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Constructeurs

Minivoitures 2008/2009 : le panorama du marché

Publié le 4 juillet 2008

Par Tanguy Merrien
13 min de lecture
On ne le dira jamais assez, la déprime du marché de l'automobile n'a d'égal que la grande forme de la minivoiture. Et tout laisse penser que cela va durer ! Voici donc un point sur les forces en présence…Les professionnels...

...de l'automobile l'ignorent bien souvent, mais il est une niche de marché qui se porte à merveille : la voiture sans permis ! Il serait temps d'ouvrir les yeux et d'oublier les préjugés : les autos actuelles n'ont vraiment plus rien à voir avec les caisses à savon d'antan. Les constructeurs sont devenus de véritables industriels, les concessionnaires en font une activité à part entière, plutôt qu'un "bouche-trou". Et, disons-le tout net, la minivoiture est clairement dans l'air du temps ! Alors que les retraits de permis ont plus que quadruplé en 4 ans (presque 90 000 l'an passé !), le marché connaît une croissance à deux chiffres. Le carburant cher ? Les radars ? Voilà bien une catégorie de véhicule qui se moque des contraintes qui étranglent peu à peu l'automobile. Cela n'empêche pas les quadricycles d'obéir à une réglementation très précise. Deux catégories bien distinctes existent :
Les quadricycles légers, véritables voitures "sans permis" :
• Conduite sans permis dès 16 ans (BSR), 45 km/h
• Pas de limitation de cylindrée en Diesel, mais 4 kW de puissance maxi
• 350 kg à vide par construction
• 2 places maximum
• Pas de crash test obligatoire (pare-brise feuilleté et test de résistance des ceintures imposés)
• Pas de casque mais ceintures obligatoires
Les quadricycles lourds
• Conduite moyennant le permis B1 (similaire au B mais dès 16 ans sur quadricycle lourd !)
• Pas de limitation de vitesse (en général 80 à 100 km/h)
• Pas de limitation de cylindrée, 15 kW de puissance maxi
• 400 kg à vide par construction
• 4 places maximum
• Pas de crash test obligatoire (pare-brise feuilleté et test de résistance des ceintures imposés)
• Pas de casque mais ceintures obligatoires

Une fois cette distinction opérée, ce micromarché qui représente au bas mot 13 000 véhicules neufs (le double en occasion) vendus chaque année se répartit entre une grosse demi-douzaine de marques, toutes françaises, et se signale par sa diversité. Modèles courts, longs, cabriolets, utilitaires, la voiture sans permis n'a pas qu'un seul visage. Cette année, la diversification se poursuit tambour battant, la preuve dans les lignes qui suivent !

LA GAMME AIXAM-MEGA

  • 9 800/12 500 euros
    Berline courte City
  • 10 500/12 600 euros
    Berline longue Roadline
  • 11 600/14 500 euros
    "SUV" Crossline
  • 11 400/14 500 euros
    4 places B1 Roadline GT
  • 13 600/15 700 euros
    Cabriolet Scouty
  • 9 798/19 546  euros
    Utilitaire Mega Multitruck
  • Aixam-Mega

    Dominant le marché de la voiture sans permis depuis 1987, Aixam ne s'endort pas pour autant sur ses lauriers. Avec plus de 40 % de parts de marché, il n'y avait certes pas péril en la demeure, mais le leader entend bien conserver sa position… Bref, voilà les berlines A721 et A741 qui sont remplacées par les City et Roadline. Un restylage profond qui passe avant tout par une proue entièrement redessinée. Le nez gagne ainsi 62 mm, et le style se rapproche à présent des spectaculaires dernières Peugeot, avec optiques très effilées et entrée d'air surdimensionnée. La poupe adopte entre autres des glaces de custode nettement plus grandes, au profit du style et de la visibilité. Au final, l'apparence des Aixam se rapproche encore de l'apparence automobile. On note également l'emploi de plastiques plus valorisants dans l'habitacle, l'insonorisation revue du moteur Kubota (exclusif à Aixam) et le variateur amélioré. De leur côté, les récents cabriolets à toit démontable Scouty et break façon "4x4" Crossline évoluent moins (nouvelle proue toutefois sur ce dernier) visuellement, mais profitent quand même des dernières évolutions mécaniques. Signalons enfin la grande stabilité des tarifs, qui n'augmentent que de 200 à 400 e en moyenne. Pour finir, rappelons aussi qu'Aixam propose toute une gamme d'utilitaires ultra-légers sous la marque Mega. Les Multitruck sont comme les Aixam, conduisibles sans permis ou avec le permis B1, et disponibles en une multitude de carrosseries (fourgon, plateau ridelles, plateau, etc.) et motorisations (Diesel, essence ou électrique).

    LA GAMME BELLIER

  • 13 000 euros
    Berline longue opale II
  • 10 850/11 270 euros
    Utilitaire
  • Bellier

    La petite entreprise vendéenne Bellier poursuit son bonhomme de chemin. En dépit de son relatif manque de notoriété, rappelons que la marque est aujourd'hui la plus ancienne en activité, ayant lancé en 1976 le Veloto qui fut l'une des premières voitures sans permis de l'ère actuelle… Aujourd'hui, l'entreprise propose deux modèles, une berline de tourisme et un utilitaire, qui est d'ailleurs également produit pour le compte de Microcar qui le commercialise sous le nom de Sherpa. Le fonds de commerce de l'entreprise reste bien sûr la berline classique, qui prend le nom d'Opale. Un mini-monospace, dont les lignes rappellent un peu celles de la Mercedes Classe A. Bellier vient d'ailleurs de la revoir légèrement, avec l'adoption d'un capot et d'un pare-chocs avant redessiné. Comme JDM, Chatenet et Microcar, la Bellier Opale fait partie de celles qui font confiance au moteur japonais Yanmar, offrant plus de couple que le Lombardini, au détriment toutefois du niveau sonore. Surfant sur la tendance haut de gamme du marché, l'Opale II n'est proposée qu'en version haut de gamme, et se distingue aussi par l'excellente accessibilité qu'elle propose, sans seuil gênant au niveau des portières et du hayon. En parallèle, le petit utilitaire n'est disponible qu'avec la motorisation Yanmar, mais ce plateau-ridelles peut être converti en mini-fourgon sur demande. Quand à l'avenir proche, il passera sans doute pour Bellier par le remplacement de la série Opale, vraisemblablement d'ici un an…

    LA GAMME CHATENET

  • 9 990/13 543 euros
    Berline longue Barooder
  • 13 465 euros
    4 places B1 Barooder II X4
  • 14 990 euros
    "Cabriolet Speedino Targa
  • Chatenet

    Le limougeot Chatenet a toujours fait du style très soigné de ses autos son cheval de bataille. Malgré quelque 5 années de carrière, l'allure très "automobile" de la berline Barooder a toujours ses adeptes. De fait, à Pierre-Buffière on peaufine tranquillement le nouveau modèle. Une auto qui suscite déjà bien des convoitises : la maquette grandeur nature présentée au Mondial 2006 était particulièrement alléchante, avec des traits qui rappelaient furieusement la Mini de BMW ! L'enjeu est de taille, et Chatenet fera exceptionnellement l'impasse sur le prochain Salon de Paris, pour lancer sereinement et hors Salon sa nouvelle voiture sans permis. A découvrir dès octobre dans nos colonnes, mais en attendant la gamme actuelle n'est pas figée. En effet, les Barooder sont une dernière fois remaniées, avec le lancement d'un bas de gamme L2 à moteur Lombardini, permettant d'offrir un prix d'attaque serré à 9 990 e, sans pour autant rogner sur les équipements "essentiels" : vitres électriques et verrouillage centralisé sont tout de même présents ! Et si les S2 (à moteur Yanmar) et Must restent inchangées, on note le remplacement de la Sport de l'an passé par une SZ au look plus agressif (stripping latéraux rouges, nouveaux logotypes et jantes anthracite diamantées). Enfin, la gamme est coiffée par une inédite WX, la mieux nommée de toutes les Barooder ! Elle respecte son patronyme d'aventurière en adoptant la panoplie "façon 4x4" qui plaît tant ces derniers temps chez les acheteurs de minis : barres de toit, pare-chocs et bandes latérales noires. Une manière comme une autre de ne pas laisser les Aixam Crossline, Microcar MC Highland et autres JDM Abaca Mountain se partager cette niche de marché… Enfin, le roadster à toit rigide amovible Speedino Targa reste fidèle au poste, et s'apprête même à accueillir la motorisation Yanmar en version sans permis, pour un surcoût raisonnable (aux alentours de 500 e selon nos estimations).

    LA GAMME JDM

  • 9 950/13 600 euros
    Berline longue Abaca
  • JDM

    La société Simpa JDM appartient au "deuxième peloton" des constructeurs de voitures sans permis. Produisant tout de même 2 000 véhicules par an, l'entreprise angevine reste loin des scores de Ligier et Microcar (6 000 voitures chacun), sans parler du titan Aixam (13 000 pièces). Cela n'empêche pas JDM de remettre à jour régulièrement son modèle phare, l'Abaca. Dernièrement, la petite berline s'est grimée en petit tout-terrain, avec barres de toit et autres protections noires : l'Abaca Mountain est née ! Par ailleurs, à l'instar de Chatenet et Bellier, JDM continue de privilégier une conception traditionnelle au niveau de la structure de ses véhicules : coque en polyester fixée sur un châssis en acier. Côté moteur, l'Abaca est sans surprise animée essentiellement par le Yanmar bicylindre. Logique en effet, puisque JDM fut le premier à l'introduire sur une voiture sans permis en 1996 ! Cela n'empêche pas la marque de décliner sa gamme en versions mûs par le Lombardini Focs, nettement moins coûteux, mais ses ventes restent symboliques. La vocation principale du moteur italien est d'animer le bas de gamme Abaca, la Premium au prix d'appel alléchant (9 950 e). Quoi qu'il en soit, bien connue et dérivant en droite ligne de l'ancienne Albizia plus courte, la JDM Abaca vit sans doute la fin de sa carrière. Les équipes de Simpa JDM auront certainement à cœur de nous dévoiler une auto entièrement inédite dans les mois à venir…

    LA GAMME LIGIER

  • 9 800/10 990 euros
    Berline courte X-Too
  • 10 800/13 600 euros
    Berline longue X-Too max/R
  • 13 500 euros
    4 places B1 X-Too Max, 4 places
  • 7 950 euros
    Cabriolet Be Two/Up
  • 11 100/11 600 euros
    Utilitaire X-Pro
  • Ligier

    Si l'on devait faire un micro-trottoir pour jauger la notoriété spontanée des marques de voitures sans permis, Ligier le remporterait certainement haut la main. Un cas unique sur le marché de la minivoiture, que la firme de Vichy doit à son épopée en Formule 1, ainsi qu'à la personnalité de son fondateur Guy Ligier. Aujourd'hui gérée par son fils Philippe, elle connaît un spectaculaire redressement depuis le lancement de sa dernière auto en 2004, la X-Too. Après avoir sans doute un peu trop dérouté la clientèle traditionnelle, ô combien conservatrice avec ses 161-162, Ambra ou Nova, pas toujours exemplaires en termes de fiabilité, Ligier fait dans le classicisme. Et les résultats sont payants : après avoir vu ses ventes grimper de 50 % en 3 ans pour atteindre 3 300 unités l'an passé, 2008 devrait voir la marque friser les 4 000 véhicules au rythme actuel. Il faut dire que Ligier n'a pas ménagé sa peine, en stimulant sa gamme à coups de remises à niveau très régulières et d'un élargissement tous azimuts de son offre. Outre la déclinaison de la berline X-Too en plusieurs variantes, courte, longue et 4 places à permis B1, la marque propose aussi son utilitaire X-Pro, réalisé en collaboration avec l'italien Casalini, mais aussi les modèles "Be" (Be Two/Be Up) plus ludiques et même une ligne de quads (Be Four, Be Pro et Be Truck) ! De quoi fidéliser largement un réseau de plus en plus spécialisé, d'autant que les efforts ont porté autant sur les prestations du produit (insonorisation, finition) que sur la fiabilité et la maintenance. Avec la garantie 3 ans et l'assistance 24 h/ 24, Ligier a également marqué des points. Enfin, l'entreprise fait aussi parler d'elle sur le terrain économique, via la reprise de Microcar, numéro trois du marché. Un projet de taille, dont le bouclage devrait être finalisé cet été. Une fois concrétisée, cette alliance inédite dans le petit monde de la voiture sans permis va donner naissance à un groupe d'une taille comparable à celle d'Aixam-Méga. La rentrée promet d'être animée…

    LA GAMME MICROCAR

  • 12 750/12 990 euros
    Berline longue MC Campus/Cargo
  • 12 999 euros
    4 places B1 MC Family
  • 10 400 euros
    "Berline courte MC City
  • 11 070/11 500 euros
    Utlitaire Sherpa
  • Microcar

    Division automobiles du groupe Bénéteau (bateaux de plaisance et maisons), Microcar s'est fait une place au soleil, grâce à la qualité de ses produits, et sans doute aussi grâce à un nom génialement choisi. Microcar étant l'appellation générique de toutes les petites autos en anglais ! Créée par Jeanneau en 1980, l'entreprise a connu un succès rapide, au point de s'installer dès 1987 au second rang des ventes hexagonales. Récemment, Microcar a pourtant connu quelques déboires, suite au lancement de son modèle actuel MC. Née "MC1" en version courte, puis MC2 avec empattement allongé, elle entendait bouleverser le portrait-robot de la minivoiture avec une silhouette très géométrique et le choix d'une large banquette en lieu et place des sièges séparés. Erreur : les clients minivoitures sont majoritairement conservateurs ! Ce n'est pas pour rien que depuis vingt ans les constructeurs de mini forcent le mimétisme avec les autos à succès du moment, comme l'ancienne Aixam et son look de Twingo raccourcie… D'évidence, la MC a payé cher un style qui n'a jamais fait l'unanimité. En parallèle, pour respecter plus facilement les contraintes réglementaires de poids, Microcar avait fait le choix d'une vraie rupture industrielle, en basculant de la fabrication traditionnelle avec caisse polyester et châssis en acier séparé (que cultivent toujours Bellier, Chatenet et JDM !) à une structure en aluminium space-frame habillée de panneaux de carrosserie en ABS. Mal lui en a pris, puisque quelques soucis d'étanchéité pourtant vite résolus sont venus s'ajouter à la controverse esthétique. Pour autant, le constructeur vendéen a continué de vendre un volume respectable d'autos, mais cette méforme s'est conjuguée à la renaissance de Ligier pour permettre à ce dernier de prendre la seconde place du marché dès 2005. Aujourd'hui, un tournant s'amorce, avec la reprise par ce dernier qui devrait être effective à la rentrée. Pour autant, il ne faut pas y voir un lien de cause à effet : Microcar est toujours une entité bien portante au sein du groupe Bénéteau, frisant les 20 % de parts de marché. Plus simplement, Bénéteau souhaite se recentrer sur son "cœur de métier". Dans l'immédiat, Ligier entend laisser à Microcar une pleine autonomie commerciale, et l'on verra dès la rentrée au Salon de l'Automobile la nouvelle voiture, baptisée en interne "P60", qui selon les premières indiscrétions revient à un classicisme de bon aloi. Affaire à suivre !

    ZOOM

    Les quadricycles de loisirsLe saviez-vous ? Les voitures sans permis, ce ne sont pas que de banales petites berlines. Il existe aussi plusieurs engins véritablement dédiés aux loisirs. Ainsi, Ligier propose toujours son semi-cabriolet Be Two (sans permis) ou Be Up (permis B1), sorte de berline déshabillée, proposée à prix réduit (7 950 e). Chatenet n'a pas tardé à riposter avec son roadster à toit démontable Speedino, beaucoup plus luxueux (14 990 e) et lui aussi proposé sans ou avec permis. Aixam dispose, lui aussi, d'un petit véhicule à toit démontable, le Scouty (13 600 à 14 000 e), qui conserve quasiment les qualités fonctionnelles des berlines de la marque. Par ailleurs, il existe deux sociétés produisant un quadricycle à vocation ludique. A tout seigneur tout honneur, la Secma, basée à Aniche près de Douai fut véritablement le premier constructeur à se spécialiser dans la production de toute une gamme de quadricycles ludiques destinés aux loisirs. Ce fut dans un premier temps le Funtech, sorte de buggy urbain ultraléger et maniable comme un scooter, puis le microcabriolet à portes papillon Fun Extr'm (!), une palette depuis nettement élargie, avec la mini-Mehari Fun Family, une déclinaison tout-terrain Fun Quad du Fun Tech classique, etc. Une créativité que rien ne semble pouvoir arrêter ! Enfin, depuis le Salon de l'automobile 2006, deux ex-Matra, Jean-Pierre Jaussaume et Stéphane Solbach ont lancé leur propre réalisation : la mignonne et soignée Acrea Zest, roadster à moteur essence 15 kW et carrosserie symétrique rappelant un peu la légendaire Coccinelle. Tous ces véhicules composent un micromarché difficile à cerner, étroit, mais qui reflète bien l'extraordinaire créativité des constructeurs quand il s'agit de mini-véhicules.

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