L’atlas des principales recherches automobiles
...business et solutions durables, John Viera est actuellement l'un des hommes en vue de Ford Motor Company. Tout un symbole. Cependant, il s'attache d'emblée à briser les miroirs aux alouettes du philanthropisme : "Nous agissons car nous avons des estimations des réserves naturelles de pétrole, de gaz naturel et de charbon, ainsi que des dates de rupture en cas d'iso-consommation. Par ailleurs, le coût du carburant est au cœur des préoccupations des clients du monde entier et cet impact commercial ne saurait être négligé". Cette mise au point effectuée, John Viera détaille alors la feuille de route du groupe pour les décennies à venir : "De 2008 à 2012, nous nous efforcerons d'optimiser les technologies existantes, essence comme Diesel, par tous les moyens. A partir de 2012 et jusqu'en 2020, nous focaliserons nos efforts sur le poids des véhicules. Enfin, entre 2020 et 2030, ce sera l'ère des hybrides de nouvelle génération et d'autres alternatives, comme la pile à combustible qu'il serait illusoire d'attendre avant pour une commercialisation de masse". Arguant qu'il n'y a pas de solution miracle, Ford oriente ses recherches sur quatre axes : l'amélioration des moteurs essence et le développement du clean Diesel, les biocarburants dont le E85 même si la production d'éthanol à partir du maïs n'est pas extensible à l'infini, les hybrides et notamment les solutions plug-in, et enfin à plus long terme, l'hydrogène en application ICE ou fuel-cell. "Toutes les technologies du futur ayant actuellement leurs limites et leurs difficultés, difficile de dire où se situent nos priorités. L'avancée des recherches sera à cet égard un facteur déterminant", commente John Viera, avant d'ajouter : "En tout état de cause, nous devons renforcer les collaborations avec les équipementiers et les fournisseurs d'énergies, ainsi qu'avec les pouvoirs publics. Seuls, nous n'y arriverons pas". A propos de l'opportunité chinoise pour la promotion des énergies alternatives, John Viera se veut à la fois optimiste et prudent : "Le pays fait valoir un gros potentiel car les nouvelles solutions peuvent se développer simultanément avec les infrastructures, ce qui est un avantage considérable. Mais cela dépendra aussi de la politique du gouvernement et de la stratégie des joint-ventures. Or, la régulation actuelle sur l'importation de véhicules hybrides soulève quelques questions…"
Daimler AG
"Dans le cadre de l'enjeu environnemental, la problématique urbaine est capitale car 50 % de la population mondiale vivra en ville en 2008. Un véhicule comme la Smart, plus encore en version hybride, est alors une bonne réponse. Mais il faut aussi envisager les 50 % restants de la population et proposer plusieurs autres réponses", expose en préambule Herbert Kohler, directeur environnement et vice-président pour la recherche avancée sur les véhicules chez Daimler. Le groupe envisage plusieurs étapes de développement. Primo, l'amélioration des techniques existantes, avec ou sans ajout de l'hybridation. L'offre Bluetec illustre déjà cette démarche, au même titre que le concept F700 DiesOtto. Sur le sujet des véhicules hybrides, le groupe annonce de nouvelles applications de série en 2008 et 2009, sur la base du partenariat noué avec BMW, GM et Chrysler. Secundo, Daimler mise beaucoup sur l'optimisation des carburants et sur l'essor des carburants alternatifs, synthétiques ou bio. La Smart SunDiesel en est une première illustration. "Concernant, l'éthanol, nous n'excluons pas cette solution, mais le manque d'uniformité des pratiques entre l'Amérique du Sud et l'Europe pose toutefois réellement problème", indique Herbert Kohler. Enfin, Daimler joue pleinement la carte de la pile à combustible. "Nous avons déjà mis une centaine de véhicules fuel-cell sur la route depuis trois ans. Leur autonomie et leur fiabilité sont éprouvées et nous avons donc une longueur d'avance sur nos concurrents", avance Herbert Kohler tout en annonçant la présentation de la Classe B F-Cell pour 2008 et une production en petite série dès 2010. "Par ailleurs, nous sommes majoritaires dans l'Automotive Fuel Cell Cooperation et parallèlement à nos travaux de R&D, nous cristallisons nos efforts sur la réduction des coûts pour accélérer le processus de commercialisation", poursuit-il avant de préciser : "Nos prochains prototypes fuel-cell ne seront plus produits en laboratoire mais dans nos usines, ce qui représente une grosse avancée vers l'accessibilité économique et la série". Tout en reconnaissant qu'il reste de nombreux obstacles à franchir, il annonce le lancement de véhicules fuel-cell en grande série à partir de 2012 pour une maturité commerciale en 2015.
Groupe Volkswagen
"Le contrôle de la consommation et des émissions de CO2 est aujourd'hui au cœur de toutes les stratégies, mais la situation va devenir encore plus compliquée avec des réglementations à venir sur les autres émissions, notamment les Nox", prévient Wolfgang Steiger, responsable des recherches avancées Moteurs et Technologies chez Volkswagen. Pour relever ce défi, le groupe se projette dans l'avenir en trois temps. Tout d'abord, l'amélioration des technologies classiques, notamment les TSI, TDI et TSG. "Nous allons lancer ces offres sur de nouveaux marchés pour parfaire notre éco-bilan global. Nous allons notamment introduire nos dernières technologies Diesel en Chine", indique Wolfgang Steiger. Même son de cloche chez Audi qui, fort du succès de l'A5 sur le Challenge, vante les mérites et le potentiel de son bloc 3.0 TDI. Axel Strotbek, membre du board d'Audi, annonce d'ailleurs la commercialisation des A4 et Q7 3.0 TDI dès 2008 en Europe et aux Etats-Unis. Ensuite, le groupe Volkswagen stigmatise l'importance du gaz naturel et de la biomasse. "En Europe, dans un avenir proche, 25 % du parc sera constitué par des modèles exploitant la biomasse. Dans le monde, le potentiel de ces solutions est de l'ordre de 30 à 35 % de parts de marché à un horizon plus lointain", déclare Wolfgang Steiger. On peut d'ailleurs souligner que Volkswagen, au même titre que Daimler, vient de prendre une participation dans le fabricant de biocarburants Choren Industries, avec des objectifs ambitieux sur le BTL. Enfin, le groupe mise sur les solutions technologiques dites renouvelables. "Les recherches en cours sur les carburants synthétiques, comme le CCS par exemple, et sur l'éthanol à base de cellulose ouvrent des perspectives prometteuses et assez proches de nous", affirme Wolfgang Steiger. Reste ensuite l'hydrogène, en application fuel-cell, et "l'électro-traction". "Il y aura une grosse concurrence entre ces deux solutions à l'avenir", pronostique-t-il tout en indiquant que le full-hybride n'est pas envisageable avant 2020. Sur le premier volet, Volkswagen a présenté deux prototypes en première mondiale lors du Challenge : la Passat Lingyu, conçue en collaboration avec l'université chinoise de Tongji, et surtout le Tiguan HyMotion, issu du centre de R&D de Wolfsburg, qui inaugure un process de combustion à froid très efficace. "En outre, nous avons développé un système fuel-cell à haute température qui sera présenté sur des prototypes dès 2009. C'est très prometteur car le système est beaucoup plus simple et engendre donc un gros impact sur la maîtrise des coûts", annonce Wolfgang Steiger.
General Motors
La communication de GM n'a sans doute jamais été aussi verte et le groupe relance ses recherches tous azimuts. Avec les Opel Corsa 1.3 CDTI et Zafira CNG, GM démontre qu'il poursuit ses recherches sur l'amélioration des solutions actuelles, tandis qu'avec la Saab 9.3 Biopower, il confirme son engagement dans la voie de l'E85 et par extension des biocarburants. "Nous avons déjà produit 2,5 millions de véhicules flex-fuel et c'est une solution locale très pertinente", souligne un ingénieur du groupe sur le Challenge. Par ailleurs, le groupe a présenté deux prototypes hybrides, dont le Chevrolet Tahoe, issu du modèle éponyme, qui inaugure un système bimode réduisant la consommation de 25 %. "En outre, nous relançons fortement nos recherches sur le véhicule électrique", déclare notre ingénieur. Une nouvelle intéressante après l'étonnante marche arrière du groupe sur le projet pourtant prometteur de l'EV-1. Enfin, General Motors concentre ses efforts sur l'hydrogène comme en témoigne le concept Chevrolet Equinox fuel-cell. "Il s'agit de notre 5e génération de véhicule à pile à combustible et cela dépasse désormais le cadre du prototype. Plusieurs véhicules sont en test au Canada et aux Etats-Unis dans des conditions réelles et dans le cadre du programme Project Driveway, ce qui nous rapproche de la série", explique notre ingénieur. En juin dernier, GM a d'ailleurs réorganisé ses équipes d'ingénierie sur le sujet (division FCA), quittant la sphère de la recherche fondamentale pour passer en mode opérationnel dans les départements de développement traditionnels du groupe.
Photo : La Smart hybride est la réponse urbaine de Daimler au défi environnemental.
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