Fujio Cho était le grand favori de cette édition. Au-delà du succès commercial du constructeur, c'est une certaine idée du management qui met en avant l'effort et la simplicité que le jury a voulu récompenser. Egalement une ouverture d'esprit que symbolise le président de Toyota.
Si les discussions...
...ont été animées lors de cette élection, Fujio Cho s'est d'emblée imposé comme un choix incontournable. Ce n'est pas seulement la réussite éclatante de Toyota qui explique cet enthousiasme, mais aussi les qualités humaines de l'homme. Dans une industrie automobile extrêmement concurrentielle, les rapports entre les industries européenne et japonaise ont longtemps été conflictuels. La période des quotas en France puis en Europe montrait assez la crainte et la défiance qu'inspiraient à l'époque les Japonais. L'élection de Fujio Cho par notre jury n'en a que plus de relief.
Le parcours
1937 : naissance à Tokyo
1960 : Fujio Cho entre chez Toyota après un diplôme de la faculté de droit à l'université de Tokyo
1974 : il devient manager à la division contrôle de production où il apprend les principes du TPS (Toyota Production System) sous l'autorité de Taichi Ohno
1984 : il est nommé directeur général de la division logistique tout en conservant la responsabilité du contrôle de la production
1987 : Fujio Cho est expatrié au Kentucky où il est nommé Executive Vice-President de Toyota Motor Manufacturing USA Inc. (TMM). Il sera ensuite président de TMM
1994 : retour au Japon où il est nommé Managing Director
1996 : Senior Managing Director
1998 : Executive Vice-President
1999 : il est nommé président de Toyota
Ce n'est, en effet, que sur les dix dernières années que l'atmosphère s'est détendue. Des hommes comme Fujio Cho y ont activement participé. Ainsi, son amitié avec Jean-Martin Folz, président de PSA Peugeot-Citroën (Homme de l'Année 2002) et le partenariat qu'ils ont noué est symbolique de cette évolution. Lorsqu'en juillet 2001, ils signent à Bruxelles l'accord de partenariat pour le développement et la production de petites voitures, l'aboutissement de ce projet est incontestablement lié à la volonté de ces deux hommes. Implanté à Kolin en République tchèque, ce site de production est un joint-venture à 50/50 entre les deux groupes. Une coopération qui rapproche. Peu connu des Européens, Fujio Cho est un pur produit Toyota où il a fait toute sa carrière, gravissant les échelons avant d'en devenir président. Déjà aux commandes quand Toyota décide d'implanter une usine à Valenciennes, il a la réputation d'être francophile. Il est le premier Japonais et même le premier non-Européen à avoir été élu par notre jury. En concurrence avec Edouard Michelin, "notre Toyota national", selon l'expression d'un membre du jury. Les qualités de l'homme et de son groupe semblent indissociables. Ainsi, les membres du jury ont relevé "une vision à long terme claire, le meilleur rapport qualité/prix du marché, un dynamisme phénoménal". La progression continue de ses ventes et de ses résultats, quelle que soit la tenue des marchés, impressionne. Tout autant que la constance de ses performances financières. Le plus étonnant peut-être est de voir ce constructeur richissime (il dispose de 20 milliards de dollars de liquidité) poursuivre une politique active et innovante. Alors, qu'il lui serait facile de profiter de son avance et que ses finances auraient pu lui permettre de croître par acquisition, Toyota a choisi l'indépendance et la croissance interne. Des valeurs appréciées par le jury. Cette nomination salue également la marche franchie dans la hiérarchie mondiale par le constructeur nippon en 2003. Il est devenu en effet le deuxième constructeur mondial derrière GM (14,7 % du marché mondial) avec 11 % du marché et 60 000 voitures de mieux que le groupe Ford qu'il vient de dépasser. Toyota vise à terme les 15 % du marché mondial. Un objectif pris au sérieux par ses concurrents. Mais quand on parle de Toyota, les chiffres s'affolent. Ainsi, sa capitalisation boursière dépasse 120 milliards de dollars, soit quatre fois celle de Ford et plus que celles de Ford, General Motors et DaimlerChrysler réunis. Cité depuis plusieurs années, le nom de Fujio Cho est donc "passé". En raison également du travail de ses prédécesseurs dont il a su faire fructifier l'héritage et pour ses qualités personnelles. Aimant le golf et la pêche, Fujio Cho est aussi un amateur de grands crus français. Il est d'ailleurs Commandeur du Tastevin, ce qui dans notre pays n'est pas la moindre des qualités.
Florence Lagarde
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Qui choisit l'Homme de l'Année ?
Le jury fédéré par le Journal de l'Automobile est composé de journalistes spécialistes de l'automobile, soit sous l'angle économique, sous l'angle du produit ou sous l'angle sportif. Les diverses sensibilités réunies permettent chaque année de faire un tour d'horizon complet de l'actualité du secteur sans oublier de faits marquants. Lors d'une première réunion le jury établi la liste des nominés. Le vote se déroule lors d'une deuxième réunion. L'Homme de l'Année est élu soit directement à l'issue du premier tour s'il obtient la majorité absolue ou à la majorité relative au deuxième tour.
Voici ceux qui ont participé à l'élection de cette année. Denis Astagneau (France Inter) Caroline Castets (Le Nouvel Economiste) Xavier Champagne (Journal de l'Automobile) Christian David (L'Expansion) Marc David (Journal de l'Automobile) Florence Degolfiem (L'Usine Nouvelle) Dominique Duron (Marie Claire) Jérôme Fabreguettes (Investir) Charles Gautier (Le Figaro Economie) Philippe Genet (Capital) Jean-Pierre Genet (L'Argus) Arielle Goncalves (Les Echos Web) Yves Hervalet (TF1) Florence Lagarde (Journal de l'Automobile) Stéphane Lauer (Le Monde) Catherine Mangin (RTL) Pierre Mercier (Auto K7) Alain-Gabriel Verdevoye
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Les Hommes de l'Année du Journal de l'Automobile
Georges Falconnet, Citroën, 1981
Quatuor des importateurs allemands : Alain Delean (Ford), Jacques Gyssels (VW-Audi), Maurice Kniebhiler (Opel), Jean Luc (BMW), 1982