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L’année des “maxi-minis”

Publié le 26 mars 2004

Par Alexandre Guillet
7 min de lecture
L'année 2003 est pour l'instant le meilleur millésime de l'histoire de la minivoiture. Une saison mouvementée, avec des à-coups saisonniers, les spectaculaires progressions de JDM et Chatenet, l'arrivée de nouveaux modèles et l'avènement des "maxi-minis". VN, 9 510 immatriculations,...
L'année 2003 est pour l'instant le meilleur millésime de l'histoire de la minivoiture. Une saison mouvementée, avec des à-coups saisonniers, les spectaculaires progressions de JDM et Chatenet, l'arrivée de nouveaux modèles et l'avènement des "maxi-minis". VN, 9 510 immatriculations,...

...et VO, 19 439 : ce sont, à ce jour, les deux records historiques de ventes de minivoitures en France, réalisés en 2003 (les 9 889 immatriculations de 1992 ne sont pas suffisamment fiables pour être intégrées à ce classement). L'année 2003 a donc été une bonne année pour la VSP, avec + 4 % en VN et + 3 % en VO. Pourtant, ces résultats ont été longs à se dessiner, avec une grosse faiblesse du marché durant l'été. En effet, la saison 2003 se découpe en trois temps : un premier quadrimestre en hausse, un second en baisse et un troisième de nouveau en hausse. Un dernier quadrimestre assez exceptionnel, durant lequel les immatriculations ont atteint des sommets, avec pour la première fois de l'histoire de la VSP un score mensuel (en octobre) dépassant les 1 000 immatriculations (1 054 immatriculations). La baisse de l'été (- 19 % en août) est à mettre au moins pour partie au compte de la canicule. La clientèle âgée de la minivoiture a plus souffert que le reste de la population des fortes chaleurs de l'été dernier.

JDM-Chatenet : le hold-up !

Selon les marques, la saison 2003 n'a pas été vécue, mais alors pas du tout, de la même manière. Il y a celles qui en conserveront à vie un souvenir impérissable (JDM et Chatenet), celles qui ont fait une bonne année (Aixam et Microcar), celles qui espéraient mieux (Ligier et Bellier) et celle pour qui ce fut un calvaire (Grecav). Le "hold-up" de l'année, c'est JDM et Chatenet qui l'ont fait, avec des hausses respectives de 32 et 37 % ! Si JDM avait pris son envol dès la fin de la saison 2002 (montant à + 50 % en cours de saison, pour logiquement ralentir en fin d'année), Chatenet a commencé timidement pour finir en trombe. Dans le cas de JDM, l'explication tient à l'arrivée de l'Albizia, une voiture bien née, classique, perçue positivement par le réseau et la clientèle, et au travail de fond réalisé depuis plusieurs années auprès des revendeurs. JDM ouvre de nouveaux points de vente : en minivoiture, la différence se fait avant tout en termes de réseau. Chatenet, lui, a très clairement bénéficié du lancement de la Barooder 2 places, à partir d'avril 2003. Rebondissant sur l'effet "maxi-mini" inventé par Aixam, avec le lancement de la 500.4 en mai 2002, le constructeur a immédiatement mis à l'étude une version VSP 2 places de son TQM Barooder. Fin mars 2003, la Barooder 2 places est en production et met la profession en émoi. D'un coup, Chatenet progresse pour terminer l'année à presque 600 voitures, avec une moyenne à 65 voitures/mois sur la fin de saison. Une Barooder 2 places qui agace très rapidement la concurrence, au point que l'Afquad met à l'étude une charte définissant les dimensions de la VSP par une surface maxi. Surface dans laquelle rentre l'Aixam 500.4 et la nouvelle Microcar MC1, mais pas la Barooder 2 places… Bref, la dernière bombe de Georges Blain (le lancement de la "grande" Aixam 500.4) était une bombe à retardement. En réagissant très vite, Louis-Georges Chatenet faisait évidemment le bon choix, mais provoquait un séisme dans la profession. Entre ceux qui n'ont pas de "maxi-mini", ceux qui ont mis en route l'étude d'une nouvelle voiture ou qui viennent de sortir une voiture aux normes standard, ça fait plein de mécontents. Reste maintenant à attendre la réaction de la concurrence. JDM devrait bientôt dévoiler une nouvelle version de son Albizia : parions qu'elle aura pris de l'embonpoint. Ligier devrait lui aussi nous dévoiler dans les mois qui viennent (en fin d'année seulement ?) la remplaçante de la Nova : espérons qu'on aura vu grand du côté de Vichy.

MC1, nouveauté de l'année

Chez Aixam et Microcar, la saison 2003 se termine positivement, mais avec des hausses nettement moins spectaculaires : + 2 % pour Aixam et + 4 % pour Microcar. Des scores qui ont été longs à se dessiner, ces deux marques ayant connu des écarts significatifs tout au long de la saison. Elles ont surtout bien terminé l'année, Aixam réalisant un score d'anthologie en octobre 2003, avec 425 immatriculations. Aixam préserve de toute façon l'essentiel, sa part de marché, toujours supérieure à 39 % : 39,2 % en 2003 contre 39,94 % en 2002, 38,63 % en 2001, 38,99 % en 2000 et 40,22 % en 1999. Si la VSP Aixam n'est plus aujourd'hui la plus moderne ni la plus spectaculaire, elle s'intègre dans la gamme la plus complète, avec une "mini", la 400, une "maxi-mini", la 500, un pick-up et un minivan. En prime, Aixam est l'une des rares marques à proposer une vraie gamme de TQM. Ajoutez-y le réseau le plus solide et la meilleure couverture du territoire, et vous comprenez pourquoi cette marque continue de dominer le marché avec une telle insolence. Avec 4 % de progression au compteur, Microcar termine bien l'année 2003, retrouvant 25,78 % de pénétration, comme en 2002. Pour Microcar, le challenge, c'est 2004, puisque sa nouvelle MC1 a été lancée début septembre 2003. Or, avec son style délibérément novateur, la MC1 joue gros. Pas question pour elle de se contenter des volumes de la Virgo : Microcar vise plus de 26 % de parts de marché en France. Son outil industriel est en tout cas dimensionné pour faire plus. La réussite de la MC1, c'est le réseau Microcar qui l'a entre les mains, ce que la concurrence a très bien compris.

Ligier peine

Enfin, il y a les marques qui ont perdu du terrain. Si l'on excepte Grecav qui est en complète baisse de régime depuis le départ de Philippe Lagrue (100 voitures en 2003), seules Ligier et Bellier ont ressenti un ralentissement d'activité en 2003. Chez Bellier, il y eut, en début de saison, quelques difficultés à livrer : le constructeur vendéen affiche la volonté de rester un artisan dans cette profession. Aussi, la dizaine de voitures perdues sur un an ne représente réellement pas grand- chose, d'autant qu'il faut attendre les résultats du marché européen pour se faire une idée précise de ceux des entreprises concernées sur 2003. La baisse de Ligier - limitée à 5 % - est plus inquiétante. Car elle fait suite aux baisses de 2002, 2001, 2000, 1999 et 1998. Entre 1998 et 2003, Ligier a perdu 27 %, quand le marché a progressé de 8 % (+ 6 % pour Aixam, + 8 % pour Microcar, + 66 % pour JDM, + 173 % pour Chatenet et + 26 % pour Bellier). Au passage, la part de marché de Ligier est passée de 20,07 % à 13,48 %. Il est vrai que Ligier a certainement été victime de son alliance avec Piaggio, qui l'a poussé à des lancements qui ne s'imposaient pas : ceux de la Be Up et de la Be Run. Ligier a pris alors du retard sur le cœur de son activité : la VSP classique. Alors que les autres marques développaient de nouveaux modèles, Ligier continuait de batailler avec la Nova. Il faut attendre maintenant le lancement de sa nouvelle voiture qui devrait remettre le constructeur de Vichy sur les rails. Rappelons en effet que Ligier possède aujourd'hui un très bel outil industriel, qu'il maîtrise le thermoformage et l'alu, et que son châssis modulaire est spécialement taillé pour assurer un développement de gamme rapide.

Et 2004 ?

A fin février, le marché de la minivoiture poursuit sa progression (+ 1 % en VN), avec toujours des hausses significatives pour Chatenet et JDM. L'année 2004 devrait être marquée par l'arrivée de nouvelles voitures (chez JDM et Ligier) et d'une nouvelle marque, puisque Piaggio arrive avec une minivoiture. Reste au constructeur italien à constituer un réseau. Année paire oblige, il y aura donc un Mondial de l'Automobile en octobre : la minivoiture y fera-t-elle salon ? En 2002, Aixam, Microcar, JDM et Bellier avaient fait l'impasse. Ligier profitera-t-il de l'occasion pour créer l'événement avec sa nouvelle voiture ? Le constructeur de Vichy a toujours fait fort au Mondial. Bref, 2004 sera comme 2003, 2002, 2001, etc. : une année mouvementée.

Pascal Litt

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