Ineos Grenadier : machine à découvrir le monde
Comme souvent en Angleterre, l’histoire commence autour d’une pinte de bière. Lorsqu’un certain Jim Ratcliffe, l’homme le plus riche du royaume, qui a fait fortune dans la pétrochimie, apprend que Land Rover a décidé de transformer son Defender, bête à tout faire, en un véhicule de luxe, aux antipodes de ce pour quoi il avait été conçu en 1949, il est effondré.
Enfin, le mot est peut‑être un peu fort, mais cette décision ne lui convient pas. Alors, dans ce cas, pourquoi ne pas réaliser son propre Defender ? Nous sommes en 2016. Sept ans plus tard, le dessin que l’homme d’affaires a imaginé sur un sous‑bock, qui mettait en avant les trois qualités fondamentales du véhicule, à savoir design, capacité off‑road et durabilité, a pris vie avec le Grenadier. Comme le nom du pub où tout a commencé.
Made in France
Initialement, le Grenadier, développé en partenariat avec Magna Steyr, devait être fabriqué au Portugal, puis au Pays de Galles, mais finalement, Sir Jim Ratcliffe, le patron d’Ineos, a racheté à Mercedes‑Benz, son allié en Formule 1, l’usine Smart d’Hambach (57), qui produira, à hauteur de 20 000 exemplaires par an dans un premier temps, le véhicule pour le monde entier.
En France, la marque Ineos est distribuée par neuf concessionnaires et dispose de dix points de vente. Il s’agit des groupes LG à Perpignan (66) et Périgueux (24), BYmyCAR à Nice (06), Charles Pozzi à Paris (75), Verbaere à Lille (59), Kroely à Strasbourg (67), BPM à Nantes (44), de Willermin à Avignon (84), sans oublier Land Service à Omerville (95), un spécialiste indépendant de Land Rover, et Alessandria Automobiles à Chambéry (73), un important distributeur Jeep.
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Ce réseau va s’étendre dans les mois à venir avec l’arrivée de la marque à Rennes (35) avec BPM, à Metz (57) avec Kroely et à Biarritz (64) ainsi qu’à Pamiers (09), avec LG, sans oublier la Corse. En parallèle, Ineos va développer un réseau d’après‑vente, toujours en s’appuyant sur ses partenaires, alors que dans d’autres régions du monde, le constructeur travaille avec le réseau Bosch Car Service.
"Nous souhaitons que nos clients ne se trouvent pas à plus d’une heure ou 100 km d’un point d’après‑vente", explique Shashi Vaidyanathan, en charge du développement commercial d’Ineos en France, en Belgique et à Monaco. La marque prévoit de vendre une centaine de véhicules par point de vente, sachant que "la rentabilité sera atteinte avec moitié moins", précise Shashi Vaidyanathan.
Moteurs BMW
La gamme du Grenadier s’articule autour de deux moteurs, tous d’origine BMW, à savoir un 6 cylindres en ligne turbo essence ou diesel. Dans le premier cas, il s’agit d’un 3.0 de 286 ch, dans l’autre également d’un 3.0, mais de 249 ch, les deux étant mariés avec une boîte ZF à 8 rapports. "60 % des premières commandes portent sur l’essence, mais rapidement, nous estimons que le diesel couvrira la moitié des ventes", note Shashi Vaidyanathan.
À l’essai, nous avons préféré la version diesel, plus en adéquation avec son usage de bête de somme, notamment grâce à son couple de 550 Nm, supérieur de 100 Nm par rapport à celui de la version essence. À l’intérieur, tout est pensé pour être simple. Ineos reprend l’adage "une commande, une fonction", que Porsche avait développé en son temps.
Un bouton, une fonction
Toute l’instrumentation est regroupée au centre de la planche de bord afin de faciliter l’emplacement du volant selon les régions de commercialisation du véhicule. Au plafond, les commandes type aviation servent pour connecter tous les accessoires qui peuvent être montés sur le 4x4.
Sur les routes, pour un véhicule ayant une vocation de franchisseur, le confort est exceptionnel, tout comme l’insonorisation. Sous nos latitudes aux voies bien bitumées, il sera tout à fait possible d’avaler des kilomètres sur de longues distances. On lui reprochera néanmoins une direction trop floue, qui manque de consistance et qui se révèle sans rappel. Si c’est agréable en franchissement pur, c’est un peu plus déroutant sur l’asphalte.
Le 6 cylindres diesel s’avère onctueux à souhait, bien secondé par la boîte automatique. Question consommation, on flirte avec les 10 l/100 km, ce qui n’a rien d’étonnant pour un véhicule qui pèse 2,7 t.
Rien ne l'arrête
Et hors goudron, cela donne quoi ? C’est bluffant. Le Grenadier doté bien sûr d’un châssis échelle a été conçu pour parcourir les pistes du monde entier et cela est réussi. Équipé d’une boîte de transfert mécanique avec blocage de différentiel, il peut également recevoir un verrouillage avant et arrière à commande électrique. La garde au sol de 26,4 cm lui permet de passer à peu près n’importe où, renforcée par des angles d’attaque et de sortie importants grâce à des porte‑à‑faux très réduits.
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Nous avons eu l’occasion de l’essayer dans une carrière sur un parcours aménagé particulièrement exigeant. Le contrôle d’aide à la descente fait, par exemple, des miracles. Le Grenadier ne craint ni la rocaille, ni la boue et encore moins l’eau. Il est, en effet, équipé d’un mode passage de gué (jusqu’à 80 cm). Au‑delà du souvenir, traverser une baie à marée descendante sur 16 km dans la région de Lake District, au Royaume‑Uni, a permis de se rendre compte de toute la qualité du travail réalisé par les ingénieurs.
Exempté de malus
Sur le marché français, qui est l’un des plus taxés d’Europe, le Grenadier a été homologué en catégorie N1 avec, sur la carte grise, la mention camionnette. Pour arriver à une telle homologation, le constructeur a avancé la banquette arrière de 7 cm, redressé de trois degrés le dossier de cette dernière, installé une grille de séparation entre l’habitacle et le coffre et tôlé la partie arrière.
Ainsi homologué, le 4x4 se trouve exempté de malus et de taxe sur les véhicules de société. Le Grenadier existe en deux places (à partir de 66 890 euros) ou cinq places (à partir de 67 890 euros), ce dernier étant disponible en version Utility ou Station Wagon. En face, la concurrence est extrêmement réduite. Le Toyota Land Cruiser avec son 2.8 diesel (204 ch) est son principal rival, le Jeep Wrangler, disponible uniquement en version hybride rechargeable, étant financièrement beaucoup trop éloigné (à partir de 80 700 euros). Enfin, le Mercedes‑Benz Classe G est hors concours avec un prix d’attaque plus de deux fois supérieur à celui du Grenadier. Sans compter le malus à 50 000 euros.
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