Delphi, chronique d’une chute annoncée
...depuis début septembre, dans la catégorie "junk bonds", l'action Delphi était déjà au plus mal. Le fabricant américain de pièces automobiles avait pourtant essayé de rassurer le marché sur sa situation financière en annonçant un solde de trésorerie positif. Mais ces affirmations n'ont pas rassuré les analystes. D'autant que Delphi est aussi confronté à des problèmes judiciaires. La compagnie est accusée d'avoir gonflé ses revenus avec de ventes fictives afin d'améliorer son bilan financier. Les analystes ne voient donc pas d'issues positives possibles dans les négociations du groupe avec General Motors. Citigroup Smith, notamment, a confirmé sa recommandation "vendre" sur l'action estimant à 60 % la probabilité d'une faillite de la compagnie. L'action résiste cependant en début de semaine (J-4). Puis, à J-2, la situation s'aggrave lorsque le New York Times révèle que la mise en faillite serait imminente. L'action chute de plus de 20 % en deux jours, les investisseurs comprenant la gravité de la situation. L'agence Standard & Poors abaisse sa note assignée à la dette à long terme de Delphi de CCC+ à CCC-.
Et c'est l'annonce en fin de semaine : Delphi, l'un des plus grands équipementiers au monde avec plus de 27 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuel se place sous la protection juridique du chapitre 11. L'action Delphi, qui chutait déjà de 10 % par semaine depuis les rumeurs de faillite, a perdu plus de 90 % en 6 jours. La compagnie ayant des milliers de fournisseurs et des clients dans les différents secteurs de l'industrie, l'impact sur l'ensemble du marché a été fort.
Bien entendu, la première compagnie à ressentir les conséquences de cette annonce est General Motors. GM est en effet son plus gros client et lui achète près de la moitié de ses équipements automobiles. Conjuguée à la baisse des ventes de GM en septembre, l'annonce a fait chuter l'action du constructeur américain de 10 % et de nombreux analystes ont abaissé leurs recommandations. Le titre a quand même rebondi sur la semaine mais reste en baisse.
Lundi, décidément noir pour les équipementiers du secteur, Dana Corporation a annoncé qu'il allait republier ses résultats de 2004 et du premier semestre de 2005, et qu'il retardait la publication de ceux du troisième trimestre de l'exercice en cours en raison de problèmes comptables. Après une chute de 35 % dans la semaine du 12 septembre pour cause de profit warning, l'action perd une nouvelle fois 35 % mais en une seule journée, qui dit mieux ?
Du côté des français
Les équipementiers français ont eux aussi subi l'onde de choc Delphi. Valeo a enregistré une baisse de 2 % dans la journée. La semaine s'est empirée lorsque UBS a décidé de réduire ses positions sur la compagnie. Pas mieux pour Faurecia qui a annoncé cette semaine ses résultats trimestriels. Malgré une légère hausse de son chiffre d'affaires, les investisseurs n'ont pas été satisfaits et craignent notamment que la hausse des coûts de matières premières ait des conséquences néfastes sur le groupe. Le cabinet d'études Merryl Lynch, lui aussi déçu, a baissé sa recommandation de "achat" à "neutre".
Côté constructeurs, Peugeot a été touché par l'amende de 49, millions d'euros que lui a infligé Bruxelles pour pratiques anticoncurrentielles (JA n°933). Le cours a chuté lors du verdict alors même que la compagnie a déclaré qu'elle allait faire appel. La semaine avait pourtant bien commencé pour Peugeot et l'industrie française automobile en général avec l'annonce des immatriculations de septembre par le CCFA. Les ventes de voitures neuves en France ont ainsi augmenté de 7,5 % et PSA Peugeot-Citroën enregistre de son côté une hausse de 11,3 % grâce notamment à Citroën (à plus de 20 %).
Renault subit une baisse de ses ventes de 2,9 % mais cela n'a pas inquiété le marché qui fait grimper son cours le jour de l'annonce. Mais dès le milieu de semaine une prise massive de participation conjuguée à une rumeur de partenariat avec General Motors et Ford a fait chuter l'action. Les dirigeants de Renault démentent mais l'action dégringole violemment durant trois jours.
Clem Chambers,
directeur général d'ADVFN
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