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Industrie

Stellantis met en garde contre le mur infranchissable des normes CAFE pour les véhicules utilitaires

Publié le 10 janvier 2025

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
Alors que le secteur automobile se focalise sur les émissions de CO2 des voitures particulières, Jean-Philippe Imparato, patron de Stellantis en Europe, alerte sur celles des véhicules utilitaires que les professionnels jugent impossibles à atteindre. Pour l'instant, la Commission européenne semble inflexible.
émissions de CO2 et véhicules utilitaires
Jean-Philippe Imparato, patron de Stellantis en Europe, alerte sur les limites d'émissions de CO2 des véhicules utilitaires que les professionnels jugent impossibles à atteindre. Pour l'instant, la Commission européenne semble inflexible. En photo, la gamme Stellantis Pro One présentée au salon de Hanovre à l'automne 2024. (©Stellantis)

Si les limites d’émissions de CO2 des véhicules particuliers captent l’attention du secteur automobile, celles des véhicules utilitaires semblent être oubliées. Alors que sur ce segment, les normes CAFE sont plus contraignantes.

 

Depuis le 1er janvier 2025, la moyenne des émissions des vans doit atteindre 153,9 g de CO2/km (selon les normes WLTP), contre 181,1 g jusqu'à fin décembre 2024. Concrètement, cela signifie qu'il faudra vendre environ 17 % de véhicules utilitaires électriques pour se conformer à cette moyenne.

 

Mais en France, actuellement, la part de la motorisation électrique ne dépasse pas les 7 %, comme le montre le tableau ci-dessous. En Europe, sur les neuf mois de l’année 2024, celle-ci n’est que de 5,7 % !

 

 

Il s'agit donc de gagner plus de dix points supplémentaires dans la vente de véhicules électriques à partir de cette année. Un gap jugé infranchissable par de nombreux professionnels qui avancent que le véhicule utilitaire électrique ne peut connaître de véritable essor en dehors des grandes villes, pour la livraison du dernier kilomètre.

 

Vente de véhicules utilitaires électriques en France en 2024
Volume total Volume électrique Part
Peugeot 67 480 7 937 11,8 %
Renault 114 395 6 104 5,3 %
Citroën 50 962 3 852 7,6 %
Volkswagen 16 712 1 576 9,4 %
Mercedes-Benz 19 752 1 179 6 %
Toyota 12 466 889 7,1 %
Nissan 7 416 772 10,4 %
Ford 31 548 721 2,3%
Goupil 695 695 100 %
Opel 7 975 551 6,9 %
Fiat 19 302 433 2,2 %
Maxus 973 306 31,4 %
Jeep 251 217 86,5 %
Iveco 13 412 173 1,3 %
Total 363 339 25 405 7 %

Source : AAA Data

 

Revoir le mode de calcul différencié des normes CAFE

 

"Vous devez savoir que, dans sa grande sagesse, la Commission européenne a décidé de séparer le VP et le VU pour les normes CAFE ", ironise Jean-Philippe Imparato, patron de Stellantis Europe.

 

Avec une part de marché de 30 % en Europe, le groupe est présent sur ce segment avec six marques : Citroën, Fiat Professional, Opel, Peugeot, Ram et Vauxhall. "Je dois atteindre 21 % de ventes de véhicules électriques, au global entre les VP et VU, contre 12 % pour 2024", poursuit Jean-Philippe Imparato.

 

Ce dernier multiplie les contacts avec les décisionnaires politiques afin de faire comprendre les véritables conséquences sur l'industrie automobile. Le groupe Stellantis a également rejoint l'ACEA, en décembre 2024 et compte bien soutenir les positions du lobby en la matière.

 

Ce dernier milite notamment pour un calcul pluriannuel des émissions, ce qui permettrait de lisser leur moyenne. L'année où les émissions sont plus faibles viendrait compenser celle où les émissions sont plus fortes.

 

 

Mais Jean-Philippe Imparato compte mettre en avant également le sujet des véhicules utilitaires. "Je soumettrai également, et c’est un sujet prioritaire, la question du calcul différencié du VP et du VU", explique-t-il. "Les autorités publiques que nous avons déjà rencontrées, ont été surprises d’apprendre que la réglementation entre les véhicules particuliers et les véhicules utilitaires était à ce point déconnectée. Elles sous-estiment l’effet que peut avoir la réglementation pour les véhicules utilitaires sur les entreprises. Personne ne sait que le VU c’est 30 % du revenu net du groupe et 50 % de son résultat. Quand on fait des barrières douanières en Europe et que l’on oublie l’utilitaire, c’est le signe probable d’un manque d’information significatif".

 

Pas de signal d'assouplissement du côté de Bruxelles

 

"La Commission est consciente que certains constructeurs de véhicules ont exprimé des préoccupations quant à leur capacité à atteindre leurs objectifs d'émissions pour 2025, dans un contexte de concurrence mondiale accrue et de rétrécissement du marché des véhicules. En même temps, plusieurs autres grands fabricants européens ont exprimé leur confiance dans leur capacité à respecter leurs objectifs et se sont fermement opposés à tout changement du cadre de 2025. Modifier les règles risquerait de fausser la concurrence et désavantager ces fabricants", indique la Commission dans une réponse écrite, le 7 janvier dernier.

 

Conformément à l'article 15 du règlement, la Commission procédera à un examen de l'efficacité et de l'impact du règlement en 2026. Cet examen s'appuiera sur le rapport de progrès attendu pour la fin de l'année 2025, prenant en compte les informations actualisées sur la mise en œuvre du règlement.

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