La Thaïlande chérit son industrie automobile
Depuis quelques années, le marché thaïlandais fait son trou, non seulement parmi les pays de l’Asean, mais aussi sur l’échiquier mondial. L’année 2012 a prouvé la montée en puissance de ce pays avec son entrée dans le Top 10 des nations productrices d’automobiles. La Thaïlande y a en effet pris la 9e place, avec 2,48 millions d’unités produites, pesant désormais 59 % de la production de l’Asean. En termes de marché, aussi, ce pays devient attractif, puisque les volumes de ventes continuent de croître, atteignant 1,43 million d’unités en 2012.
Depuis 2004 déjà, les autorités donnent un cap à leur industrie automobile. L’excellence en R&D, l’amélioration du tissu entrepreneurial ou la construction d’infrastructures écologiques sont parmi les grandes lignes de la phase 2012-2016, qui devra voir la Thaïlande compter parmi les plus grands de l’automobile mondiale.
Pour cela, la Thaïlande n’hésite pas à mettre en avant le déplacement de l’épicentre économique, qui, selon le Thailand Automotive Institute (TAI), dans son “Master plan for automotive industry 2012-2016”, se déplace vers l’Est. “L’Asie joue un rôle de plus en plus important en tant que marché tout autant que base de production mondiale, changeant ainsi le jeu de la concurrence”, précise le TAI.
L’institut relève ensuite quatre facteurs clés à même d’assurer le développement pérenne de son industrie automobile : “Une politique gouvernementale qui promeut l’expansion du marché national ; des développements pour satisfaire les évolutions technologiques, notamment dans le champ du développement durable ; augmenter la création de valeur nationale à travers l’amélioration de la productivité des fournisseurs ; le développement quantitatif et qualitatif des ressources humaines.”
Un bon environnement économique
De manière globale, la production de véhicules est relocalisée près des marchés qui ont les coûts les plus faibles, y compris sur le transport. De plus, TAI note que la collaboration étendue entre producteurs pour faire des économies d’échelle a de plus en plus lieu. C’est sans compter sur les estimations en 2011 de David Ward, directeur général de la Fondation FIA. Du point de vue du potentiel marché, il estimait que la part des classes moyennes, pour la région Asie-Pacifique, passerait de 28 % en 2009 à 54 % en 2020, et 66 % en 2030, représentant plus de 3 milliards de personnes.
Un déplacement vers des masses captives, qui le sont d’autant plus que le ratio de propriété d’un véhicule y est encore très faible. Selon l’Association des constructeurs automobiles japonais, en 2012, avec 6,5 personnes par véhicule, la Thaïlande demeure très loin des Etats-Unis, lesquels tournent à 1,3 personne par véhicule. En élargissant à la région, suivent l’Indonésie (12,7), la Chine (17,1) et l’Inde (58,9).
Alors, en couchant toutes ces mesures sur le papier, la Thaïlande vise clairement trois choses. D’abord, devenir une base de production principale, et atteindre une capacité de 3 millions d’unités à l’horizon 2017. Ensuite, établir un bon environnement économique. Cela passe par une main-d’œuvre qualifiée, devenir une référence en R&D et développer les infrastructures nécessaires. Enfin, faire de l’automobile un secteur qui permettra à la Thaïlande de se sortir du “middle income trap”, ce cas de figure où des pays en développement se retrouvent coincés face à une hausse des revenus salariaux et une compétitivité des coûts en baisse.
Pleinement engagée dans les accords de libre-échange, la Thaïlande se dote peu à peu des outils lui permettant de soutenir sa croissance. Motivée par les succès des “Master plans” précédents (intégrer la chaîne d’approvisionnement mondiale, développer la collaboration avec les pays de l’Asean, améliorer ses outils de R&D), elle ne vise rien de moins que des développements de l’emploi et de l’économie, au bénéfice, en premier lieu, de ses fournisseurs nationaux. Et, in fine, élever la Thaïlande au rang des pays à revenu supérieur.
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