Edito : Lobby soit qui mal y pense
Face au régulier durcissement des normes sur les émissions de CO2, anticipant aussi les résultats des premières réunions des autorités européennes sur la définition des standards post-2021, l’Association des constructeurs d’automobiles européens a décidé d’ouvrir le bal du lobbying. Surtout que le “Real Driving Emissions” et le nouveau cycle WLTP vont déjà faire bouger les lignes dans les mois à venir. Carlos Ghosn, président de l’ACEA, a ainsi affirmé : “Nous devons nous assurer que des politiques ambitieuses sur le changement climatique n’entrent pas en conflit avec la nécessaire protection de l’emploi et de la croissance en Europe”. Technique classique éprouvée, l’ACEA dégaine un rapport - très orienté - de l’indépendant et irréprochable FTI Consulting.
Dans une certaine mesure, les demandes de l’ACEA sont tout à fait recevables. En effet, les constructeurs ont déjà fait beaucoup d’efforts sur le front de la réduction des émissions polluantes, au prix de lourds investissements difficiles à répercuter sur le client, ce dernier étant certes sensible à l’environnement, mais pas forcément prêt à payer pour, surtout dans une période économique difficile. Par ailleurs, il est vrai que les constructeurs ne gagnent plus d’argent - ou si peu - en Europe. Dès lors, l’Europe ne doit pas mettre sa compétitivité en danger à l’heure où les arbitrages sont planétaires. En outre, l’anathème jeté sur le Diesel est inepte, la classe politique française ayant sans doute gagné le concours de pitch d’approximations dans ce domaine.
En revanche, l’ACEA dérange un brin quand elle se cache à peine d’un chantage à l’emploi. Surtout à l’aune des chiffres des dix dernières années dans ce domaine. Surtout quand on connaît les “enchères” pour les aides à la localisation de production. En outre, réclamer simultanément des aides pour développer les ventes de véhicules électriques et hybrides est déplacé. On ne peut pas vouloir un Etat entreprise d’un côté et un Etat providence de l’autre…
On a presque envie de convoquer Dennis Meadows et les mises en garde du Club de Rome dès 1972. Voire même André Gorz, si les choses tournaient mal…
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