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Constructeurs

"Les R&D de NTN et de SNR sont complémentaires", Hervé Breleau, responsable de la R&D de SNR

Publié le 17 juillet 2009

Par Frédéric Richard
4 min de lecture
Nous avons rencontré Hervé Breleau, patron de la R&D de SNR, pour lui demander comment fonctionne aujourd'hui son service, depuis l'entrée de NTN dans le capital du roulementier d'Annecy. Il évoque pour nous les relations complémentaires entre les deux...

...structures, et nous présente ses axes de recherches pour les années à venir.


Quels sont les sentiments d'un patron de la R&D, au moment d'une annonce comme celle du rapprochement avec le Japonais NTN ?
Au début, nous avions un peu peur que le groupe fusionne les deux R&D. Mais en fait, cela n'est pas arrivé. Nous étions concurrents, et avec le rapprochement, nous devenons partenaires. Ce qui ouvre des voies de collaborations extraordinaires, puisque nos deux expériences se complètent parfaitement. Les Japonais l'ont bien compris.
La France devient néanmoins le centre mondial de développement de la mécatronique pour l'ensemble du groupe, car c'est notre spécificité et notre grande force chez SNR. Mais il ne s'agit en aucun cas d'une fusion des deux R&D. Ce serait une erreur stratégique. C'est un problème de culture. Un client occidental n'accepterait pas que la R&D de son produit soit basée au Japon. Pour la simple raison qu'il sait que la primeur des avancées technologiques serait accordée aux constructeurs locaux. Inenvisageable ! D'où l'intérêt de s'assurer une certaine "exclusivité de recherche", ce qui passe, à mon sens, par des équipes distinctes, par grandes plaques géographiques, même si, sur le fond, elles collaborent de manière étroite. 

Comment les dirigeants de NTN voient-ils le rapprochement, au plan opérationnel ?
NTN est conscient que SNR travaille sur le marché innovant. Les innovations dans nos métiers sont toujours venues du marché européen. M.Suzuki, Président de NTN, reconnaît donc que SNR a su développer son marché jusqu'à devenir le leader européen. NTN fait donc preuve "d'humilité", sur ce marché, nouveau pour lui. Les dirigeants de NTN souhaitent donc nous laisser travailler, comme avant, même s'ils s'intéressent beaucoup à notre activité et collaborent étroitement avec nos services.

Selon quelle stratégie développez-vous vos produits ?
Les possibilités de développements de cette famille sont quasi-illimitées. Aujourd'hui, notre plan de recherche suit la stratégie client. Le roulement doit contribuer à répondre aux grandes problématiques du Monde de l'Automobile. Les demandes ont d'ailleurs sensiblement évolué. Avant, les constructeurs n'avaient pas les mêmes priorités. Ils préféraient payer moins, pour un produit présentant, par exemple, un couple de traînée plus haut (et donc des frottements plus élevés). Aujourd'hui, les problématiques environnementales les incitent à accepter des coûts plus importants, du moment que la pièce peut les aider à réduire leurs émissions. Et le roulement est au cœur du problème, puisque la baisse des frottements internes influe directement sur les émissions de CO2.
Il y aura donc de plus en plus d'endroits où l'on trouvera des roulements dans une voiture. Que ce soit dans les transmissions, les boites de vitesse…, et ce, là encore, pour réduire les frottements.

Concernant les produits maintenant, où en sont vos développements?
Le roulement intelligent reste la priorité pour nous. Il s'agit notamment de décliner le concept initial de l'ASB®. Par exemple, nous livrons actuellement les premiers roulements ASB® pour la SNCF, qui va ainsi pouvoir effectuer des mesures de vitesse, de température, de vibrations da façon beaucoup plus précise qu'auparavant… Mais L'instrumentation des roulements va plus loin désormais… Concernant l'automobile, nous sommes en train de réaliser nos vieux rêves d'ingénieurs. Je veux parler du roulement à "capteur d'efforts". Chez SNR, il prendra le nom d'ASB3. Je m'explique. Dans une voiture moderne, de nombreux capteurs de position, de vitesse…, interagissent pour "deviner" dans quelles conditions se trouve la voiture sur le sol. Avec notre technologie, un seul capteur d'effort, intégré au roulement de roue, remplace l'ensemble de ces composants, et permet de déterminer aisément les conditions d'adhérence du véhicule, s'il roule sur sol humide, sur du sec, de la neige… L'info est ensuite utilisée dans le fonctionnement de l'ESP par exemple. Le gros intérêt, c'est la simplification du système, mais également ses temps de réaction et sa précision, bien plus importants. Parmi les autres voies de développement possibles, il y a aussi  la mesure du poids embarqué. Avec un roulement instrumenté de ce type, nous pouvons faire évoluer le tarage des suspensions selon le chargement d'un véhicule utilitaire, par exemple.

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