Nouveaux marchés ou nouveaux concurrents ? les 10 nouveaux membres de l'Union vont-ils devenir la source d'approvisionnement privilégiée des importateurs parallèles ? Les concessionnaires locaux vont-ils profiter de la suppression de la clause de localisation pour s'implanter en France ? L'analyse...
...des dirigeants de Peugeot.
Le 1er mai, l'Union européenne a accueilli 10 nouveaux membres. L'Europe des Vingt-cinq comptes désormais 450 millions d'habitants, soit 20 % de plus que l'Europe des Quinze. En revanche, la progression du PNB n'est que de 4,6 %. Le revenu moyen par habitant dans les pays d'Europe centrale et orientale (Peco) est en effet inférieur de 40 % à la moyenne des Quinze. Quant aux coûts salariaux horaires, de 22 euros à 15 pays, ils passent à 19 euros à 25 pays. La faiblesse des pouvoirs d'achat dans ces pays implique des constructeurs automobiles une politique tarifaire adaptée.
Chiffres clés
745 557 : le total du marché VP des nouveaux pays* 75 millions : c'est le nombre d'habitants des nouveaux entrants * hors Chypre et Malte
La suppression des barrières douanières doit-elle faire craindre une arrivée massive de véhicules importés par les réseaux parallèles en provenance des nouveaux pays de l'Union ? Interrogé sur le sujet, Paul Sevin, directeur commercial France de Peugeot, reconnaît que "les écarts de prix sont importants et que l'arrivée de véhicules pourrait gêner momentanément l'activité de quelques concessionnaires en concurrence directe avec ces revendeurs indépendants. Toutefois, les volumes commercialisés dans ces pays sont insuffisants pour créer un véritable problème". De son côté, Frédéric Saint-Geours, le patron de la marque Peugeot, interrogé dans le cadre du "Face à la presse" de notre confrère Auto K7, rassure le réseau quant à la concurrence intramarque que pourraient représenter les distributeurs Peugeot de ces pays : "La Commission pourrait revenir en arrière sur la suppression de la clause de localisation et, si ce n'est pas le cas, nous avions prévu que ces pays rentreraient dans l'Union européenne et nous les avons inclus dans notre démarche d'harmonisation de nos prix HT et des marges que nous accordons aux concessionnaires. Reste que les Etats membres doivent faire de leur côté un effort pour harmoniser leur fiscalité et éviter d'importantes distorsions que nous ne maîtrisons pas."
Xavier Champagne
2 questions à
Alain de Wagter : dirigeant d'Interlease, importateur et grossiste en VN
"Il n'y aura pas de ruée vers l'Est"
Le Journal de l'Automobile L'entrée dans l'Union de ces dix nouveaux pays constitue-t-elle une opportunité pour importer des véhicules neufs à bas prix ? Alain de Wagter Nous nous intéressons déjà depuis un moment à certains de ces pays pour acheter, mais aussi pour vendre des véhicules. Leur entrée dans l'Union signifie que nous n'aurons plus à payer la TVA à la frontière, TVA qui se situe dans une fourchette de 15 à 20 %, donc proche de ce qui se fait dans les autres pays de l'Union. Par ailleurs, nous n'avons plus à payer les 10 % de droit de douane sur les véhicules assemblés hors d'Europe. Ce sont les importateurs dans ces pays qui vont s'en charger, mais le surcoût sera répercuté sur le prix de vente. Donc, fiscalement, il n'y aura pas vraiment de changement.
JA La faiblesse du pouvoir d'achat dans ces pays implique néanmoins un effort tarifaire de la part des constructeurs ? AdW Oui, et pour y parvenir les constructeurs français recevaient une aide à l'exportation. Celle-ci ne sera sans doute pas maintenue maintenant que ces pays sont dans l'Union, mais les tarifs devraient rester intéressants, en moyenne 20 % inférieurs aux prix français. Le passage aux frontières va également être énormément facilité pour nos camions qui vont ainsi gagner beaucoup de temps. En revanche, je ne crois pas à une ruée vers l'Est. Il reste le problème de la distance, de la langue, de la monnaie. Surtout, ce sont de petits pays où les volumes sont très faibles et la concurrence entre importateurs risque de faire monter les prix. La République tchèque et la Hongrie sont déjà sollicitées par les importateurs allemands. Il ne reste que la Pologne, mais, plus que jamais, les constructeurs vont surveiller les flux et les limiter pour ne pas voir arriver en France des véhicules à - 30 %.
Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.