2007, un très grand cru !
...80, c'était l'euphorie. Les marques et concessionnaires poussaient comme les proverbiaux champignons, quitte à mettre la clé sous le paillasson six mois plus tard. Et les ventes ? Aucune statistique rigoureuse n'est là pour le prouver, les minivoitures de l'époque n'étant pas encore soumises à immatriculation, mais chacun s'accorde à dire que l'on a frisé les 20 000 pièces, l'espace de deux à trois ans.
Depuis 1992 et l'entrée en vigueur de l'immatriculation obligatoire, le refrain n'est plus le même. Pendant de longues années, les ventes hexagonales de minis se sont stabilisées autour de 9 000 pièces. Quand le volume descendait à 8 000 véhicules, cela avait des airs de fin du monde. Et puis, soudain, sans crier gare, le cap des 9 500 immatriculations fut atteint en 2003, marquant la première année de croissance, qui ne s'est pas depuis démentie.
Etrange coïncidence, les premiers radars automatiques furent implantés en octobre 2003. Hasard ? Pas si sûr : depuis, la courbe de croissance du marché de la minivoiture suit celle des retraits de permis, sans avoir toutefois une pente aussi vertigineuse ! En 2006, on aurait pu croire un instant les ventes de quadricycles stabilisées : avec 11 667 unités, l'année se clôturait sur une modeste hausse de 3,75 %. Pourtant, 2007 fut un incroyable millésime, avec pas moins de 13,1 % de croissance. Soit un total de 13 193 voitures sans permis vendues. Equivalent aux immatriculations d'un Volvo ou d'un Alfa Romeo, le chiffre global reste bien modeste par rapport à un marché auto à 2 millions de véhicules. En revanche, une telle embellie a de quoi faire rêver les professionnels de l'automobile, qui subissent la déprime générale et atteignent leurs objectifs au forceps et à coups de promos incessantes…
Dans l'air du temps…
L'industrie du sans permis peut, de son côté, relever la tête fièrement. Car, méprisée et raillée depuis ses débuts titubants, la minivoiture est à présent une authentique alternative. Dans un climat autophobe ou presque 90 000 conducteurs se sont vus privés de leur précieux sésame l'an passé (70 000 en 2006 !), celle que l'on appelait avec condescendance voiturette est désormais un fameux pied de nez à notre époque liberticide. L'agrément de ces petits autos n'est certes pas celui d'une Ferrari, mais quelle autre catégorie de véhicules peut prétendre rouler pied au plancher sans se soucier le moins du monde des embuscades tendues par la maréchaussée ?
La voiture sans permis est petite, facile à garer, peu gourmande (3 à 4 litres aux 100 km), donc peu émettrice de dioxyde de carbone. Les "trois grands" (Aixam, Ligier, Microcar) n'ont d'ailleurs pas manqué de communiquer sur le sujet : tous leurs modèles se tiennent entre 78 et 101 g/km, même si les minis ne sont pas concernées par la bien mal nommée "Ecotaxe". Si l'on veut réellement parler écologie, les relevés de monoxyde de carbone ou de particules de suie sont également très modiques. Bref, sur ce plan aussi, nos constructeurs font des "pots de yaourts" très bios !
En tout cas, le détail des immatriculations 2007 n'a pas amené de grandes révélations. Sans grande surprise, les trois leaders continuent de porter largement la croissance du marché, tandis que les petites marques sont un peu en retrait…
Au sommet, Aixam reste intouchable. Le constructeur savoyard affiche toujours une santé de fer, entretenue l'an passé par le lancement de la Crossline, la déclinaison "aventurier" façon 4x4 de loisirs de l'A741 longue. En outre, la marque d'Aix-les-Bains peut à présent compter sur une deuxième marque : Mega ! Spécialisée dans les micro-utilitaires, elle a atteint son rythme de croisière. Cela représente tout de même 250 immatriculations, soit 20 % de mieux qu'en 2006 et davantage qu'une marque aussi ancienne que Bellier. Bien que ce dernier connaisse toujours bien des soucis avec la comptabilisation en préfecture de ses Opale, qui de fait n'apparaissent guère dans nos statistiques. Quoi qu'il en soit, le groupe Aixam-Mega atteint ainsi 5 367 immatriculations, soit tout de même 40,7 %, une part de marché stable (40,6 en 2006). Des chiffres qui suscitent toujours envie et convoitise !
Cela dit, le grand vainqueur de 2007 reste sans hésitation Ligier. Les efforts déployés depuis 2004 et le lancement de la gamme actuelle auront été largement rétribués. Avec 25,5 % de croissance, les ventes de la marque se sont hissées l'an passé à presque 3 300 véhicules. A cela, rien de très surprenant, simplement la rançon d'une gamme élargie et remise à niveau avec la régularité d'une montre suisse ! Et, par-dessus tout, l'auvergnat a mis un point d'honneur à proposer une auto rassurante. Cette fois, c'en est fini des formes par trop audacieuses - la clientèle des sans permis souhaite avant tout se fondre dans la masse - et la fiabilité globale du produit a progressé énormément. En un mot, une auto conforme aux standards requis, une gamme vaste, une vraie fiabilité, et des évolutions constantes (évoquées le mois dernier dans ces colonnes !) : l'embellie connue par Ligier est tout simplement dans la logique des choses. Que cela plaise à la concurrence ou non !
2007, l'année Ligier
En troisième place, on retrouve enfin sur le podium Microcar. L'ex-numéro 2 du sans permis aura vécu 2007 comme une année de stabilisation (+ 13,5 % pour 13,1 % de hausse pour l'ensemble du marché), en dépit des nombreux efforts déployés. Multiples séries spéciales, gamme redéfinie en septembre dernier (City-Campus-Cargo-Family), intégration de l'activité de thermoformage sur le site de production, les équipes de Microcar n'ont pas chômé. Mais, pour voir la marque gagner à nouveau du terrain sur Ligier, il faudra probablement attendre la remplaçante des MC1-2. Ce modèle continue en effet de diviser la clientèle du fait d'un style trop marqué, tandis que les maladies de jeunesse pourtant vite résolues restent dans les esprits de certains. Nul doute que le deuxième semestre 2008 verra la marque vendéenne revenir en force avec un modèle inédit, et évidemment de facture plus classique. Sans doute la marque à suivre de près cette année !
Branle-bas de combat aussi pour les petits constructeurs, qui fourbissent tous leurs armes pour repartir à la conquête. En 2007, JDM a vu ses ventes se tasser après quelques belles années de croissance, malgré le lancement d'une Abaca (le modèle long) Mountain, à son tour grimée en mini-4x4. Le volume total s'est replié de 5,6 %, soit une part de marché de 8,6 %, contre 10,3 un an plus tôt. Chez Chatenet, on s'active également autour du remplacement de la Barooder, dont les ventes se sont contractées de 13,3 %, soit 500 véhicules. Une auto attendue avec impatience, après la présentation de la maquette grandeur nature au précédent Mondial. Si Chatenet parvient à industrialiser son look ravageur de Mini (la "vraie" cette fois !) sans compromettre les lignes, nul doute que le limousin fera parler de lui en 2008. De même, l'heure est également à la relève pour l'Opale de Bellier, même si pour le moment aucune information n'a filtré à ce sujet de Talmont-Saint-Hilaire…
Enfin, notre tour d'horizon ne saurait être complet sans évoquer les marques italiennes, à la présence toujours bien symbolique dans notre pays. Sur le plus gros mais aussi plus difficile marché d'Europe, les défections se suivent. Après une tentative sans conviction (la M500), Piaggio a jeté l'éponge en 2006, suivi par la fermeture de Grecav France cette année. Apparemment, l'usine de Gonzaga étudie un retour en importation directe, pour une date indéterminée… Reste Italcar, dont les volumes sont pour l'instant bien modestes, puisqu'elle n'apparaît pas dans les statistiques fournies. Se faire un nom dans l'Hexagone est toujours aussi difficile !
Photo : Le numéro un du marché Aixam reste solide comme un roc. Et peut compter sur le renfort de Méga et ses utilitaires.
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