Entretien avec Patrice Franke, directeur Audi France
Journal de l'Automobile. Quel regard portez-vous sur le marché 2008 et les résultats qu'Audi y a obtenu ?
Patrice Franke. Notre métier repose sur un subtil équilibre. Un équilibre que la réglementation sur le CO2 apparue fin 2007 a quelque peu bousculé. Personne ne pouvait être prêt en quelques jours à changer ses habitudes de ventes ni ses plannings de production, décidés de longs mois à l'avance. Notre début d'année 2008 a donc été difficile, particulièrement le mois de janvier. Cependant, grâce au travail de nos ingénieurs sur les valeurs de CO2, mais aussi à notre plan produits, nous avons redressé la barre, mois après mois. A partir de l'été, nos chiffres ont été bien meilleurs, nous permettant de totaliser plus de 48 000 immatriculations sur l'année 2008. Si l'on raisonne en termes de livraisons, avec 51 200 unités, nous progressons même de 7,7 % sur l'année. Quant aux commandes enregistrées, 2008 a été meilleure que 2007. Nous aurions même pu faire mieux car nombre de véhicules commandés ne sont pas encore livrés. Notamment ceux étant équipés des motorisations e, dont la France prend, par ailleurs, quasiment toute la production. Ceci étant dit, notre travail ne consiste pas à faire des statistiques mais des clients heureux.
JA. Le Q5 sera l'un de vos vecteurs de croissance en 2009. Vous aviez annoncé 7 000 unités en année pleine à l'époque du lancement, êtes-vous toujours aussi ambitieux aujourd'hui ?
PK. Nous n'allons pas nous cristalliser sur 500 unités de plus ou de moins, mais cela reste notre objectif. Le Q5 est une voiture extrêmement bien née, avec beaucoup de points forts, notamment le fait que l'ensemble des motorisations soient en dessous du seuil de 200 g de CO2.
JA. Votre objectif global pour l'année 2009 demeure, comme en 2008, 50 000 unités. Sur un marché sans doute en repli, d'où viendront vos bons résultats ?
PK. Le Q5, pour les raisons que j'ai évoquées, mais aussi la famille A5 et ses nouvelles variantes qui seront lancées cette année, seront autant de nouveautés qui auront un rôle important. Puis, nous pourrons également compter sur l'A4 allroad, la S4, la R8 V10, etc. Certes, des produits de niches, mais, comme on dit, les ruisseaux font des rivières. Au global, malgré la crise et ses conséquences possibles, je pense que nous atteindrons 50 000 unités, et ce pour deux raisons principales. D'abord, le marché premium, c'est d'ailleurs encore plus vrai en période de crise, demeure une valeur sûre. Ensuite, au sein même de ce marché premium, notre riche plan produits sera un incontestable atout. La marque et les produits Audi vont continuer à susciter de l'intérêt.
JA. Finalement, 2 009 n'est-elle pas qu'une année de transition avant l'arrivée de l'A1 en 2010 ?
PK. Tout à fait. L'A1 va nous permettre de changer de dimension. Un palier important pour nous, puisque ce modèle devrait représenter près de 20 % de volume supplémentaire. Elle représente également une sorte de réassurance en cette période d'incertitude et de crise. Car si beaucoup de consommateurs peuvent se tourner vers une voiture plus compacte, plus "raisonnable", il ne faut pas oublier la notion de plaisir. Et l'A1 concentrera tous les gênes d'Audi, mais dans un format plus compact.
JA. Comment votre réseau a-t-il vécu cette année 2008 ?
PK. Il est encore trop tôt pour donner une rentabilité, mais une chose est sûre, l'année 2008 a été moins mauvaise qu'on aurait pu le croire. Selon toutes vraisemblances, la rentabilité moyenne du réseau devrait être voisine de 1,5 %.
JA. Qu'en est-il pour 2009 avec notamment les investissements en cours ? N'y a-t-il pas un risque pour le réseau ?
PK. Compte tenu des investissements qui sont en train d'être réalisés, la rentabilité sera sans doute moins importante. Cependant, nous devons poursuivre nos efforts de transformation car en 2010 avec l'A1, mais aussi avec d'autres projets en cours de développement, ces changements sont vitaux. En effet, il faut que notre réseau ait la capacité de vendre ces futurs produits, et aussi bien sûr de satisfaire notre clientèle, notamment en termes de qualité ou de services. Le volume additionnel de l'A1 va créer une surcharge d'activité supplémentaire pour le réseau et il faut que celui-ci soit organisé en conséquence. Je conviens que cette situation peut être parfois difficile à gérer pour certains de nos distributeurs mais nous restons néanmoins pragmatiques tout en gardant le cap que nous avons défini ensemble. Certains peuvent y voir une période difficile, d'autres des opportunités.
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