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Philippe Divry, Flexis : "Nous sommes là pour déclencher un mouvement d’ampleur"

Publié le 31 décembre 2024

Par Damien Chalon
7 min de lecture
Jeune structure codétenue par Renault, Volvo Group et CMA CGM, Flexis s’attelle à électrifier le secteur de la logistique urbaine. L’Estafette Concept est la première étape de cette démarche qui doit conduire l’entreprise à commercialiser son premier modèle de série mi-2026.
Philippe Divry Flexis
Philippe Divry, président de Flexis. ©Flexis

Le Journal des Flottes : Flexis a franchi une première étape en dévoilant l’Estafette Concept en septembre 2024 à l’IAA de Hanovre, puis plus récemment lors du Mondial de Paris. On imagine que la création de l’entreprise et son développement constituent un vrai challenge. Où en êtes-vous dans ce processus qui doit vous amener à proposer un véhicule de série en 2026 ?

Philippe Divry : Flexis, c’est important de le souligner, ce n’est pas juste un produit ou un véhicule. Ce sont deux choses. C’est une offre nouvelle pour les clients qui, derrière, repose sur une aventure entrepreneuriale. Nous avons bien grandi depuis la création officielle de l’entreprise en avril dernier.

 

Premièrement, nous avons construit une structure qui fonctionne au quotidien, au niveau opérationnel. Cela nous a pris trois mois pour tout bien mettre en place. Nous avons constitué une équipe de près de 70 personnes et nous serons plus de 100 d’ici la fin de l’année. Nous sommes parvenus à attirer les meilleurs talents, à la fois de Volvo Group, de Renault et de CMA CGM, nos trois actionnaires. Nous avons aussi recruté à l’extérieur. Toutes nos équipes sont au top dans leur métier et elles sortent de leur zone de confort en nous rejoignant. Nos collaborateurs participent d’une certaine manière à une aventure qui a pour but de transformer la société.

 

Ensuite, une autre étape a été de transférer la gestion du projet de Renault pour la mettre entre les mains de Flexis. L’ensemble de l’équipe qui était en charge du projet est maintenant chez nous. Cela s’est fait sans prendre le moindre retard sur le calendrier prévu.

 

JDF : Avez-vous commencé à discuter avec vos futurs clients potentiels ? En êtes-vous déjà à ce stade ?

P. D. : Nous avons effectivement entamé des discussions avec tous les grands clients puisque la raison d’être de Flexis est d’être capable de servir toutes les entreprises qui sont engagées dans un processus de transformation de l’industrie de la logistique urbaine. Notre ambition est de les servir mieux avec une solution que l’on soit capable de personnaliser à leurs besoins. Le fait d’être en plateforme ouverte pour les services digitaux, par exemple, en est l’illustration.

 

Nous avons donc noué des liens, sachant que c’est un processus long engagé dans la perspective d’un début de production en 2026. Le véhicule, c’est finalement la partie la plus facile du métier, le plus dur est tout ce qu’il y a à inventer autour. L’électrification est un thème majeur pour les entreprises, il faut par exemple anticiper le sujet de l’équipement des dépôts en solutions de recharge. Nous nous intéressons également aux chauffeurs, pour leur rendre le quotidien plus facile.

 

 

JDF : Concernant l’électrification, le processus est déjà bien engagé chez les principaux acteurs de la logistique…

Il y a énormément d’acteurs de la logistique qui veulent effectivement décarboner leurs opérations. Mais jusqu’à présent, personne ne leur a vraiment apporté la solution qui leur permet de décarboner massivement. Ils doivent finalement choisir entre être électriques ou être efficaces économiquement. La mission de Flexis, c’est de dépasser cette contrainte, de combiner l’ensemble. Le but des premières discussions que nous avons avec les entreprises est de leur prouver que c’est possible. C’est de cette seule manière que la décarbonation pourra se faire à grande échelle. Nous sommes là pour déclencher ce mouvement d’ampleur.

 

L’Estafette Concept a été dévoilée en septembre dernier à l’IAA de Hanovre, en Allemagne. ©Flexis

 

JDF : Quelle est votre recette pour provoquer ce déclic ?

P. D. : Quand vous regardez le bilan économique d’un véhicule électrique dans le segment que nous visons, il est presque équivalent aujourd’hui à celui d’un modèle thermique. En gros, il va vous coûter aux alentours de 600 euros par mois. L’électrique reste plus cher en loyer mais le coût de l’énergie est bien moindre, ce qui permet d’être compétitif.

 

En revanche, les incertitudes sont d’ordre opérationnel, avec des autonomies qui ne sont pas à la hauteur et des problématiques de recharge. Nous allons régler tout cela. Nous allons être très compétitifs en prix, avec une autonomie largement suffisante pour les missions de nos clients. Nous proposons également des solutions de recharge pour les dépôts, avec notamment du "smart charging". Un autre point sur lequel nous travaillons, ce sont les services connectés qui vont nous permettre d’amener de la productivité supplémentaire.

 

JDF : Aux premiers jours de Flexis, vous aviez laissé entendre que vous proposeriez une autonomie entre 200 et 400 km en fonction des packs de batteries. Est-ce une fourchette que vos clients jugent acceptable ?

P. D. : Nous serons au‑delà. Nos versions avec la plus grosse batterie seront à plus de 450 km d’autonomie. Nous sommes en train de finaliser les derniers calculs pour voir où nous nous situerons en cycle urbain. Comme Flexis est électrique dès l’origine, cela permet d’optimiser les véhicules, là où la plupart des modèles actuellement sur le marché sont multi‑énergies et reposent sur des compromis. En termes d’ingénierie, les compromis, ça se paye. Nous avons pu, grâce à notre orientation énergétique, pousser la logique jusqu’au bout sur un certain nombre de sujets pour en extraire le potentiel complet.

 

 

JDF : La société Flexis, vous l’avez évoqué, est soutenue par trois actionnaires. D’autres partenaires financiers ou stratégiques vont‑ils rejoindre l’aventure ?

P. D. : Nous discutons, en effet, avec des partenaires complémentaires, davantage au niveau stratégique que financier. Le but est d’élargir la gamme des compétences dans l’entreprise, avec des partenaires qui maîtrisent d’autres parties de la chaîne de valeur. Nous avons de grosses marques d’intérêt, en particulier dans le domaine du digital.

 

JDF : Quelle est la prochaine grande échéance pour Flexis ?

P. D. : D’ici quelques semaines, potentiellement avant la fin de l’année, nous dévoilerons une autre variante, un fourgon électrique qui sera à terme le remplaçant du Trafic électrique actuel. Je tiens à préciser ici que tous nos produits auront 80 % de pièces communes, un gage de réduction des coûts et d’efficacité.

 

JDF : Avez-vous échangé avec vos cousins d’Hyvia et peut-on imaginer des modèles Flexis fonctionnant à l’hydrogène ?

P. D. : Nous sommes sur un véhicule 100 % électrique. Néanmoins, nous avons laissé la porte ouverte techniquement à l’installation d’une solution hydrogène. Il n’y a rien de décidé à ce stade, c’est seulement une disposition que nous avons prise en termes de design.

 

JDF : L’échéance d’entrée en production en 2026 sera-t-elle bien tenue ?

P. D. : Mi‑2026, oui. Le gros avantage est que nous serons sur la même ligne d’assemblage que le Trafic, dans l’usine de Sandouville (76). Cela veut dire que nous serons capables de lisser la baisse du diesel et la montée en régime de l’électrique. Et puis, le fait de bénéficier de cette installation constitue un gain financier énorme pour Flexis, nous n’avons pratiquement aucun investissement à réaliser au niveau de la ligne de production.

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