Edito - Chasseurs de prime
Puis Carlos Ghosn a évoqué une aide plus massive pour le développement du marché du véhicule électrique, alors que le gouvernement français est déjà généreux dans ce domaine, avant d’ajouter, en mode jacobin, que certains hommes politiques n’envisagent pas l’austérité sans croissance. Et même “jamais deux sans trois”, si on garde à l’esprit que la direction de Renault milite, avec d’autres, pour que l’Union européenne intervienne sur le dossier des surcapacités des sites européens.
Sur le premier volet, Arnaud Montebourg a réagi étonnamment vite en indiquant que “le sujet faisait l’objet d’une instruction particulière au Ministère”.
Au-delà du fait que les demandes de Renault ont un caractère trop opportuniste, voire même indécent par rapport à la stratégie déployée par le groupe ces vingt dernières années, on peut s’interroger sur le bien-fondé du retour d’une prime à
la casse…
Pour plusieurs raisons, ce serait une fausse bonne idée.
Tout d’abord, cela fait seulement deux ans que les dispositifs d’aides ont été arrêtés. Or il ne faut pas institutionnaliser les primes en tout genre. Par ailleurs, alors que tous les économistes s’accordent pour mettre la priorité sur le contrôle des dettes, le moment est franchement mal choisi. En outre, il n’y a pas un effondrement du marché français ou européen et certains groupes s’en sortent d’ailleurs mieux que d’autres. De surcroît, cela ne ferait que reporter artificiellement une baisse réelle de la demande et cela renforcerait la mauvaise tendance des mix et des marges.
Il revient aux groupes de s’adapter à la conjoncture, certains y parviennent très bien. Il revient aussi aux grands libéraux de ne pas réhabiliter l’Etat Providence quand cela les arrange…
Un conseil de lecture estivale aux chasseurs de prime, avec Kenneth Galbraith, issu d’un article intitulé “Trop loin de Roosevelt” : “En matière financière, il faudrait réaffirmer le droit et la responsabilité du gouvernement à prendre le contrôle des établissements qui posent problèmes, établir un réel état des lieux de leurs difficultés, renvoyer les dirigeants fautifs, etc. Au lieu de cela, les grandes banques conservent leur influence sur l’Etat pour éviter de payer le prix de la crise, avec le résultat qu’elles survivent mais restent éminemment toxiques, préparant de nouvelles crises pour demain”.
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