Le 4x4 à Grenoble !

...du 4x4 et des loisirs à Val d'Isère. Toutefois, au vu des "querelles de clocher" et autres problèmes liés à la bonne marche de l'événement (voir JA n° 1012 du 07/09/07), la séparation entre la municipalité savoyarde et l'organisateur devenait inéluctable. Aussi est-ce sans véritable surprise, que le groupe Audhoui vient de conclure un accord de partenariat avec le Dauphiné Libéré (4e quotidien régional français), en vue de l'organisation d'un nouvel événement au printemps 2008 à Grenoble, "capitale des Alpes". Ainsi, du samedi 24 mai au dimanche 1er juin, l'automobile investira Alpexpo, le plus beau centre d'exposition et de congrès alpin. Parallèlement, un site d'essais dynamiques y sera associé sur la commune d'Uriage, permettant aux clients, à la presse et aux professionnels, selon la formule éprouvée, d'essayer les véhicules en situation. "Nous avons sélectionné quatre segments qui, selon nous, représente le tourisme de loisirs, explique Raphaël Audhoui, l'organisateur. Il s'agit du 4x4, des SUV, des breaks et des coupés/cabriolets. Ce choix est justifié notamment par la typologie de la région Rhône-Alpes, bassin commercial de prédilection de ces segments, et composée d'agglomérations excellemment notées en "catégories socioprofessionnelles". "C'est bien le cas de Grenoble, Annecy, Chambéry, Aix-les-Bains, etc." Il ajoute : "A Val d'Isère, nous touchions environ 5 à 6 % des ventes automobiles avec les seuls 4x4 et SUV. Avec cette extension à d'autres segments, nous touchons désormais entre 15 et 17 % du marché. Il faut savoir que les marchés de niche sont en progression avec de réelles valeurs que sont la famille, les loisirs, l'escapade (sans forcément parler de tout-terrain et de franchissement) et la sécurité". Il est vrai que cette association de segments "niche" constitue une première en soi… Mais encore faut-il que la "mayonnaise" prenne !

Face à son nouveau concurrent, Val d'Isère se doit d'opérer un lifting

Lâchée par le groupe Audhoui, la municipalité de Val d'Isère ne s'en laisse toutefois pas conter, décidant de poursuivre une aventure qui a débuté il y a 24 ans. Suite à un appel d'offres, c'est la société parisienne CDP Communication, qui a été chargée de remobiliser la filière automobile et le grand public pour un Salon qui repart sous le même format qu'auparavant, c'est-à-dire avec une exposition statique de 9 000 m2 sur la large plaine de La Daille et une zone d'essais "grandeur nature" sur le site de Bellevarde (zone accessible au public par le funiculaire à condition que celui-ci soit disponible…). Une tâche pour le moins ardue, compte tenu de divers éléments. D'abord, comme le fait remarquer un importateur particulièrement déçu par les éditions précédentes, "Val d'Isère n'a d'international que le nom, dans la mesure où il s'agit réellement d'un Salon national, pour ne pas dire local". Raison pour laquelle, d'ailleurs, bon nombre de constructeurs s'étaient désengagés officiellement de l'événement ces dernières années, s'appuyant sur leur concessionnaire local en lui apportant une aide éventuelle (prêt de véhicules encore non disponibles dans le réseau, par exemple). Exemple typique, depuis deux ans, Mitsubishi était représenté par son concessionnaire MMC Mont-Blanc, l'entreprise de Jean-Paul Gonguet. Raison pour laquelle, également, la presse s'était progressivement désintéressée de l'événement au fil des ans. Deuxième point, la date retenue. Alors que le mois d'août a toujours posé problème à l'ensemble de la filière automobile, en particulier les "années Mondial" du fait de la proximité des deux événements, la municipalité de Val d'Isère a programmé sa manifestation du 8 au 17 août 2008. Vous avez dit bizarre ? Dernier point. Au contraire du groupe Audhoui qui étend son champ d'investigation aux breaks et coupés/cabriolets, Val d'Isère demeure quelque peu "prisonnier" du seul concept 4x4 et SUV. Or, aujourd'hui, pas un constructeur spécialiste du 4x4 n'est en mesure de dire quelles seront les conséquences de l'Eco-Pastille et surtout du Malus sur les ventes de SUV ! "Val d'Isère pourrait être un bon Salon sur le plan régional mais, entre le Mondial, l'Eco-Pastille et le goût amer laissé par les éditions précédentes, l'année 2008 n'est pas forcément une bonne année pour relancer la machine", nous déclare le représentant d'un constructeur.

Globalement, les constructeurs et importateurs vont passer le témoin à leur réseau

Finalement, pour un constructeur (ou importateur), le problème n'est même pas d'être présent sur l'un ou l'autre événement. Claude Hugot, directeur de la communication de Nissan France le souligne. "Libre à l'un de nos concessionnaires de s'engager sur l'une ou l'autre manifestation mais, en ce qui nous concerne, nous allons consacrer l'essentiel de notre budget au prochain Mondial de l'Automobile". Autre témoignage, celui de Jean-Claude Hunsicker, directeur de la communication de Hyundai France, dont la présence l'an dernier reposait déjà sur les épaules du concessionnaire local en l'occurrence Alessandria Automobiles (l'entreprise de Gaston Alessandria), qui représentait Hyundai, Chevrolet, Jeep et Dodge. "Qu'il s'agisse de Val d'Isère ou du nouvel événement, il est évident que nous n'avons rien prévu sur le plan budgétaire, d'autant plus que le Mondial survient dans la foulée, explique-t-il. Certes, nous ne sommes pas insensibles à ces événements, mais nous n'y participerons pas de façon officielle. Maintenant, si l'un de nos concessionnaires veut s'engager, nous l'aiderons, notamment sur le plan de la logistique". Reste que, ils sont nombreux (nous en faisons partie) ceux qui voient des difficultés à la cohabitation des deux événements à l'avenir. "Cela me semble être du gâchis, pense Jean-Claude Hunsicker. Raphaël Audhoui avait réussi à hisser le Salon de Val d'Isère à un certain niveau alors qu'à Grenoble, tout reste à faire. Une chose est certaine, la multiplication de ce style d'événements n'est pas souhaitable d'autant que d'autres Salons régionaux marchent très bien comme Lyon,  Bordeaux, voire Toulouse". Sage réflexion s'il en est.

Photo : Val d'Isère est relancé sous le même format avec, notamment, le site de Bellevarde consacré aux essais dynamiques.