Entretien avec Thierry Lespiaucq, directeur Volkswagen.
...Thierry Lespiaucq. Les renouvellements sont de plus en plus fréquents. Nous avions ici l'opportunité d'offrir plus, notamment de nombreuses nouvelles motorisations, il a donc été décidé du remplacement de la Golf V. Nous, commerciaux, nous ne nous en plaignons pas, même si elle va s'en doute enregistrer une de ses plus belles années. Depuis 2005, la voiture est en constante progression. Il est vrai qu'elle a connu un départ un petit peu lent. Les changements, notamment esthétiques mais aussi de certaines caractéristiques par rapport à la Golf IV, avaient conduit à un phénomène de rejet de la clientèle traditionnelle. Il y a eu un effet retard d'environ 18 mois. Le repositionnement en termes de prix et d'équipements sur le marché français avait également contribué au redécollage.
JA. La technologie embarquée dans cette 6e génération ne va-t-elle pas reproduire ce "problème" de prix ?
tl. Non, car la plupart de ces équipements technologiques sont en option, entraînant un choix clair et délibéré de la part du client. Ils feront toutefois partie de packs qui les rendront assez abordables. De fait, les prix de la Golf VI sont extrêmement proches de la Golf V. Pour La finition Confortline, la plus vendue en France, l'écart est seulement de 200 e ; mais il faut noter qu'elle gagne un filtre à particules, un airbag genou, etc. Rien que le filtre à particules est normalement facturé au moins 600 e en option. Malgré 200 e de plus, je dirais que la Golf VI est presque moins chère que la précédente. Elle est très bien placée sur le marché.
JA. La cadence de renouvellement des dérivés de la Golf, va-t-elle être accélérée ?
tl. Ces dérivés sont arrivés largement après la Golf 5. Et puis, la Golf berline est une famille à part. L'arrivée de la 6e génération n'entraînera pas automatiquement de modifications pour les Golf Plus, Golf SW ou la Jetta. Sur certains, comme la Golf Plus, il y aura un léger face-lift mais sans commune mesure avec les évolutions que l'on peut voir aujourd'hui entre les Golf V et VI.
JA. Comment se comporte la Golf face à l'éclatement de l'offre sur le segment M1 ?
tl. Le segment de la Golf représente aujourd'hui 13 à 15 % des ventes françaises. Il y a encore quelques années, il représentait 30 % ! Donc Volkswagen, comme ses concurrents, a lancé des dérivés et notamment des monospaces compacts. Ainsi, notre performance globale sur le segment M1, élargi à ces dérivés, nous avons un taux de pénétration en progression, proche de 12 %. Nous sommes donc au-delà de ce que nous pouvions connaître quand la Golf était notre seul modèle sur ce segment. Face aux 65 à 70 000 Golf berlines que nous pouvions faire par le passé, aujourd'hui nous devons ajouter aux 40 000 berlines, 8 000 Golf Plus, 2 000 SW et au moins 20 000 Touran cette année. Un total proche de 80 000 immatriculations sur ce segment.
JA. La Golf 5 a-t-elle connu une bonne fin de vie ?
tl. Nous en avons recommandé 8 000 de plus que nos prévisions initiales. Nous avions prévu 18 000 voitures, nous en livrerons plus de 26 000. La Golf VI étant planifiée à la cadence prévue, nous devrions en recevoir environ 10 000 d'ici la fin de l'année.
JA. Quel objectif pour 2009 ?
tl. Pour l'heure, il y a tellement de mouvements que donner un chiffre serait un peu hasardeux. Je souhaite simplement que la Golf reste intercalée entre les françaises sur le segment des berlines compactes 5 et 3 portes. Je souhaite que l'on conserve notre position, cela devrait donc représenter entre 35 et 40 000 unités sur l'année.
JA. Ce manque de visibilité est-il dû à l'évolution du marché français sous l'effet de l'écotaxe ?
tl. Le début d'année a été très secoué. Alors pour le segment M1 au sens large, la stabilité demeure malgré des mouvements internes. Les monospaces compacts ont chuté, cette tendance semble aujourd'hui s'être enraillée, alors que les berlines ont connu la croissance mais cela se tasse. Le portefeuille de la 308 s'est purgé. De notre côté, nous sommes en plein renouvellement. L'arrivée de la Golf VI mais aussi de la Megane va relancer ce segment.
Avec l'écotaxe nous avons assisté à une réorientation brutale des clients français sur les voitures les plus petites. Aujourd'hui, le segment A progresse de près de 40 %. Quant au segment B, également en progression, les berlines gagnent "seulement" 10 %, mais les breaks de cette catégorie s'envolent. Les berlines du M2 restent stables sous l'impulsion notamment des C5, A4 ou Passat CC, mais pour le reste, c'est la chute libre ! Le paysage français n'est pas aussi rassurant qu'il en a l'air.
JA. Craignez-vous une fin d'année difficile ?
tl. Les prises de commandes reculent depuis le mois de juin (de 5 à 10 % de commandes en moins chaque mois) et si cette tendance se poursuit cela pourra être problématique. Le mois de septembre sera un mois révélateur. Si le marché ne totalise pas 185 à 190 000 commandes, nous pourrions connaître une fin d'année plus délicate. S'il y avait un arrêt brutal comme on peut le voir en Angleterre ou en Espagne, le marché français pourrait finir l'année à 2,050 unités. Mais je n'y crois pas. D'abord parce qu'il y a des rumeurs persistantes et soigneusement entretenues de modifications du système de bonus malus. Si la barre descend à 115 g par exemple, je ne sais pas quelle nouvelle formule va inventer Bercy. Nous pouvons nous attendre à un rush sur les petites voitures à 120 g. Le marché français va encore connaître une poussée. C'est pour cela que les 2,1 millions sont quasiment garantis. Le scénario catastrophe pour 2008 est peu probable. En revanche, 2009 est l'année de tous les dangers. Le marché aura du mal à franchir la barre des 2 millions.
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