Quand Philippe Varin décrypte l’avenir
“Pas de solution miracle à annoncer”, prévient d’emblée Philippe Varin avant de souligner que la mobilité du futur peut s’architecturer autour de quatre points d’appui : Asie, villes, vieillissement et carbone. La croissance exponentielle de la demande automobile trouve sa source en Asie, principalement en Chine, et cela change donc la vision traditionnelle du monde et des marchés. Par ailleurs, les villes rassemblent aujourd’hui 50 % de la population mondiale et cette tendance va s’intensifiant. Ainsi, à un horizon 2030, il y aura également plus d’urbains que de ruraux dans les pays dits émergents et dès 2015, 36 mégapoles de plus de 10 millions d’habitants seront recensées sur le globe. Dans un autre registre, si 50 % de la population mondiale a aujourd’hui moins de 25 ans, un trend de vieillissement est programmé dans la majorité des pays. Une donnée qui a un impact sur la nature des déplacements, Philippe Varin indiquant que l’âge moyen de l’acheteur Peugeot ou Citroën était actuellement de 47 ans. Enfin, la réduction des émissions de CO2 est devenue une nécessité, au même titre que la gestion du mix et de l’indépendance énergétiques. D’où découle ce paradoxe : “Comment réduire l’empreinte carbone tout en répondant à la hausse de la demande de mobilité ?”
Vers l’avènement d’une “roaming mobility”
Dans la veine d’Archimède, Philippe Varin donne alors les quatre points d’appui du groupe pour soulever la mobilité du futur en prenant la R&D comme camp de base. Primo, les chaînes de traction avec l’optimisation des solutions thermiques, l’hybridation (3008 puis DS5 puis 508 SW, en attendant les hybrides rechargeables d’ici dix ans), et le VE. Sur ce point, Philippe Varin marque une nette différence avec Carlos Ghosn, estimant que “le développement du VE réclame un apprentissage pour les acteurs concernés comme les clients et que cet apprentissage prendra donc un certain temps”. Secundo, les gammes : au-delà d’un renforcement des croisements entre segments et silhouettes, la multiplication des besoins sera accompagnée par celle des modes (2 roues, 4 roues, piétons, etc.). Tertio, l’essor annoncé des services de mobilité. Se fiant à ses équipes marketing, Philippe Varin met en exergue l’extrême diversité des utilisateurs (rêveurs, jouisseurs, profiteurs, contorsionnistes, militants) et évoque les nouvelles offres du groupe, Mu, Call Car, Multicity, annonçant l’avènement d’une “roaming mobility”. Enfin, Philippe Varin insiste sur l’importance des partenariats de nouvelle nature : “Les nouveaux usages de l’automobile nous mènent à appréhender d’autres grilles de lecture et nous devons nous ouvrir à d’autres secteurs.” Créé il y a dix ans, l’Institut pour la Ville en Mouvement en est une bonne illustration.
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FOCUS
Un contributeur positif à la balance commerciale
“Par rapport à la polémique d’Aulnay, je tiens à rappeler que PSA est un contributeur positif à la balance commerciale de la France, balance qui est, elle, déficitaire au global.”
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VERBATIM
La filière automobile française
“Cette filière est encore trop morcelée en France, et nous devons nous attacher collectivement à mieux densifier les pôles de compétitivité. C’est notamment essentiel pour peser plus fortement sur les choix de standards pris par Bruxelles, bref pour ne pas perdre d’influence par rapport aux Allemands.”
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ZOOM
Abécédaire de la compétitivité
“La compétitivité passe par le prix, d’où notre stratégie de montée en gamme affirmée. La compétitivité passe par le CO2 et nous sommes d’ores et déjà bien placés sur ce dossier. La compétitivité passe par les coûts, d’où nos efforts pour améliorer le taux d’utilisation des usines et favoriser leur compactage. Mais dans ce domaine, nous sommes aussi tributaires d’un écosystème. Or, le coût du travail dérive en France depuis dix ans, vis-à-vis de l’Allemagne et de pays où le coût de revient est plus attractif. Sous l’angle de la R&D, le crédit impôt recherche est fécond et doit nous permettre de rattraper du retard par rapport à l’Allemagne. Enfin, au niveau des compétences, l’évolution des universités va dans le bon sens, mais il reste un gros potentiel d’amélioration sur l’apprentissage.”
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