Edito : Trou de ver
Un moment de grâce attrapé au vol sur les ondes de Radio Classique. Invitée par l’ami Bellamy, la grande pianiste Claire-Marie Le Guay explique pourquoi elle a choisi le mouvement lent du concerto en la majeur n° 23 de Mozart comme première petite madeleine musicale : “Notamment parce que c’est un souvenir d’enfance, un souvenir de voyage en voiture. La voiture est un espace d’intimité très privilégié pour écouter de la musique car on peut s’y mettre hors du temps”. La voiture comme lieu à part, lieu de souvenirs, espace privilégié pour certaines expériences mentales, de divertissement et/ou d’abstraction, dernier point non négligeable.
En attendant un remplaçant crédible à la mobilité individuelle, nous sommes là en présence d’une constante de l’objet automobile, les nombreux jeux de perspectives actuellement échafaudés par les constructeurs et l’ensemble de filière confirmant encore cette assertion. La situation n’est pourtant pas aussi stable qu’il n’y paraît et se caractérise par des mouvements de bascule. Comme un trou de ver entre passé-présent et futur, entre deux catégories, ceux qui achètent les véhicules aujourd’hui et ceux qui les consommeront demain.
Cette situation est clairement illustrée ces derniers temps parce que constructeurs et équipementiers décident de mettre en avant sur les Salons professionnels. Ainsi, loin d’être ennuyeux, le Salon de Genève n’en fut pas moins très “old school”, tandis que le CES de Las Vegas ou le MWC de Barcelone revendiquaient une portée “next step”.
De notre côté, fabriquons-nous un souvenir en rêvant que nous écoutons la belle Claire-Marie Le Guay jouer la première partita de Bach, allongés sur nos sièges, les yeux rivés au ciel, dans nos voitures autonomes.
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