S'abonner
Constructeurs

Carlos Tavares au chevet de PSA

Publié le 26 novembre 2013

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Le conseil de surveillance de PSA a officiellement choisi Carlos Tavares pour succéder à Philippe Varin à la tête du groupe. Carlos Tavares siégera au directoire à partir du 1er janvier 2014 et en prendra la présidence effective quelques mois plus tard. Explications.
Carlos Tavares

Arrivé à la tête de PSA en juin 2009, juste après la parenthèse mouvementée que fut la période Christian Streiff, Philippe Varin aura donc toujours dû composer avec la crise. Une crise économique mondiale, doublée d'une crise automobile sur les marchés matures, qui aura finalement arraisonné "son" groupe. Un groupe aujourd'hui exsangue qui doit trouver une alliance industrielle d'envergure et qui devra vraisemblablement accepter d'être soutenu par l'Etat français, même si c'est loin d'être dans la culture de la famille Peugeot, toujours actionnaire de référence.

Philipe Varin et "le sale boulot"

Depuis plus de deux ans désormais, le groupe PSA est entré dans la zone rouge avec cession d'actifs, piètres résultats commerciaux et financiers pour la branche automobile, prêt de l'Etat pour la Banque PSA Finance, annonce d'un plan social de grande ampleur symbolisé par la fermeture du site d'Aulnay… Si Philippe Varin n'a pas fait de miracle (sans doute était-il déjà trop tard de toute façon), il a méthodiquement colmaté les brèches en s'efforçant d'ouvrir des perspectives, comme en atteste l'accord avec GM, porteur d'espoir dans un premier temps, mais rapidement torpillé par la suite. Un des cadres de PSA reconnaît d'ailleurs volontiers que Philippe Varin a accepté de "faire le sale boulot".

La fin d'une époque

Philippe Varin restera encore quelques mois à la tête du groupe afin de finaliser le partenariat avec le groupe chinois Dongfeng, partenariat qui devrait s'accompagner d'une augmentation de capital significative à laquelle souscrira, selon toute vraisemblance, l'Etat français. Il scellera ainsi la fin d'une époque, mais aussi l'ouverture d'une nouvelle ère, d'où l'organisation d'une période de passage de témoin avec Carlos Tavares.

Carlos Tavares : bien plus qu'un "car guy"

Carlos Tavares va donc prendre les rênes d'un groupe claudiquant. Inutile de revenir sur son interview accordée à Bloomberg et sur son départ de Renault (la prise de risque était savamment calculée). Cependant, son parcours 100% automobile et profondément ancré dans l'Alliance Renault-Nissan mérite quelques commentaires. Même si c'est devenu un poncif, on peut rappeler que l'homme est effectivement très intéressé par le produit automobile en tant que tel. Son enthousiasme pour le projet de renaissance d'Alpine ou son goût pour la compétition automobile (Le Mans Classic, Free Racing, etc.) en sont de parfaites illustrations. Toutefois, limiter le personnage à un "car guy" dans l'ancienne veine américaine serait une erreur. En effet, il est entré chez Renault en 1981 et a occupé différents postes dans des secteurs variés, puis il a réellement pris une nouvelle dimension entre 2004 et 2011, quand Carlos Ghosn l'a placé dans le top management de Nissan. Il a aussi supervisé les activités de Nissan Amériques, un marché névralgique pour la marque. Ce qui l'a conduit au poste de numéro deux chez Renault, après le sombre épisode d'espionnage qui a entraîné le sacrifice de Patrick Pélata.

Les travaux d'Hercule

Carlos Tavares a donc l'étoffe d'un numéro un et ses qualités de dynamisme et d'exigence sont largement reconnues. En revanche, ses méthodes de management font moins l'unanimité, parfois jugées trop abruptes. Par ailleurs, il devra prendre la mesure de relations sociales forcément crispées (quel avenir pour Mulhouse, Poissy ou Rennes, au-delà du plan de restructuration d'ores et déjà engagé ?), alors que sa cote n'est pas au pinacle chez les principaux syndicats, les premières réactions de la CGT en attestent. En outre, il devra s'accommoder d'une alliance d'un nouveau genre si le montage PSA/Etat/Dongfeng aboutit. Son expérience au sein de l'Alliance Renault-Nissan sera alors précieuse sous l'angle de l'appréhension du cosmopolitisme et de la maîtrise de la chaîne décisionnelle. Enfin, il devra piloter le plan de redressement du groupe au niveau des marques (Peugeot, Citroën gamme C et DS), des produits et des marchés. Dans un mélange de travaux d'Hercule, de mythe de Sisyphe et de chute d'Icare, long is the road…

Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

Pour vous tenir informés de toute l'actualité automobile, abonnez-vous à nos newsletters.
Inscription aux Newsletters
cross-circle