Edito : Engagement
En anglais, un rendez-vous, ou des fiançailles. En français, un engagement. Voici un vaste spectre polysémique qui sied parfaitement à l’accord que viennent de conclure General Motors et PSA Peugeot Citroën.
Pour le groupe français, il s’agit d’ores et déjà d’une date à marquer d’une pierre blanche. D’une part, parce qu’elle marque une rupture après des années de ligne stratégique privilégiant les coopérations ponctuelles. Mais sous l’effet de la crise et de l’accélération du changement du panorama automobile mondial, cette ligne devenait malaisée à tenir, surtout que le groupe fait valoir une taille intermédiaire, écartelée entre petits spécialistes et gros faiseurs ayant vertu d’aimant. D’autre part, parce qu’après plusieurs échecs (Mitsubishi, Fiat…) et face au processus de concentration à l’œuvre dans le secteur, la porte devenait étroite. Un accord de cette ampleur ressemble à un ouf de soulagement. On pense au “Oh putain merci !” de Dujardin ! Dès lors, l’ouverture de son capital sans réciprocité apparaît comme un prix à payer acceptable pour PSA.
Pour le groupe américain, qui avait dans une autre vie fait volte-face au moment d’intégrer l’Alliance Renault-Nissan, les motivations de l’accord sont, de prime abord, plus délicates à cerner. Les analystes sont d’ailleurs assez circonspects quand les éditorialistes américains sont même virulents. On pense au tonitruant “You can’t be serious !” de McEnroe à Wimbledon ! Inspiré par le jeu des échecs, Michael Robinet, d’IHS Automotive, s’en remet à la figure de la prophylaxie : jouer un coup pour prévenir une éventuelle agression adverse. En l’occurrence, court-circuiter Fiat-Chrysler.
En revanche, cela ne règle pas le brûlant problème d’Opel. D’une manière générale, cela ne règle pas le problème de surcapacités des deux groupes en Europe. Il faudra bien payer la facture sociale. En échange d’une pérennité à long terme ? “Monnaie de singes”, diront les uns, “Nécessité fait loi”, répondront les autres.
Des pierres blanches, il en faudra aussi pour jalonner le chemin qui mène d’un accord à une véritable alliance. GM a déjà payé cher pour le savoir, avec la fameuse option du put, “ce pistolet sur la tempe” dixit Dan Akerson. On ne se risquera pas à juger aujourd’hui des chances de réussite. Tout simplement parce que cette dernière dépend beaucoup de la dimension humaine, loin des algorithmes et des monitorings. Dans ce domaine, échecs et succès sont aussi histoire d’hommes et de cultures.
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