Edito : Tout ce qui est d’or ne brille pas

A force de scruter les initiatives de “premiumisation” des constructeurs généralistes, on en oublierait parfois presque de mesurer à leur juste valeur leurs efforts pour garder le contrôle des segments à fort volume, un territoire mainstream qui, sous l’effet gravitationnel de la mondialisation, penche vers l’Entry ou le low-cost, n’ayons pas peur du mot, surtout lorsqu’il est assumé. Dans des registres différents, deux lancements sont venus nous le rappeler, à savoir la Kwid de Renault et la berline Aegea de Fiat. Avec pour lieu de présentation respectif, Chennai et Istanbul, tout un symbole…

L’incursion de Renault dans l’ultra low-cost, la Kwid sera en effet proposée à partir de 4 200 euros sur le marché indien, était particulièrement attendue, surtout après les accrocs et l’échec final du projet mené avec Bajaj. Pour parvenir à ce prix tout en évitant l’écueil d’un malthusianisme déprimant, Renault a dû modifier ses méthodes en allant à la source du design to cost, la recette Dacia des synergies de l’Alliance n’étant, en l’espèce, pas suffisante. Et si Gérard Detourbet reconnaît qu’il a fallu capitaliser sur l’expérience Dacia, il a aussi fallu la réinventer. Et garder à l’esprit qu’un prix bas ne saurait garantir le succès, la Tata Nano faisant, à cet égard, figure de cas d’école. Le design et les équipements, comme l’option “navigation”, ont donc été soignés. S’il ne faut jurer de rien et si la concurrence de Maruti et Hyundai méritent le respect, toujours est-il que Renault s’ouvre ainsi 25 % du marché indien. En attendant de voir plus loin et pourquoi pas jusqu’en Europe, les homologations n’étant pas nécessairement insurmontables. En effet, n’en déplaise aux Cassandre qui se pincent le nez dès que la notion de low-cost est évoquée, c’est le consommateur qui décide. Or, les Européens, y compris les Français, n’ont pas vraiment congédié avec mépris des marques comme Dacia, Free, Ryanair ou Primark…