Dacia Hipster : le concept-car qui veut devenir la voiture électrique la plus abordable d’Europe
Il y a plus d’un an, sous la houlette de Patrice Levy-Bencheton, directeur de la performance produit, les équipes Dacia se sont lancées un pari audacieux : concevoir une petite voiture urbaine radicalement différente.
Résultat : un cube de 3 mètres de long pour 1,55 mètre de large et de haut, 20 % plus léger que la Dacia Spring et limité à 800 kg.
La démarche s’inscrit dans la continuité du credo de la marque : offrir une mobilité essentielle et accessible. C’était déjà le cas en 2005 avec la Logan lancée sous la direction de Louis Schweitzer. Puis avec la Spring en 2021, la première voiture électrique pas chère, qui s'est déjà écoulée à près de 180 000 exemplaires.
Denis Le Vot, ex-directeur général de Dacia, rappelait en 2024 dans nos colonnes : " Si on bloque le contenu d’une voiture, on bloque aussi la course à l’armement des prix et on obtient quelque chose de redoutablement compétitif sur le marché".
Une philosophie que sa successeure, Katrin Adt, promet de poursuivre : "Dacia a connu une transformation remarquable et nous allons continuer à répondre aux enjeux d’une mobilité en pleine mutation."
Le minimalisme comme ligne de conduite
Ce concept Hipster pousse cette logique jusqu’à l’épure. Ici, pas d’électronique superflue, ni une armée d'Adas. Les vitres latérales sont coulissantes. Les sièges en maille technique reposent sur une armature visible. Et le smartphone devient tour à tour système audio, GPS et clé digitale.
Patrice Levy-Bencheton, résume assez bien le concept : "Être essentiel, c’est enlever tout ce qui peut l’être. Pour rendre une petite électrique abordable, il faut savoir renoncer". Résultat : un véhicule allégé, moins gourmand en matières premières et deux fois moins carboné qu'une Spring sur son cycle de vie.
Le pari intervient dans un contexte délicat : depuis le Covid, le marché européen a perdu près de 500 000 immatriculations annuelles, tombant à 10,6 millions en 2024 contre 15,3 millions en 2019.
Un acteur clé de la décarbonation
Dacia, qui a étoffé son offre avec un Duster plus moderne et le Bigster (50 000 commandes en six mois) sur le segment C-SUV, n’a pas échappé à la tendance au "gonflement" des modèles. Or, en vingt ans, les voitures vendues en Europe ont grossi de 15 % et leurs moteurs ont gagné plus de 40 % de puissance. Des évolutions en contradiction avec la lutte contre le CO₂.
Pour autant, Dacia entend rester un acteur clé de la décarbonation. Outre l’hybridation généralisée et le GPL dans la gamme, à commencer par le Duster, le concept Hipster doit participer à cette mission.
Pensé pour une famille de quatre personnes, il peut accueillir deux sièges auto à l’arrière et offrir jusqu’à 500 litres de coffre une fois la banquette rabattue. Comme le souligne Frank Marotte, patron des ventes et du marketing de Dacia : "En Europe, un véhicule transporte en moyenne 1,6 personne pour moins de 40 km par jour. Nous devons répondre à cette réalité et rassurer ceux qui redoutent une bascule forcée vers l’électrique."
L’enjeu de l’homologation
Reste la question cruciale : dans quelle catégorie homologuer le Hipster ? Dacia explore deux voies. Une homologation en L7e limiterait drastiquement le poids (450 kg hors batteries), rendant les débouchés commerciaux plus restreints et la production assez difficile.
Une homologation dérivée de la catégorie M1, mais allégée en équipements électroniques et sécuritaires, lui ouvrirait en revanche une carrière quasi identique à celle d’une voiture traditionnelle.
La balle est désormais dans le camp de Bruxelles. Le 10 septembre 2025, Ursula von der Leyen promettait "d’engager une initiative sur les petites voitures abordables" : une voiture écologique, économique et européenne. La décision finale est attendue en décembre, un délai qui laisse à Dacia – et à ses concurrents – le temps d’affiner leurs projets.
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