Le mirage du low-cost de luxe

...qualité à un prix "chinois" dans les prochaines semaines.
Après avoir reçu l'homologation européenne le 20 juillet 2007, China Automobile a obtenu l'autorisation d'immatriculer le Shuanghuan Ceo en France, le 15 février dernier. Le Jonway Ufo, 2e modèle pour lequel China Automobile a reçu la représentation exclusive en France, attend quant à lui l'aval du TUV pour en faire de même. "Nous sommes allés démarcher les constructeurs chinois dans leurs usines. Dès le début, nous nous sommes fixés des objectifs de qualité. Ce qui a facilité le processus d'homologation", explique Benoît Chambon, directeur marketing et cofondateur de China Automobile France. Le Shuanghuan Ceo et le Jonway Ufo affichent tous deux des mécaniques Mitsubishi (motorisation et transmission). Le Ceo a même reçu un châssis du constructeur nippon. Quant au Jonway Ufo, le constructeur annonce avoir racheté les outils de production de la première génération du Toyota Rav 4 ! "Des gages de fiabilité", persiste-t-il encore. "Il y a eu le low cost avec Dacia. Il y aura le low cost de luxe avec nous !", précise Benoît Chambon. "Nous serons 20 à 30 % moins chers que la concurrence", explique-t-il en effet. Moins de 25 900 euros, par exemple, pour le Shuanghuan Ceo, censé rendre le grand 4x4 de luxe abordable. En Italie, où un autre importateur a déjà démarré la vente, les performances sont très encourageantes. Dès 2010, China automobile France souhaite ainsi écouler 3 000 Ceo par an, mais n'entend pas s'arrêter là. "Notre ambition est, à terme, d'avoir un modèle par segment de marché, avec des produits innovants sur des segments qui n'existent pas forcément aujourd'hui", explique Benoît Chambon. China Automobile France annonce d'ores et déjà de grandes surprises pour le Mondial de l'Automobile parisien, auquel les deux marques participeront du 4 au 19 octobre prochain. On évoque notamment une citadine et parle même d'un véhicule électrique. Dans les cinq années à venir, l'importateur entend représenter trois autres marques. Dès aujourd'hui, il tente donc d'établir un réseau à même d'accueillir une gamme extensible.
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De grandes incertitudes sur la distribution
"Nous ne voulons pas que nos véhicules soient distribués sur un terrain vague avec un drapeau et un Algeco. Nous cherchons des professionnels compétents en vente, comme en après-vente, adeptes, comme nous, du multimarquisme". Avec 40 points de vente en France dès le lancement, China Automobile compte peu à peu étoffer son maillage et capitaliser sur les compétences des futurs distributeurs pour mettre sur pied un vrai réseau multimarque chinois portant les couleurs de l'importateur. A la fin du semestre 2009, son réseau comptera alors une centaine de points de vente. Pourtant, à l'inverse d'Asie Auto, l'autre importateur de véhicules chinois qui s'apprête à officier sur le marché français, qui publie sur son site Internet la liste des 140 points de vente ayant signé pour la distribution, China Automobile France préfère rester discret sur le sujet. "Nous cherchons des gens prêts à nous suivre sur le long terme. Nous souhaitons faire dans le qualitatif dès le début pour ne pas devoir résilier des contrats 12 ou 24 mois après le lancement du réseau", explique simplement Benoît Chambon. China Automobile France se serait d'ailleurs tourné vers Asie Auto pour évoquer un partenariat à ce sujet. Devant le refus de l'importateur officiel des marques Landwind et Brilliance, semble-t-il échaudé par les péripéties politico-judiciaires (voir légende photo) du Ceo et de la Noble en Allemagne avec Mercedes et BMW, l'importateur de Shuanghuan et de Jonway aurait alors contacté en direct certains distributeurs du réseau Asie Auto, mais sans succès pour la plupart. Ce qui expliquerait la prudence de China Automobile France à évoquer l'identité de ses distributeurs. Seule certitude, la commercialisation des premiers véhicules, est prévue pour la 2e quinzaine du mois de mars sur le site de Montussan en Gironde, au siège du groupe. D'ailleurs, Benoît Chambon reconnaît que les discussions sont toujours en cours avec des partenaires distributeurs. L'importateur envisagerait même de créer des filiales pour combler les "trous" qui manque à son maillage.
Ce n'est pourtant pas la seule zone d'incertitude qui persiste au sujet de la prochaine commercialisation de ces véhicules. Car l'importateur entretient encore le flou sur son schéma logistique et son système de garantie. "Nous misons sur un stock tampon dans un pays d'Europe centrale à la fois pour les véhicules et pour les pièces. Pour le SAV, le délai sera entre 12 et 24 heures maximum", nous explique t-on. Le constructeur donne par ailleurs 2 ans de garantie. Etonnant pour un importateur qui fait de la qualité l'un de ses principaux arguments, tout en revendiquant un benchmark basé sur les modèles coréens et les japonais, constructeurs qui affichent aujourd'hui des garanties de 3,5 ou 7 ans pour témoigner de la fiabilité de leurs véhicules. "Nous travaillons sur une extension de garantie gérée par nos soins", ajoute Benoît Chambon. Des points sur lesquels China Automobile France continue de travailler aujourd'hui.
Photo : En octobre 2007, Shuanghuan présentait son Ceo au Salon de Francfort après un été agité. La menace d'un procès avec BMW au sujet du dessin de ce modèle, mais également l'action en justice menée par Mercedes au sujet d'un autre modèle du constructeur chinois, la Noble (ici en médaillon), avaient même forcé Angela Merkel, la chancelière allemande, à intervenir lors d'une visite officielle à Pékin.
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