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Constructeurs

Edito : “Real Politik”

Publié le 22 juin 2011

Par Alexandre Guillet
2 min de lecture
La notion attribuée à Otto von Bismarck et ainsi définie par Henry Kissinger en 1996, “la politique étrangère fondée sur le calcul des forces et de l’intérêt national”, sourd de nouveau à nos oreilles sur un ton économique. Un bon sujet de Bac pour Carlos Ghosn et Philippe Varin…

En effet, après l’épisode turc de la Clio, les byzantinismes sur les volumes de production nationale, c’est au tour de PSA de défrayer la chronique, par le biais d’une note évoquant l’hypothèse de la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois, mais aussi de Sevelnord, voire de Madrid. Dans un contexte déjà électoral, ça tombe forcément mal ! Dès lors, on passe illico presto dans le registre de la “politique spectacle”, reportant sine die les réflexions pourtant nécessaires sur la nouvelle géométrie de la real politik économique. Un groupe industriel peut-il et doit-il prendre des engagements sociaux à moyen terme ? Jusqu’où l’Etat acteur et soutien doit-il être interventionniste ? Doit-on privilégier le compactage industriel, c’est-à-dire des méga-sites au détriment d’un maillage plus équilibré et desservant plusieurs bassins d’emplois ?

Toujours est-il que, acceptant d’être convoqué et gentiment rabroué, le patronat en profite pour mettre la pression sur le gouvernement, l’actuel comme le futur, sur les charges et le coût du travail, via l’argument-massue-sésame du comparatif entre la France et l’Allemagne. Mais nous avons appris à nous méfier des miracles, on nous vendait encore récemment le fameux “miracle espagnol”… Nous avons aussi appris à nous méfier des modèles, Angleterre, Suède… Et à faire attention aux comparaisons, surtout quand les chiffres ne sont pas sourcés, ceux du Medef ne collant ainsi pas vraiment en l’espèce avec ceux de la Commission des comptes de sécurité sociale…

L’Etat dans une posture, 2012 oblige, les grands dirigeants jouant leur carte personnelle… des îlotiers allument des contre-feux funestes, démondialisation, repli identitaire… Ce serait pourtant l’heure de repenser une Europe forte, armée pour répondre aux émergents. Jorge Semprun, dont la disparition laisse déjà un grand vide, expliquait dans son discours “L’arbre de Goethe” : “Il est plus difficile de construire pour que contre quelque chose. Sortir de cette crise par le haut, et non par le bas, ce serait trouver une âme à l’Europe”. Au travail !

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