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Constructeurs

Tourisme d’affaires : Paris en pente douce

Publié le 17 février 2006

Par Tanguy Merrien
4 min de lecture
Paris pourrait perdre son statut de capitale mondiale du tourisme d'affaires, au profit de ses voisines européennes. Les symptômes sont identifiés et des solutions pourraient être envisagées, mais les politiques ne semblent pas s'alarmer outre mesure. Paris, destination privilégiée...
Paris pourrait perdre son statut de capitale mondiale du tourisme d'affaires, au profit de ses voisines européennes. Les symptômes sont identifiés et des solutions pourraient être envisagées, mais les politiques ne semblent pas s'alarmer outre mesure. Paris, destination privilégiée...

...par les entreprises pour le tourisme d'affaires ? En effet. Mais pour combien de temps encore ? Depuis plusieurs années, les professionnels tirent la sonnette d'alarme. La capitale doit être très attentive à ses voisines européennes, de plus en plus présentes dans ce domaine. Paris n'a plus le monopole du charme. Selon Véronique de Chantérac-Lamielle, directeur général de la SEPCP, la Société d'Exploitation du Palais des Congrès de Paris. "Vienne, Barcelone, Prague et Budapest sont des destinations de plus en plus prisées par les sociétés pour les réunions d'affaires. Elles sont culturellement très riches et encore bon marché. Nous devons par conséquent faire très attention. Le danger de voir notre capitale détrônée par ces dernières se rapproche". Et de s'appuyer sur les taux officiels de fréquentation, toujours en matière de tourisme d'affaires : + 94 % à Vienne, en seulement 10 ans, + 5,79 % à Lisbonne et + 226,67 % à Prague. Des chiffres qui laissent à penser que rien n'est jamais acquis. Paris l'a très certainement oublié, car son taux de fréquentation est, quant à lui en baisse, légère certes, mais de manière constante. Pourtant, le combat du directeur général n'est pas financier, Véronique de Chantérac-Lamielle ne réclame pas de subventions particulières. "Nous voudrions seulement que les pouvoirs publics soient des facilitateurs d'activités". Qu'entend-elle par ce terme ? le directeur général prend alors deux exemples européens. "En Espagne, les Salons sont inaugurés par le roi lui-même, celui de Motortec par exemple. Les infrastructures d'accueil autour des sites sont prévues dès le départ. Et dans tous les cas, ils sont très bien desservis par des autoroutes, des voies express… En Allemagne, la construction des infrastructures d'accueil est financée par l'Etat. En France, le parc des Expositions de Villepinte, 20 ans aujourd'hui, 2e parc d'exposition en France et le 5e en Europe, n'est toujours pas desservi correctement. L'endroit se trouve pourtant aux portes de Paris, mais, pendant Equip'Auto par exemple, l'autoroute est saturée en permanence, les transports en commun ne sont pas suffisants. De toutes façons, hormis le Salon de l'Agriculture ou la Foire de Paris, et hors périodes électorales bien sûr, les politiques nous ignorent complètement. Le tourisme d'affaires n'est pas leur affaire. Or, nous générons chaque année autant de retombées économiques que ce qui était prévu pour les jeux Olympiques de 2012 !" Véronique de Chantérac-Lamielle pointe également du doigt les contraintes auxquelles elle-même et tous les professionnels du secteur, sont confrontés chaque jour. De procédures "poussives" en tracasseries administratives "épouvantables", le directeur général estime que tout est fait pour ralentir leur travail et leur réactivité. Les exemples fusent. "Nous sommes handicapés par rapport aux autres pays européens par une TVA inadaptée. Pour la fabrication de nos petits stands d'exposants, nous sommes régis par la législation du BTP. Nous avons un volant de vacataires auquel nous faisons appel régulièrement pour assurer le son ou la lumière d'un congrès. Leurs contrats changent selon le moment où nous avons besoin d'eux : CDD s'ils travaillent la journée, intermittents du spectacle pour le soir. Un véritable casse-tête. Un problème franco-français. Nos voisins européens sont meilleurs que nous car ils incitent et motivent le travail, tandis qu'en France, tout est fait pour l'alourdir. Et tous ont fait des efforts énormes en matière d'accueil, d'infrastructures, de communication et d'image, de politique de prix, de réception… Ils ont tout compris".

Paris reste attractif mais n'est plus incontournable

Néanmoins, la France reste une destination de choix, et Paris est encore inscrite sur la liste des villes européennes retenues pour les séjours professionnels. Mais, au moment du choix définitif, Paris retient de moins en moins les faveurs des organismes. La solution viendra peut-être de la mission d'information parlementaire sur le développement en France des Foires, Salons et Congrès, formée par Jean-Paul Charrié, député du Loiret. Ce dernier a noté le manque évident de coordination entre les acteurs concernés et l'absence totale de projet commun. Véronique de Chantérac-Lamielle appuie la mission en place. "Ce rapport met en évidence la non reconnaissance dont nous souffrons. Selon le député, il faudrait créer un haut conseil et des groupes de travail permanents qui pourraient établir un bilan plus précis de la situation française et donner ses préconisations". Idéalement, Véronique de Chantérac-Lamielle attend une mise en valeur des atouts de Paris. "Que l'on soit encore plus attractif. Que l'on nous donne plus de moyens techniques et technologiques, que l'on nous reconnaisse… Voilà ce que nous attendons".


Muriel Blancheton

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