Comment conduire efficacement la décarbonation de la route

Début d’année compliqué et plein d’incertitudes pour les constructeurs automobiles, embarqués malgré eux dans une guerre tarifaire dont ils avaient perdu l’habitude depuis la pandémie et l’heure de gloire du pricing power.

Mais à l’inverse, ciel dégagé pour certains acteurs de l’électrification et l’un d’entre eux en particulier, à savoir le spécialiste de la recharge ultrarapide, Electra, que l’on présente déjà comme la prochaine licorne tricolore.

En l’espace de quelques semaines, cette start-up de trois ans a réussi à boucler deux opérations financières, alors que les temps sont particulièrement ardus sur le marché du capital-risque, dont la seconde plus importante levée de fonds en Europe, d’un montant de 304 millions d’euros.

La spécialité de la jeune entreprise, ce sont les bornes de recharge ultrarapide, celles-là même qui permettront de lever l’un des freins à l’essor de la voiture électrique. Et qui participeront du même coup à la décarbonation de la route en France.

Les véhicules électriques ont certes connu une belle année 2023 sur le plan des immatriculations dans l’Hexagone (près de 300 000 VP au total), leur part de marché avance doucement (16,8 %). Sur le segment des entreprises, le bilan commercial est proche de 66 000 VP, pour une part de marché de 12,5 %, les contraintes de déplacements n’étant pas celles des ménages.

Pour aller plus vite, il faut non seulement encourager l’achat ou la location de véhicules électriques, s’assurer de leur bilan écologique (c’est l’un des buts du score environnemental, déclencheur ou pas du bonus), mais également créer un environnement propice à ces derniers.

L’accès à un réseau de recharge rapide ou ultrarapide, bien déployé sur l’ensemble du territoire (les grands axes, mais également les parkings et les villes) est un des maillons forts de l’écosystème, avec le facteur prix et bien sûr l’autonomie des véhicules. Electra, avec son objectif de 15 000 points de charge en France et en Europe, coche toutes ces cases.

De quoi satisfaire le politologue François Gémenne, membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), créateur en décembre dernier de "l’Alliance pour la décarbonation de la route", dont Electra est justement l’un des membres fondateurs.

L’objectif de cette structure qui compte déjà dans ses rangs des fleurons des transports tels que Vinci Autoroutes, Keolis, Blablacar ou BMW (1), est de trouver avec les collectivités locales "les solutions de décarbonation les plus efficaces afin de réussir la transition écologique et énergétique des mobilités".

Début janvier, cette Alliance a d’ailleurs accueilli le géant de l’autopartage Getaround (2), confirmant au passage, pour ceux qui en doutent, le rôle de cette mobilité mutualisée dans la boîte à outils de la décarbonation.

La route vers la décarbonation de l’économie et des transports est encore longue ; elle ne ressemble en rien à un long fleuve tranquille. Toutes les initiatives et les contributions sont donc les bienvenues.

L’Arval Mobility Observatory

(1) Association des Economistes de l’Energie, Avere-France, BlaBlaCar, BMW Group France, ChargePoint, Nicolas DARAGON (Ville de Valence), Michaël DELAFOSSE (Montpellier Métropole), François DUROVRAY (Conseil départemental de l’Essonne), Ecov, Electra, Fédération Nationale des Transports Routiers (FNTR), Geodis, Getaround, GRDF, Karos, Keolis, MAIF, Mobilité Club France, Powerdot, Shippeo, Systra, Transdev, VINCI Autoroutes.

(2). Getaround intègre une alliance pour la "décarbonation de la route" (journalauto.com). 2 janvier 2024.