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Constructeurs

Edito : Désenchanté Deutschlandlied

Publié le 19 octobre 2015

Par Alexandre Guillet
2 min de lecture
“Si vous détruisez les statues, préservez les socles, ils peuvent toujours servir” Stanilaw Jerzy Lec.

Martin Winterkorn avait été élu Homme de l’Année dès 2008 par le jury de confrères que nous rassemblons chaque année. Une consécration, mais aussi un pari sur les succès à venir du groupe.

Nous ne nous étions pas trompés tant Martin Winterkorn a orchestré avec brio la montée en puissance de Volkswagen. Le Plan 2018 du groupe reste d’ailleurs remarquable et jusqu’à présent, Volkswagen était même en avance sur ses temps de passage intermédiaires initialement fixés. Records de vente, résultats financiers d’excellente facture, intégration de Porsche, succès sportifs, féconde réorganisation du pôle PL, mise en place de giga plates-formes, etc. Martin Winterkorn réussissait à tous les niveaux, y compris sur les énergies alternatives, soit dit en passant, car il n’avait jamais mis les batteries avant les bœufs.

L’homme était affable, massif, mais enveloppant, volontiers souriant. Au-delà d’une détermination en béton armé, qui lui a d’ailleurs permis de survivre au feuilleton Porsche ou aux attaques de Ferdinand Piëch, le dirigeant savait se montrer nuancé et précis.

Puis, courant septembre, un scénario improbable s’est produit. Un petit logiciel de rien du tout, visant à frauder sur les normes de pollution, a fait tanguer le navire Volkswagen, poussant le capitaine Winterkorn à la démission. Un dénouement piteux au regard de son œuvre au sein du groupe… Nous avons repensé aux scènes de statues déboulonnées de notre épouvantable histoire contemporaine.

Mais comme le dit l’adage des grands de ce monde, peu importe de savoir qui savait, ou non, en haut lieu, de toutes les façons, ils auraient dû savoir. Peu importe aussi de reconnaître, ou non, que nos grilles de normes antipollution sont de fétides nids d’hypocrisie.

En imaginant Martin Winterkorn refermer une dernière fois la porte du conseil de surveillance, j’ai repensé à François Mauriac rendant visite à son ami Maurice Genevoix. Depuis le palais Mazarin, les deux hommes, au crépuscule de leur vie, regardent le magnifique couchant sur le somptueux cortège architectural de Paris quand Genevoix lâche : “Et dire qu’il faut laisser tout cela”…

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