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Constructeurs

Deux SUV aux ambitions bridées

Publié le 20 juillet 2007

Par Frédéric Richard
4 min de lecture
Attendus depuis deux ans comme de vraies nouveautés dans les gammes de Peugeot et Citroën, les 4007 et C-Crosser ont débarqué le 12 juillet en concession. Locomotives commerciales ou simples curiosités de showroom, les deux véhicules arrivent tardivement, sur un marché en croissance, conditionnés,...

...de surcroît, par des accords restrictifs avec Mitsubishi.

Prescripteurs de tendances ou suiveurs ? La réponse à cette question paraît on ne peut plus claire au sujet de PSA et Renault, actuellement. Derrière les japonais, les coréens, les allemands et même les italiens, les constructeurs français débarquent aujourd'hui sur le marché des SUV compacts.
En attendant le Koleos de Renault, sur base Nissan, début 2008, les deux faux 4x4 du groupe PSA, marqués du sceau nippon de Mitsubishi, arrivent en concession, deux ans après la signature de l'accord avec le japonais. Il est vrai qu'à observer les chiffres du marché, on comprenait mal la passivité de nos constructeurs nationaux. Il y a 10 ans, en Europe de l'Ouest, ce segment représentait 2,4 % du marché total soit 319 300 véhicules. En 2006, les ventes de SUV ont dépassé le million d'unités, soit 7,2 % des immatriculations. 4007 et C-Crosser se positionnent dans une sous-catégorie (TT2), qui représente 44 % du marché et affiche une croissance de 11,3 % en 2006. Sur le premier trimestre 2007, cette progression atteint 21 %.
Développement trop coûteux, délais trop court, volumes limités, absence de véritable expérience dans le domaine… PSA avance bon nombre de raisons pour justifier son partenariat avec Mitsubishi Motors Corporation, en l'occurrence réputé pour ses transmissions intégrales. Ainsi, les 4x4 français affichent bien plus que des dessous nippons (voir essais page 13). La destinée industrielle et commerciale de 4007 et C-Crosser est, elle aussi, fortement conditionnée par le bon vouloir du constructeur japonais.

Peur de l'échec ou du succès ?

"Mitsubishi ne nous laisse pas vendre partout. Nous devons nous cantonner aux marchés européens", explique par exemple Laurent Debure, chez Peugeot. Alors que le constructeur nippon peut légitimement écouler ses modèles sur le Vieux Continent, Peugeot et Citroën ont interdiction contractuelle de conquérir l'Asie ou l'Afrique.
Construits dans l'usine Mitsubishi de Mizushima, au Japon, les deux modèles Français sont acheminés vers l'Europe par bateau. Une logistique qui contraint les réseaux à des exercices de ventes pour le moins délicats. "Nous allons forcément vendre sur stock", explique Laurent Debure. Ce qui laisse peu de place aux envies de personnalisation de la clientèle… Pour des véhicules que le réseau ne possède pas en stock, six mois d'attente seront alors nécessaires. "Aujourd'hui, nous avons l'habitude de vendre du délai. Et le client, lui, est habitué à patienter", reconnaît Bruno Courtois, président du groupement des concessionnaires Peugeot. Pourtant, certains s'inquiètent déjà des problèmes que pourrait entraîner ce schéma d'approvisionnement. Dans le réseau Citroën notamment, les concessionnaires ne cachent par leur inquiétude quant à la capacité des marques à fournir, si la demande se faisait pressante. Peugeot et Citroën achètent en effet un volume de production à Mitsubishi de 20 000 unités par marque et par an. Pas un de plus, pas un de moins, même si Mitsubishi France parle plutôt de 15 000 véhicules par marque.
En France, le groupe PSA prévoit de vendre 4 500 véhicules pour chaque marque en 2008. Rappelons que Toyota entend écouler 16 000 Rav-4 en 2007, que Hyundai annonce 7 200 Santa Fe, Opel, 5 000 Antara, Honda, 5 000 C-RV et Nissan, 4 700 X-Trail. Ce qui place donc 4007 et C-Crosser en deçà des acteurs majeurs du marché français. Prudent pour une marque domestique, diront certains. Raisonnable, au regard de la logistique et du savoir-faire des réseaux, penseront les autres. En réalité, PSA doit faire avec les volumes qui lui sont accordés. Un rationnement qui contraint le groupe à gérer précisément la répartition européenne de ses modèles. Et qui satisfait pleinement le réseau Mitsubishi : "L'Outlander bénéficie de la publicité faite autour du lancement des modèles français, constate la direction de Mitsubishi France. Et comme nous sommes moins chers, nos concessionnaires enregistrent des commandes supplémentaires". Ces spécialistes du 4x4 espèrent même récupérer une partie de l'après-vente…

"Des têtes de gondole"

Bruno Courtois n'entre pas dans ce débat. Pour lui, "se positionner sur ce marché crée du trafic en concession, ce qui nous permet de présenter d'autres modèles de notre offre. Ce véhicule est donc une véritable tête de gondole pour l'ensemble de nos gammes", se réjouit-il. Un seul regret : "Je crois que nous allons manquer de véhicules sur 2007, c'est sûr. Mais je fais confiance au constructeur pour augmenter les volumes en 2008", achève ainsi Bruno Courtois. Pas certain que Mitsubishi ne l'entende de cette oreille…

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