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La PFA demande à Bruxelles d'attendre 2028 pour décider de l'arrêt ou non des véhicules thermiques

Publié le 15 mars 2022

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
Face aux difficultés qui s'amoncellent pour la filière, la Plateforme de l'Automobile demande du pragmatisme à la Commission européenne. S'il faut garder le cap de 2030 pour la baisse de 55 % des émissions de CO2, mieux vaut attendre 2028 pour sceller le sort des moteurs thermiques.
Pourquoi décider aujourd'hui d'interdire les véhicules thermiques ? La PFA propose de gardre la trajectoire de la transition vers l'électrique mais d'attendre une meilleure conjoncture pour acter cette interdiction.

Si les industriels pensaient sortir du tunnel en cette année 2022, après deux années de pandémie et auxquelles a succédé la pénurie des semi-conducteurs, rien n’est moins sûr aujourd’hui. La vague de Covid qui revient en Chine le conflit en Ukraine ont définitivement enterré l’optimisme de ce début d’année tout comme les prévisions avancées par l’ACEA de connaître un marché en hausse de 7 à 8 %. "Nous vivons bien une addition de crise et non une succession", affirme Marc Mortureux, directeur général de la PFA.

 

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Manque de faisceaux de câble, noir de carbone, palladium, nickel, d’acier, prix de l’énergie, les éléments se déchaînent alors que la tendance inflationniste, déjà présente, va entraîner un surenchérissement du coût des véhicules de plusieurs milliers d’euros. "Cette tension sur les prix va entraîner un fléchissement de la demande. Celle-ci commence à se remarquer dans les nouvelles prises de commandes qui ont diminué de 10 % depuis le début de l’année", poursuit le directeur général de la PFA.

 

Soutien national

 

Dans ce contexte, la plateforme de l’automobile souhaite s’intégrer dans le plan de résilience en cours d’élaboration par Bercy. Avec en premier lieu, la prolongation des mesures de chômage partiel, qui étaient à l’origine prévues pour une période de deux ans à compter de la première demande.

Ce dispositif pourrait être reconduit pour une nouvelle période comprise entre 6 mois et un an. Ensuite, il s’agit également de rééchelonner les échéances de remboursement des PGE (Prêt garantis par l’Etat), même si cette demande n’est pas souvent acceptée par les banques. Enfin, la hausse du prix de l’énergie doit également être atténuée avec des prises en charges de surcoût lié aux hausses du gaz et de l'électricité.

 

En parallèle, le niveau des impôts de production, souvent évoqué par les candidats à l'élection présidentielle, est également repris par la PFA. L'organisation, présidée par Luc Chatel, milite toujours pour la création de zones franches ou zones Green deal, qui ne s'affichent pas forcément selon une notion de territoire, comme l'explique le directeur général de la PFA, mais d'engagement d'acteurs (équipementiers, sous-traitants) dans cette transition énergétique.

 

 

Revoir l'échéance du paquet "Fit for 55"

 

Mais les aides ne concernent pas uniquement à contrecarrer les problèmes de pénurie, ni les hausses de prix de l'énergie. "Les conditions pour réussir la transition énergétique sont de plus en plus difficiles. Mais soyons clair, nous ne demandons pas de revoir les modalités de la trajectoire, ni de changer de cap. Nous voulons juste être pragmatique : nous voulons nous engager vers une baisse de 55 % des émissions en 2030 mais sans condamner toute autre motorisation et nous proposons de nous revoir vers 2027 - 2028 pour définir ensuite comment nous projeter pour 2035 et où nous en serons de la décarbonation de l'électricité", poursuit Marc Mortureux.

 

Cette volonté de la Commission européenne de sortir complètement du thermique se cogne aujourd'hui de manière frontale à la dépendance des pays européen aux énergies fossiles, rendant cette transition aussi plus compliquée. De même, l'équation économique actuelle n'est plus celle sur laquelle se sont basés les investissements des usines de batteries et des gigafactories implantées dans le Nord de la France. Même avec une production d'électricité d'origine nucléaire largement majoritaire (environ 70% de notre production nationale), la France reste en effet soumise aux règles européennes du coût de l'énergie, rendant le prix de revient du GWh produit moins compétitif.

 

Cette "clause de revoyure" proposée également par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, laisserait également le temps de l'analyse pour d'autres énergies et peut-être de prouver que la technologie hybride rechargeable n'est pas si mauvaise, à condition de l'utiliser correctement. "Nous sommes d'ailleurs favorable aux mesures fiscales qui calculent le mode en électrique avec par exemple une TVS variable. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une technologie qui peut dimensionner les pics d'utilisation de recharge sur batterie, notamment au niveau des autoroutes", fait remarquer Marc Mortureux.

 

Un argument de taille au regard du besoin d'installation de bornes de recharge en France. Selon la PFA, ce n'est plus de 100 000 bornes dont la France aurait besoin mais bien plus. Or, les installateurs de bornes sont également confrontés à la pénurie des semi-conducteurs.

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