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Constructeurs

La sécurité, argument de vente des constructeurs

Publié le 17 septembre 2004

Par Tanguy Merrien
7 min de lecture
Le sentiment de refuge que l'automobiliste ressent lorsqu'il s'installe au volant de son véhicule est de plus en plus présent. Une sensation due à la palette croissante d'équipements technologiques à bord. Et les constructeurs ne se privent pas d'orienter leurs arguments de vente vers cet aspect...

...sécuritaire… Tour d'horizon des derniers équipements en vogue.


Outre les éléments de sécurité type ABS - obligatoire depuis juillet dernier - ou l'ESP, les constructeurs dotent progressivement leurs modèles d'équipements technologiques derniers cris destinés à réduire le nombre d'accidents. On le sait, les véhicules sont désormais bourrés d'électronique (capteurs et autres connecteurs) qui, il est vrai, apportent une réelle valeur ajoutée en termes de sécurité. Le conducteur dans son habitacle a plus la sensation d'être dans un cockpit d'avion que derrière un volant. Il faut bien le reconnaître, il est assisté dans sa conduite par ces nouveaux outils, et peut même parfois avoir cette impression - fausse - qu'il ne peut rien lui arriver. L'heure de la technologie à outrance a sonné depuis quelques années déjà, et ce n'est pas terminé, puisque les ingénieurs poursuivent ardemment leurs recherches de développement d'outils encore plus sécurisants, encore plus high-tech. Parmi les dernières innovations en date, on peut citer par exemple la caméra avant de vision à 180°, placée dans la calandre afin de sécuriser le véhicule aux carrefours, ou la caméra arrière pour l'aide au stationnement, comme le propose Toyota avec la nouvelle Corolla Verso. La caméra avant diffuse les images sur un moniteur installé sur la console centrale. Elle permet de voir, lors d'un croisement par exemple, à droite comme à gauche, sur 20 mètres avec un angle de 25°. Quant à la caméra arrière, elle donne une vision élargie puisqu'elle atteint des zones non visibles par les rétroviseurs classiques. La caméra est intégrée au hayon et diffuse sur l'écran de navigation les images qu'elle reçoit de l'arrière, ce qui permet l'aide au stationnement et la détection d'enfants, d'objets ou d'animaux qui passent derrière le véhicule. Ces innovations sont regroupées au sein d'un pack dont le coût s'élève à 3 100 euros. Le constructeur japonais insiste sur le fait que ces équipements sont les premiers à débarquer en Europe et permettent d'éviter bon nombre d'accidents, notamment à l'encontre de cyclistes ou de piétons, qui ne sont visibles qu'au dernier moment. D'ici la fin de l'année, Volvo va proposer le système Blis (Blind Spot Information System), destiné à réduire à zéro l'angle mort. Il sera en option sur la S60, la V70 et la CX70. Pour l'instant, les tarifs n'ont pas été annoncés. Il s'agit d'une caméra numérique montée sur chaque rétroviseur extérieur et qui enregistre 25 images par seconde. En comparant les images prises, de jour comme de nuit, le système détecte si un véhicule pénètre dans la zone Blis, qui mesure 9,5 mètres de long sur 3 mètres de large. Dans ce cas, un témoin rouge situé sur la fixation intérieure du rétroviseur s'allume. Afin qu'il ne se déclenche pas sans raison, Blis ne réagit pas à des objets statiques tels que les voitures en stationnement, le mobilier urbain… Actif au-delà de 10 km/h, le système alerte le conducteur dès qu'il détecte des véhicules dont la vitesse est de 20 km/h inférieure à la sienne et jusqu'à 70 km/h supérieure. Le constructeur suédois explique que, par ce système, il tente de résoudre le problème de l'angle mort qui provoque chaque année de très nombreux accidents. Les motards en sont d'ailleurs le plus souvent les victimes : il est en effet difficile pour l'automobiliste de voir ces derniers lorsqu'ils se trouvent à la hauteur de la portière arrière. Le problème de l'angle mort a également été étudié de près par l'équipementier Valeo, qui a développé un système de surveillance de trajectoire latérale et qui, dans le domaine de la conception de radar pour l'automobile, a créé tout spécialement un joint-venture (voir encadré).

La voiture a appris à lire

Un tiers des accidents mortels sur autoroute étant dus à l'hypovigilance, les constructeurs ont cherché des moyens permettant de rappeler à l'ordre le conducteur lorsque celui-ci sombre dans le sommeil et dévie de sa trajectoire. C'est ainsi que le groupe PSA Peugeot-Citroën a développé un système qui, grâce à des capteurs infrarouges placés dans le pare-chocs avant, détecte les bandes blanches de la route (Voir JA n° 833). Si celles-ci sont dépassées par le véhicule, et si bien sûr les clignotants ne sont pas activés, les capteurs remontent les informations vers une intelligence centrale qui envoie l'alerte au conducteur afin qu'il rétablisse sa trajectoire. Ce dernier, en guise de rappel à l'ordre, reçoit au niveau des cuisses des vibrations émises à travers le siège : un à droite si le véhicule se déporte vers la droite et un second à gauche s'il se déporte vers la gauche. Un système intuitif voulu par le constructeur qui a écarté l'idée du bip sonore, mais qui ne souhaitait pas non plus avertir le conducteur de manière trop brutale. Le système est activé automatiquement à partir de 80 km/h et il est possible de le désactiver manuellement par un bouton dans l'habitacle. Vincent Soulignac, directeur de la synthèse ingénierie des projets automobiles chez PSA, insiste sur les motivations du constructeur : "Nous avons voulu créer un dispositif prévenant uniquement le conducteur, tout en étant sûrs - c'est-à-dire qu'il ne doit pas déclencher une réponse trop brutale - et confortable, afin que le client ne le rejette pas. Nous avons reconstitué dans le siège l'idée des vibrations lorsque le véhicule passe sur des bandes rugueuses."

L'appel d'urgence : les constructeurs s'y intéressent depuis longtemps

Le groupe PSA Peugeot-Citroën ne s'est pas arrêté là puisqu'il a développé un autre élément de sécurité, le bouton d'appel d'urgence, qui est disponible sur les Peugeot (206 à 807) et Citroën (C3, Xsara, C5 et C8). Le système en question permet la réduction du temps d'intervention des secours, grâce à la présence d'un bouton SOS qui, en cas d'accident, met en relation le conducteur avec un plateau d'assistance (Inter Mutuelles Assistance) basé à Niort. Un message SMS est envoyé à un opérateur du plateau, message comportant l'identification du véhicule, le nom du propriétaire, ses coordonnées et sa localisation géographique. Après analyse rapide du contexte (gravité de l'accident, nombre de blessés…), l'assisteur transmet les données aux services de secours appropriés (Samu, pompiers, gendarmerie), sachant qu'une première équipe de médecins urgentistes est disponible 7 jours/7 afin de donner les premiers secours par téléphone. D'ici fin 2004, 30 000 véhicules devraient en être équipés, selon les prévisions du groupe PSA Peugeot-Citroën. Une option dont le coût atteint 1 300 à 2 200 euros selon les modèles, sachant qu'elle comprend, outre les fonctions autoradio CD habituelles, la téléphonie et la navigation. Il n'y a pas d'abonnement - pour l'instant - mais un contrat gratuit valable pour toute la durée de garantie du véhicule. Au-delà de cette période, des négociations sont en cours chez PSA pour savoir si un abonnement sera mis en place. Rappelez-vous, Renault avait déjà tenté l'expérience il y a huit ans environ, avec la plate-forme d'assistance Odysline, basée à Saint-Cloud. Le système était pratiquement le même, mais il n'a pu voir le jour car, à l'époque, "la clientèle n'était pas prête à payer un système d'appel d'urgence fonctionnant sur abonnement", expliquait Renault. Anne Pfaff, responsable de la communication Sécurité Routière chez Renault, ajoute : "Nous nous sommes rendu compte que les clients accepteraient mieux l'idée d'un tel système si celui-ci faisait partie du coût global du véhicule." Echec de la tentative donc, mais le constructeur indique qu'il poursuit ses investigations afin de commercialiser bientôt un système équivalent. Aucune date n'est avancée pour l'instant. Ce tour d'horizon, rapide, sur quelques outils dont sont dotés les véhicules ne doit pas occulter le fait que des solutions, très certainement plus simples et moins coûteuses en recherche et en développement, pourraient considérablement optimiser la sécurité des automobilistes. Le bridage des moteurs, par exemple, en est une. Mais ceci est une autre histoire.


Muriel Blancheton





FOCUS

VRS comme Valeo Raytheon Systems Inc.

Afin d'optimiser ses recherches sur les systèmes de radar automobile, Valeo a créé un joint-venture avec Raytheon, baptisé Valeo Raytheon Systems Inc. VRS s'attelle depuis l'année dernière à la conception, au développement et à la commercialisation de nouveaux radars, basés sur une technologie de capteurs. Cette gamme de produits vient des technologies de l'automobile, mais aussi de l'aéronautique. C'est ainsi qu'est né le système de détection de l'angle mort, qui alerte le conducteur des risques potentiels provoqués par la présence de véhicules hors du champ des rétroviseurs, par la surveillance de la zone latérale. Le conducteur est prévenu des risques par une icône qui s'affiche sur le rétroviseur.

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