s'arranger, à défaut de leur faire oublier le spectacle pitoyable qui leur a été offert. En effet, selon Max Mosley, le président de la FIA, "Tony George (directeur du circuit d'Indianapolis, NDLR) et Bernie Ecclestone devraient annoncer que le Grand Prix des Etats-Unis aura lieu de nouveau à Indianapolis en 2006 et que tous les détenteurs d'un billet d'entrée de cette année auront un accès gratuit l'année prochaine". Suffisant pour les faire revenir ? Pas si sûr. Mais, au-delà de cet aspect, que s'est-il donc passé à Indianapolis ? Les propos de Giancarlo Fisichella, interrogé au début de la semaine précédant l'épreuve, apportent déjà un éclairage : "L'an dernier, nous avions vu que la course pouvait être très difficile pour les pneumatiques, faisait-il remarquer. Avec la règle des pneus uniques, cette année, cette particularité devrait poser encore plus de problèmes. La piste comporte énormément d'accélérations à basse vitesse, ce qui génère des contraintes considérables sur les enveloppes arrière. Par ailleurs, le revêtement glissant peut aussi accélérer l'usure." Pour le moins prémonitoire ! Une chose est certaine : Ricardo Zonta, le vendredi matin, et Ralf Schumacher, le vendredi après-midi, sont sortis de la piste en raison d'une chute de pression subite des pneumatiques (en particulier, l'arrière gauche) qui équipaient leur Toyota. Si l'examen des pneus révèle des dommages "inhabituels", Michelin ne s'explique pas comment ni pourquoi. Alerte est alors donnée aux différents centres d'essais, dont celui de Greenville, en Caroline du Sud, et de Clermont-Ferrand. Sur leurs bancs d'essais, les ingénieurs de Bibendum soumettent quantité de pneus à la torture, cherchant à reproduire la défaillance d'Indy. En vain…
Les contraintes spécifiques du circuit ont révélé une faiblesse indécelable en conditions normales
"Plutôt bon en qualification (comme l'a démontré la pole position de Jarno Trulli, NDLR), notre pneu présentait la particularité de ne pas supporter la contrainte du circuit, convient Pierre Dupasquier, directeur de la compétition de Michelin. On ne sait pas encore pourquoi. Nous travaillons toujours pour le savoir et nous avons quelques hypothèses. Nous avons accumulé des informations en essais destructifs et non destructifs qui prouvent que le pneu était bon." Sous-entendu, le pneu ne présentait pas de défaut majeur de construction. Des hypothèses ? Il y a d'abord le revêtement strié de la piste, différent de l'asphalte habituel. Il faut savoir en effet que l'ovale avait été resurfacé en début d'année 2005. Néanmoins, Bridgestone, via sa filiale américaine Firestone, a disputé les 500 miles avec des produits identiques à ceux de l'année dernière, sans problème. Autres hypothèses, plus plausibles celles-là, les conditions d'exploitation du pneu. A commencer par les basses pressions (tout juste supérieures à un bar) choisies le vendredi par certains teams pour mieux aborder la partie sinueuse du circuit. Toyota et Red Bull, notamment, sont de ceux-là. Il y a aussi l'angle de carrossage (négatif, bien sûr), la dureté de la suspension et la réduction des appuis destinée à gagner de l'efficacité dans les portions rapides et en particulier dans la longue ligne droite. Des éléments qui, conjugués, ont pris toute leur signification au moment d'aborder le fameux "banking" (la partie relevée du circuit) et ses virages 12 et 13, qui se négocient en pleine accélération ; avec à la clé des contraintes à la fois transversales et longitudinales pour les pneumatiques, notamment au niveau de leurs flancs et de leurs épaules. Contraintes qui ont sans doute révélé une certaine "faiblesse" au niveau du pneumatique. L'aspect technique mis à part, il faut souligner l'extrême discrétion des Japonais de Bridgestone, qui en aucun cas n'ont "chargé" leur concurrent français. Officiellement non consulté par la FIA suite à la requête de Michelin (la fameuse chicane destinée à ralentir les monoplaces), le manufacturier nippon assure également ne pas y avoir fait obstacle. "Bien sûr, nous sommes contents que les écuries équipées de nos produits aient été en mesure de couvrir la distance complète du Grand Prix, souligne simplement Hiroshi Yasukawa, directeur de la compétition. La preuve que nous avions amené des produits en phase avec le cahier des charges relatif au circuit." Michelin a sans doute manqué de discernement, mais une chose est certaine, les ingénieurs japonais savent très bien qu'ils flirtent eux aussi avec la limite. Le tout étant de ne pas la dépasser…
Marc DavidSur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.