Entretien avec Thierry Lespiaucq, directeur de Volkswagen France
Journal de l'Automobile. Quel regard portez-vous sur la performance de Volkswagen en ce début d'année ?
Thierry Lespiaucq. Nous sommes sur la lancée du deuxième semestre 2008 où Volkswagen affichait une pénétration proche de 8 %, 7,98 % pour être précis. Nous continuons ainsi sur ce début d'année. La Polo et la Golf continuent de tirer nos ventes. Depuis le mois de décembre dernier, il faut noter que les prises de commande sont bonnes. Il faut reconnaître que l'effet des "Sarkozettes", relayé par les constructeurs, a réellement pesé sur le marché. Et plus particulièrement sur les petites voitures. Pour vous donner un ordre de grandeur, nous avons déjà pris 13 500 commandes de Polo en deux mois. C'est un rythme supérieur de plus de deux fois à la normale.
JA. La Polo et la Golf demeurent donc vos best-sellers, mais qu'en est-il du reste de la gamme ?
tl. Les difficultés sont identiques à celles des 6 derniers mois de l'année 2008. Les chiffres sont donc moins bons que sur le premier semestre 2008 où nous n'étions pas encore entrés dans la phase dite de crise. Cependant, en termes de volume mensuel, tous les autres modèles de la gamme sont stabilisés. Pour certains, il y a même un redémarrage comme pour le Tiguan qui bénéficie de l'arrivée de la version deux roues motrices synonyme de zone neutre à l'écotaxe.
JA. Existe-t-il un problème avec les VO et leur valeur résiduelle ?
tl. Le problème est réel. L'ensemble du marché VO est difficile. Les valeurs résiduelles qui avaient été, parfois, un peu optimistes dans l'euphorie du marché il y a encore 18 mois, risquent de poser des problèmes à certains. Dès fin 2008, nous avions travaillé sur le marché des VO de moins d'un an. Les actions mises en place portent leur fruit puisque aujourd'hui le niveau de stock VO dans le réseau baisse. Nous voyons même redémarrer de manière très sensible les commandes de nos concessionnaires auprès de notre service qui recommercialise les véhicules ex-loueurs, etc. Les indicateurs repassent, sinon dans le vert, à un orange sympathique.
JA. Comment votre réseau a-t-il traversé cette année 2008 ?
tl. Au premier semestre la rentabilité était en baisse, elle est cependant fortement remontée en fin d'année grâce aux nombreuses livraisons notamment sur le dernier trimestre. Ainsi, d'une rentabilité voisine de 0,5 % à fin septembre, le réseau a terminé l'exercice avec un chiffre d'environ 0,9 % grâce à ces livraisons qui lui ont permis de toucher les primes. Nous n'abordons donc pas l'année 2009 dans une mauvaise posture. Toutefois, je répète au réseau que 2009 sera une année difficile du fait de la liquidation des stocks, mais que 2010 risque de l'être également du fait du marché.
JA. Qu'en est-il du service de conseil que vous avez mis en place en début d'année afin d'aider les distributeurs qui le souhaitent ?
tl. Pour l'heure, nous suivons une quinzaine de cas. Mais je rappelle qu'il s'agit de demandes spontanées et ouvertes de la part de distributeurs qui restent des entrepreneurs. Nous les conseillons en leur apportant un éclairage différent.
JA. Vous présentez ici la nouvelle Polo. Quand arrive-t-elle sur le marché français et quelles sont vos ambitions ?
tl. La Polo est un modèle extrêmement important pour nous. D'autant plus que l'an dernier, avec plus de 42 000 immatriculations, elle est même devenue le véhicule importé le plus vendu en France. Devant la Golf pour quelques centaines d'unités. Puis doublement importante sur un marché où les ventes de petites voitures sont en très forte progression. Les premières unités arriveront dans les showrooms en juillet prochain avant sa commercialisation en septembre. Quant aux objectifs, nous souhaitons marcher dans les traces de la précédente. Nous avons aujourd'hui acquis, sur ce segment, une pénétration de 7 % alors que nous y étions traditionnellement faibles. La mission de la nouvelle Polo est bien sûr de conserver cette position puis de la développer.
JA. La Polo actuelle est très bien placée en prix. Avec cette nouvelle génération comment allez-vous rester aussi compétitif ?
tl. A équipements équivalents, la nouvelle Polo n'est pas plus chère que l'ancienne. Simplement, aujourd'hui, on parle d'une série spécifique, pour les "Sarkozettes", à un prix de 7 990 e une fois toutes les aides déduites. Si nous refaisions les mêmes opérations sur la nouvelle Polo, elle serait à environ 9 000 e. Mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une voiture entièrement nouvelle, mieux équipée et plus sûre. Puis il faut tenir compte, parmi les principales caractéristiques de cette nouvelle Polo, des gains importants en termes de consommation aussi bien pour les versions essence que Diesel. Elle pourra compter sur une nouvelle génération de moteurs Diesel, un 1,6 TDi common rail, qui va développer de 75 à 105 ch. Tous les moteurs seront sous la barrière des 120 g. Ensuite, il y aura une version BlueMotion développant 90 ch et ne rejetant que 96 g de CO2/km. Et même 87 g de CO2 pour une autre BlueMotion encore plus évoluée. Enfin, il faut noter que les gènes de la Golf sont bien présents avec notamment une ligne qui a été voulue sobre, simple mais très belle capable, de traduire la qualité perçue de la voiture tout en lui permettant de passer le cap du temps et de garder les valeurs résiduelles importantes.
JA. Pour conclure, comment imaginez-vous le marché français en 2009 ?
tl. Je reste optimiste pour 2009 tant en France qu'en Allemagne. Puis nous espérons que les mesures initiées par certains pays comme l'Italie vont soutenir leur marché, et au final le marché européen. Pour revenir plus particulièrement à la France, à moins d'une nouvelle catastrophe économique, le marché VP devrait représenter entre 1,9 et 1,95 million d'unités. Nous devrions assister à des anticipations en fin d'année avec la fin des "Sarkozettes", mais aussi avec l'abaissement du seuil des 700 e de bonus de 120 à 115 g. Quant à 2010, si l'on se souvient de la fin des opérations "Juppettes et Balladurettes", le marché avait à peine atteint 1,7 million l'année suivante. 2010 pourrait être à ce niveau-là, voire pire.
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