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Constructeurs

Edito : Peut-on changer le cours de notre industrie automobile maintenant ?

Publié le 1 juin 2012

Par Alexandre Guillet
2 min de lecture
Les chiffres sont parfois abrupts et comme le rappelle Aurélien Duthoit, l’automobile en France sort bel et bien d’une “décennie tragique”. 4e producteur mondial en 2001, la France pointe aujourd’hui au 10e rang.

Durant cette période, l’excédent automobile de 5,5 milliards d’euros s’est aussi mué en déficit commercial de plus de 8,8 milliards d’euros. D’une manière générale, la part de l’industrie dans la richesse nationale a chuté, pour s’établir à 14 %.

Face à l’urgence de la situation, le changement, c’est maintenant, serions-nous tentés de dire. Les incertitudes qui pèsent du côté de Rennes, de Strasbourg ou plus symboliquement encore, d’Aulnay, sont là pour nous le rappeler. Le choix lexical d’un Ministère du redressement productif est d’ailleurs plus qu’évocateur si, comme écrivit Hubert Nyssen, “Renoncer à nommer, c’est consentir à se noyer”. Cependant, ça n’ira pas mieux qu’en le disant…

Pour relever ce défi d’envergure, deux écueils doivent être immédiatement évités. D’une part, il n’y a pas de modèle étranger stricto sensu duplicable, uniquement des sources d’inspiration à remodeler, une remarque valant aussi pour l’Allemagne. D’autre part, la réindustrialisation ne renvoie pas au passé et implique une réactualisation, presque une réinvention, de nos visions.

Toutes sensibilités politiques confondues, les travaux sur ce sujet sont légion et plusieurs choses ont été mises en œuvre depuis septembre 2008. Tout le monde s’accorde pour dire que les constructeurs doivent orchestrer une montée en gamme, sans singer le Premium allemand naturellement, et proposer une nouvelle valeur ajoutée sur les mobilités durables. On avance aussi le bien-fondé d’une stratégie nationale orientée vers une économie des effets utiles, où l’industrie se mue en sous-traitante des services, la dichotomie entre produit et service s’estompant pour un continuum qui rend obsolète la séparation entre secteur secondaire et tertiaire. Qui dit économie nationale ne dit pas repli sur soi, l’Europe au sens large étant au contraire une planche de salut indispensable.

Bien entendu, la réindustrialisation ne pourra pas compter sur un Etat providence, l’argent étant compté. Mais il ne faut pas oublier que nous avons des ressources, notamment nos capacités d’épargne.

Reste à fixer un cap concerté et à établir un capitaine. La Banque Publique d’Investissement, s’appuyant sur des outils de la précédente majorité, pourrait alors se révéler précieuse.

* Pour aller plus loin, “La France sans usines”, Patrick Artus et Marie-Paule Virard (Fayard, 2011), “Réindustrialisation, j’écris ton nom”, collectif sous la direction de Jean-Louis Levet, Rapport de Gérard Gaudron, député UMP de Seine-Saint-Denis.
 

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