V2V sauve des vies
...parler une idée nouvelle. De nombreux programmes de recherche se côtoient chez la plupart des constructeurs. Néanmoins, si, depuis deux ans, certains systèmes ont pu être testés avec succès, leur mise en place à grande échelle est souvent lourde et dispendieuse. L'approche de GM (et du Consortium Car2Car Communication, réunissant également Fiat, Renault, Audi, VW et BMW) est tout à fait différente, puisqu'elle se propose d'utiliser en partie l'électronique contenue dans les automobiles actuelles. A cela, plusieurs avantages. Le coût d'installation se voit ainsi largement réduit. Par ailleurs, on peut ainsi imaginer un système en retrofit (deuxième monte), ce qui est essentiel dans le concept de communication entre les véhicules. En effet, le système ne sera pleinement opérationnel que lorsqu'un maximum de véhicules sera équipé sur le parc roulant, y compris les véhicules de 2 à 5 ans.
A quoi ça sert ?
Le système V2V (prononcer Vi toVi, pour Vehicle to Vehicle) de GM a pour but de permettre aux conducteurs d'identifier les dangers présentés par d'autres utilisateurs. Démonstration par l'exemple. Un automobiliste qui donne un violent coup de frein actionne son ABS, ce qui représente un danger potentiel pour la voiture suiveuse, surtout en cas de mauvaise visibilité. Imaginons que la voiture arrêtée envoie un signal alertant les voitures derrière. Prévenus à temps, les conducteurs ont tout loisirs d'intervenir sur leurs propres freins pour éviter l'accident.
Mais attention, V2V ne se substitue en aucun cas au conducteur, pour le déresponsabiliser. Ce n'est qu'un sixième sens, un moyen d'assistance à la conduite.
Comment ça marche ?
Le V2V est un système de communication sans fil, permettant l'échange de données comme la position, la vitesse et beaucoup d'autres paramètres entre les véhicules. Il s'agit en fait d'analyser l'ensemble des données issues des capteurs de la voiture, de les interpréter pour en déduire une situation de danger potentiel, puis enfin d'avertir à temps les conducteurs alentour du risque. Pour y parvenir, General Motors utilise des composants courants. Le cœur du système est constitué par un microprocesseur, un récepteur GPS et un module Wifi. Le microprocesseur collecte les informations remontées par le véhicule via les nombreux capteurs de sécurité (radars pilotant les systèmes de régulation de vitesse, capteurs détectant la présence d'objets dans l'angle mort des véhicules, capteurs ABS, ESP…), présents en série dans les autos modernes. Les véhicules équipés de V2V peuvent ensuite communiquer entre eux dans un périmètre d'environ 350 mètres, par l'intermédiaire d'un simple réseau Wifi.
Diffusion de masse nécessaire
Le dispositif n'a d'intérêt que s'il est monté dans un maximum d'automobiles. En première monte, l'option pourrait se situer aux alentours de 150 euros, car la majorité des composants utilisés se trouvent déjà dans la voiture de série ! Souvent, il ne reste qu'à ajouter le microprocesseur et le module Wifi.
La possibilité de le monter en après-vente pour une somme qu'on annonce déjà très raisonnable pourrait inciter le grand public à s'équiper, si tant est que de nombreuses campagnes de démonstration sont réalisées. Il faudra également que les constructeurs (hors du Consortium Car2Car Communication) harmonisent leurs protocoles de communication. Et quand on voit comment est traité le sujet des protocoles de dialogues en après-vente, on peut imaginer la taille du chantier restant à accomplir. GM, lucide, avance pour sa part un délai d'une dizaine d'années pour voir enfin se démocratiser de tels systèmes.
Frédéric Richard
ZOOMQuelques cas de figure - Alerte de freinage d'urgence : Lors de l'allumage des feux de détresse (volontaire ou dû aux "feux stop adaptatifs") la voiture équipée de V2V transmet l'information de danger aux conducteurs qui suivent pour qu'ils puissent réduire en conséquence leur vitesse. Cette alerte se fait très en amont, bien avant que la zone de danger ne devienne visible. C'est le cas par exemple avant un virage, derrière un poids lourd ou en haut d'une côte. La matérialisation du signal d'alerte prend la forme de pictogramme sur l'afficheur d'origine de l'automobile. Si l'auto n'en est pas équipée, un afficheur additionnel est envisageable, sur la planche de bord, ou intégré au volant. - Angle mort/ changement de voie : Dans ce cas de figure, un signal visuel alerte le conducteur quand un autre véhicule circule dans l'angle mort laissé par le rétroviseur extérieur. Une diode lumineuse intégrée dans le montant du pare-brise ou dans le rétroviseur extérieur s'allume sur le côté concerné de la voiture. Bien sûr, le système prend en compte la vitesse de chacun des véhicules : plus la vitesse de la voiture qui va doubler est élevée, plus l'avertissement intervient tôt. - Alerte aux véhicules prioritaires : Quand un conducteur entend retentir une sirène, il est parfois difficile de repérer d'où va arriver le véhicule prioritaire. Avec V2V, le conducteur connaît la position et la direction du véhicule d'intervention, des infos transmises par le véhicule d'intervention lui-même. - Alerte de collision aux carrefours : Dernier exemple, les carrefours de rase campagne, non équipés de feux tricolores, sont très dangereux car les usagers de la route peuvent ne pas se voir à la sortie d'un bois par exemple. En utilisant V2V, les véhicules communiquent entre eux bien avant qu'ils ne soient en vue l'un de l'autre, permettant au système d'alerter à temps les conducteurs des deux véhicules du danger d'une possible collision. Il reste aux conducteurs assez de temps pour freiner ou effectuer une manœuvre d'évitement. |
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