Pollueurs ? Payeurs !

des indemnités à 520 habitants de Tokyo accablés par des troubles respiratoires liés aux véhicules Diesel. Après onze ans de procédure, cette conciliation, facturée 7,4 millions d'euros, laisse un goût amer. Avec tout le respect dû aux victimes, une désagréable sensation de raccourci reste prégnante. Après le coup de pub de l'état californien attaquant six constructeurs au nom du réchauffement climatique, ou encore après les sempiternelles frasques de la Mairie de Paris, l'automobile ne serait-elle pas victime d'une chasse aux sorcières ? Sur le dossier japonais, on peut certes reprocher aux constructeurs de ne pas avoir fait front commun sur une ligne de résistance radicale au lieu de privilégier, en habiles communicants, une problématique d'image. Mais ce n'est pas le bon débat. L'automobile risque de devenir un parfait bouc émissaire. Facile à pointer du doigt, visible au quotidien, plus proche du quidam que le transport aérien ou l'agriculture par exemple. Et pris dans le flux actuel de "l'entreprise citoyenne", les constructeurs disposent d'une faible marge de manœuvre. Ainsi, les sept constructeurs japonais incriminés se sont aussi engagés à financer un programme d'aide médicale aux asthmatiques de Tokyo à hauteur de 20 millions d'euros. De par son statut sociétal et son caractère concret et populaire, l'automobile permet à beaucoup de noyer la vérité. Pourtant, il faudrait rappeler, marteler même, que tous les acteurs de la filière ont accompli des progrès considérables en 25 ans. Les rapports scientifiques (*) en attestent : le transport routier (y compris camions et bus !) a réduit de plus d'un tiers ses émissions de NOx sur cette période, il représente 7 % des particules (toutes tailles confondues) émises, 24 % des émissions de CO2 et 30 % des émissions de CO. Des chiffres qui vont encore s'améliorer. L'automobile n'est pas le premier pollueur et ne peut pas être le seul payeur.

* Inventaire des émissions de polluants atmosphériques en France - CITEPA - 2006