Quel véhicule électrique pour quel usage ?
Alors que le Mondial de l’Auto de Paris a fait la part belle aux véhicules électriques et électrifiés et que toute la filière automobile européenne se met en ordre de marche pour ne plus produire de modèles thermiques dès 2035 (c’est-à-dire demain) au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, des voix (de plus en plus nombreuses) s’élèvent pour "s’interroger" sur le caractère vraiment écolo de la voiture électrique…
Dans le même temps les politiques, sans doute toujours traumatisés par la crise des "gilets jaunes" et qui sont aussi souvent des élus, réclament des incitations financières pour accompagner les ménages modestes dans cette même transition écologique, afin qu’ils puissent espérer un jour, pouvoir s’acheter ces fameux modèles électriques, gages de leur liberté de déplacement à venir.
Jusqu’à présent, les interrogations et les freins à l’adoption du véhicule électrique tournaient avant tout autour de l’offre disponible de modèles, l’autonomie et le maillage suffisant du territoire en bornes de recharge. Aujourd’hui, le débat s’est donc déplacé sur un autre terrain.
Selon une étude menée par Ipsos pour le Mondial de l’Auto (1), les Français ont un rapport mitigé avec le véhicule électrique. Ceux qui l’ont essayé, l’ont adopté. Ils se disent convaincus par cette technologie et estiment avoir fait le bon choix. Et même 78 % se disent "fiers" d’avoir franchi le pas. Encore faut-il qu’ils le fassent.
Or, toujours selon Ipsos, sept Français sur dix se disent sceptiques quant à la "possibilité d’un prochain passage global à l’électrique dans l’automobile". Et seul un Français sur dix pense que le véhicule électrique répond à ses besoins…
Il y a donc, à tout le moins, un énorme besoin d’information sur les atouts de l’écosystème électrique. D’autant que 23 % des personnes interrogées font part de leurs incertitudes quant à l’impact réel de l’électrique sur le climat. Même si l’Europe a établi un lien clair entre émission de CO2, réchauffement climatique et usage du véhicule thermique, les Français n’ont à l’évidence pas la même lecture.
Le dernier avis de l’Ademe sur le véhicule électrique apporte à cet égard un certain nombre de recommandations susceptibles de clarifier les débats. "Si l’électrification du parc automobile est un levier incontournable, elle n’est cependant pas suffisante pour que la transition soit pleinement efficace sur les plans environnementaux, sociaux et économiques. Il faut également que le déploiement des voitures électriques soit bénéfique pour le climat, accessible à tous et qu’il limite son impact sur le réseau électrique", pose en préalable l’Ademe.
Parmi ses recommandations, celle sur la taille de la batterie donne à réfléchir. Pour garantir une mobilité bénéfique à l’environnement, il convient de privilégier une batterie inférieure à 60 kWh. "Avec une batterie de taille supérieure, l'intérêt environnemental n'est pas garanti", ajoute-t-elle.
Autrement dit, rouler dans de petits modèles comme la Peugeot e-208 ou la Renault Zoé, est bon pour la planète, contrairement à une conduite en SUV électrique. L’Ademe a même fait ses calculs : par rapport à une berline compacte diesel, la dette carbone est remboursée au bout d’environ 15 000 km pour un petit véhicule de type citadine électrique, alors qu’elle n’est remboursée qu’après 100 000 km pour un SUV électrique haut de gamme.
"Répliquer le modèle d’utilisation du véhicule thermique sur le véhicule électrique ne suffira donc pas. La voiture électrique ne remplacera pas le véhicule thermique sur tous ses usages", concluent les auteurs de l’étude de l’Ademe, ce qui ne manquera pas de réconforter les uns et d’en inquiéter certains.
La morale de l’histoire, comme aurait dit La Fontaine, est qu’il n’existe pas une seule et unique solution en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Et que la méthode Coué a ses limites. Cela s’était déjà vérifié au temps où le diesel était paré de toutes les vertus, même s’il ne convenait pas à tous les usages. On voit quel sort lui a été réservé depuis…
L’Arval Mobility Observatory
(1). Enquête Ipsos Digital menée en France les 1er et 2 octobre 2022 auprès de 1 000 individus, représentatifs de la population française de plus de 18 ans.
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