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Constructeurs

Edito : Ratan Tata et la force des nouveaux mondes

Publié le 26 février 2013

Par Alexandre Guillet
2 min de lecture
Au premier chef, le fait que le jury de l’Homme de l’Année (jury que je remercie vivement au passage) ait élu Ratan Tata au titre de l’année 2012 résonne avec la force des symboles édifiants. Après des années à analyser, extrapoler, fantasmer parfois…, autour des BRIC, ce choix peut être interprété comme le symbole d’un nouvel ordre automobile mondial.

Dans grand nombre de civilisations, le mythe du passeur a alimenté une abondante bibliothèque de récits et de paraboles. Passage entre deux rives souvent inquiétant et obscur, toujours solennel et décisif. L’élection de Ratan Tata nous conduit sur la rive d’un nouveau territoire : la nouvelle mappemonde automobile et ses nouveaux rapports de force. Profitons-en pour glisser incidemment à certains managers et experts européens et français qu’après avoir été condescendants des années durant, il n’est guère plus fécond de se murer dans le fatalisme aujourd’hui.

Toujours est-il que Ratan Tata fait un merveilleux passeur ! Il s’agit d’un capitaine d’industrie avec un ‘c’ majuscule. Certes, il n’a pas construit le groupe ex nihilo, mais lorsqu’il en a pris la tête, la presse indienne l’affublait du surnom de “dinosaure endormi”. Il l’a réveillé, rajeunissant les cadres, et l’a modernisé, organisation et modus operandi. Il l’a développé au rythme d’une croissance galopante et l’a ciselé à l’échelle de la mondialisation. Tata Motors, son “fils préféré”, en est la parfaite illustration, surtout avec la reprise -ô combien symbolique- de Jaguar Land Rover à la veille de l’impensable chute de Lehman Brothers… Ratan Tata s’est affirmé comme un citoyen du monde, sans jamais renier son identité indienne. Quels qu’aient pu être les aléas du projet, Nano a démontré qu’il était au service d’autre chose que l’argent. Tous ceux qui le connaissent louent le bâtisseur, le visionnaire, surtout qu’il agit avec des convictions et une éthique.

Il nous renvoie à ce vers de Pindare dans le Deuxième Pythique : “Genoi autos essi mathôn”, soit “Deviens ce que tu es”.
 

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