Le code a changé
Nos capitaines d'industrie pourraient bien s'offrir un instant de distraction pour aller voir le film. Dans un autre registre, eux aussi sont souvent nus et démunis face aux grandes décisions. C'est encore de la mise en scène d'ailleurs… Y voir l'effet d'une "pipolisation" larmoyante et déplacée des grands patrons et des hommes politiques ne serait pas faire fausse route. Mais cela va plus loin, le code a changé.
Jadis, le capitaine d'industrie s'imposait comme la figure du guide. Un bâtisseur doté d'une vision. Souvent inflexible, il avait la liberté de tonner à sa guise, d'afficher son idéologie et ses convictions politiques, du rudoyer le syndicaliste pour faire monter la sauce en cas de conflit. Amarre respectée, il n'était souvent submergé qu'en fin de vie, par une vague de jeunesse, générationnelle ou technologique.
Depuis, les chevaliers d'industrie sont passés par là, aigrefins dans une veine plus flibustière, prestidigitateurs de marques, girouettes plaquées or estampillées bling-bling avant l'heure. Certes, ils ne manquaient souvent pas de saveur, mais par trop de valeur. "Le jour où le ciel nous est tombé sur la tête", dernier livre de Jean-Marie Messier, vous vous souvenez du traditionnel geste provocateur de Jean-Edern Hallier !
Ni capitaines ni chevaliers, nos grands patrons industriels se cherchent actuellement une stature. En attendant, ils jouent un rôle où la pauvreté des dialogues (on "ajuste des effectifs" par exemple…) s'entrelace avec un concours de charisme audiovisuel. L'audition la plus prisée est celle du démuni venant quémander de l'aide à l'Etat. Si vous avez vu la dernière prestation de la nouvelle star Elisabeth Schaeffler et que vous avez trouvé les larmes d'Herzogenaurach du meilleur goût, envoyez-moi un SMS ou tapez 1 !
"O Capitaine ! Mon Capitaine !", le code a changé…
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