De Charybde en Scylla
"Notre firme d'auditeurs indépendants a affirmé que la récurrence de nos pertes opérationnelles (…) et notre incapacité à générer des liquidités suffisantes pour faire face à nos obligations et soutenir nos activités soulève un doute substantiel sur notre capacité à survivre." Faut-il voir dans cette phrase issue d'un rapport que GM vient de remettre aux autorités boursières américaines un véritable risque de faillite où un moyen mettre la pression sur l'administration Obama ? Sûrement un peu des deux ! Le placement sous Chapitre 11 est donc envisagé : "Si nous ne parvenons pas à obtenir un financement approprié par le gouvernement américain ou par d'autres sources, ou si notre plan de viabilité ne débouche pas sur une entreprise capable d'assurer par elle-même sa pérennité sur le long terme", GM pourrait, "potentiellement être contraint de demander la protection de la loi américaine des faillites." Dans un scénario catastrophe, le recours au Chapitre 7, c'est-à-dire la liquidation pure et simple, n'est pas exclu. Cependant, GM a rappelé que "restructurer nos activités sans procédure judiciaire reste la meilleure solution pour nous et nos partenaires." Le constructeur a également expliqué que ce n'est que par "prudence" que "la société a analysé divers scénarii de faillite". GM a également fait savoir qu'une restructuration sous le Chapitre 11 "aurait un coût et représenterait un risque qui seraient énormes, à commencer par une détérioration dramatique du chiffre d'affaires due à un fort recul des ventes". Recul qui pourrait représenter un effondrement supplémentaire de 50 à 80 % des ventes selon une estimation réalisée par GM lui-même.
Rappelons que le constructeur a déjà reçu 13,4 milliards de l'Etat américain et que d'ici la fin du mois de mars ce dernier doit se prononcer sur une nouvelle rallonge qui pourrait atteindre un montant de plus de 16 milliards selon les souhaits de GM. La situation du marché américain, et même du marché mondial, fait planer de nombreux doutes sur le plan de viabilité de GM et selon la presse américaine, ce contexte pousserait l'administration Obama à étudier sérieusement l'option Chapitre 11. De plus, GM vient d'annoncer une perte nette de proche de 31 milliards pour l'exercice 2008. Depuis 2005, le groupe a ainsi cumulé 86 milliards de dollars de perte.
Quant à Chrysler, Jim Press, le vice-president du groupe Chrysler, n'exclut pas non plus une faillite. Cependant, il a immédiatement précisé que "si nous parvenons à recevoir le prêt de soutien, nous serons en mesure de continuer à fonctionner."
De ce côté-ci de l'Atlantique, la situation n'est guère meilleure pour Opel. La filiale européenne de GM est en train de négocier avec le gouvernement allemand, mais aussi ceux des pays où il est présent comme l'Espagne, la Pologne, la Belgique ou encore l'Angleterre, afin d'obtenir des aides de plusieurs milliards d'euros. Opel aurait demandé 3,3 milliards, mais certaines sources affirment que ce chiffre pourrait être doublé. Et comme une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule, selon le journal allemand Bild Zeitung, GM aurait cédé, en garantie, au Trésor Américain les brevets et les usines d'Opel. C'est en effet, ce qu'aurait déclaré un responsable du gouvernement allemand à l'agence Dow Jones Newswires.
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