Jeep compte sur l'Avenger pour se relancer en Europe
Avec 0,4 % de part de marché en 2022, soit 5 527 immatriculations (-47,1 %), Jeep n’affiche pas de bons résultats sur le marché français. Avec de tels volumes, la marque est en effet très loin de son record de plus 13 000 ventes en 2018.
Et ce n'est guère plus brillant en Europe. Avec 98 523 immatriculations en 2022, les ventes de Jeep ont chuté de 18,1 %, soit la plus forte baisse des marques du groupe Stellantis. Pour rappel, l'Europe représente le troisième marché de la marque, derrière l'Amérique du Sud et ses environs 150 000 unités. Cela représente un peu moins de 10 % du volume des ventes totales de Jeep.
Cap sur l'électrification
"2022 a été une année charnière pour la marque, rappelle Eric Laforge, directeur général de Jeep Europe. Sur la plupart des marchés européens, dont la France, nous avons cessé la distribution de modèles thermiques pour nous concentrer sur les modèles électrifiés."
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La gamme 4xe hybride rechargeable est le premier pas de Jeep vers l'électrification totale en Europe en 2030. "Cette évolution modifie profondément l’image que Jeep a auprès du grand public, celle d’une marque américaine dont les émissions de CO2 ne sont pas forcément optimisées", reconnait Eric Laforge. Il faut donc un temps d’adaptation selon ce dernier.
Une stratégie pas uniforme
Cette stratégie d’électrification n’est pas pour autant uniforme sur tout le continent. L’Avenger en est un parfait exemple. Alors qu’il n’existe qu’en version électrique dans l’ensemble de l’Europe, l’Italie, l’Espagne et la Pologne bénéficient d’un moteur thermique, en l’occurrence un 3 cylindres 1.0 de 100 ch.
"L’Italie, qui est le premier marché de Jeep en Europe avec une part de marché de 10 % sur les SUV et de 4 % toutes marques confondues, ne dispose pas encore d’un réseau d’infrastructures de recharge rapide très développé", justifie Eric Laforge.
Même discours pour l’Espagne où Jeep couvre une part de marché de 0,8 %. Un "deux poids deux mesures" qui montre que le développement de l’électrique en Europe est loin d’être une histoire simple.
Hybridation légère
Une stratégie qui pourrait d’ailleurs pousser à des importations parallèles. "Nous ne pourrons pas les empêcher, mais elles seront très faibles", se veut rassurant Eric Laforge. En outre, Jeep prévoit pour l’Avenger une alternative au 100 % électrique qui sera prochainement commercialisé. Il s'agira du 1.2 essence à hybridation légère. En outre, une version quatre roues motrices fera également son apparition.
Redonner de la lumière
Car les ambitions sur l’Avenger sont très fortes. Si Jeep n’a pas souhaité communiquer sur la part de marché envisagée pour la marque à court terme, ce SUV du segment B doit représenter 50 % des ventes, tout du moins en France. "L’Avenger va remettre la marque dans la lumière", indique Eric Laforge.
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Avec le titre de la Voiture de l’Année 2023, une première pour Jeep, cela semble déjà être le cas à en croire la marque. "Nous avons enregistré en Europe 22 000 commandes, dont 60 % hors d’Italie, précise Eric Laforge. 75 % d’entre elles sont de la conquête."
Bref, l’Avenger, dont le discours marketing est très proche de celui du Renegade lors de son lancement en 2014, à savoir "conçu, développé et produit en Europe pour l’Europe, nouvelle clientèle, etc", a donc pour mission de reprendre le flambeau du Renegade. "Entre 2010 et 2022, Jeep a vu ses ventes multiplier par sept en Europe", tient à rappeler Eric Laforge. A noter que l’heure de la retraite du Renegade, qui fêtera ses dix ans d’existence l’année prochaine, n’est pas encore pour demain.
Nouveaux standards
L’arrivée de l’Avenger produit dans l’usine de Tychy en Pologne, en juin prochain, s’accompagne d’une évolution des standards de distribution. "Ces évolutions vont permettre d’illustrer le nouveau positionnement de Jeep", explique Eric Laforge.
Alors que les changements de contrat de distribution chez Stellantis font couler beaucoup d’encre, est-ce le bon timing ? "Les nouveaux standards ont été pensés pour bien différencier les différentes marques du groupe. Ils sont économiques et prennent en compte la réduction de superficie allouée à chaque marque, tient-il à préciser. A partir du mois de juin, Jeep disposera d’une gamme de cinq véhicules, comprenant l’Avenger, le Renegade, le Compass, le Wrangler et la nouvelle génération du Grand Cherokee. Un sixième sera commercialisé en 2025."
Eric Laforge s’est voulu également rassurant concernant la distribution de la marque en France : "Nous disposons encore de quelques acteurs indépendants qui ont une connexion très forte avec la marque et ses valeurs. Notre but n’est pas de concentrer les distributeurs mais bien de nous appuyer sur un réseau profitable capable de parler de nos produits et de la passion qu'ils suscitent."
Jeep Academy
Malgré des ventes relativement faibles en France, Jeep garde une aura très forte, maintenue en partie par les Jeep Camps et autre Jeep Academy. "Si ce genre d'événements existent encore en France, il est vrai que nous avons eu tendance, sur les deux dernières années, à les avoir mis de côté au niveau européen, pandémie oblige, reconnait Eric Laforge. Nous allons les relancer et nous appuyer sur les clubs qui ont une activité très riche, d’autant plus que notre actualité va être très riche dans les années à venir." Jeep prévoit en effet de lancer deux autres véhicules, le Recon et le Wagoner S, des modèles 100 % électriques.
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