Etat de l'art
- La mobilité connectée, oui, mais pas à n'importe quel prix
- La fin des gadgets
- Relier des horizons temporels différents entre secteurs
- Pour les entreprises, le marché n'a pas explosé pour des raison de prix trop élevés
- Vers une croissance soutenue du marché
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FOCUS
Les intervenants
Grégoire Mialet, manager au sein du département mobilités automobiles du Bipe
Philippe Brendel, directeur de l’Observatoire du Véhicule d’Entreprise
Bruno Simon, vice-président Business Development & Government EMEA chez Navteq
Frédéric Grandvoinnet, directeur ventes grandes sociétés et VO chez Daimler France,
Coralie Henry Poppe, responsable du développement Nouveaux
Services chez PSA
Sylvie Roland, directrice ventes et développement de National Citer
Didier Blocus, responsable du développement des véhicules électriques chez ALD Automotive
Eric Hubert, directeur commercial France de Business TomTom Solutions
Vanessa Chocteau, directeur général de Greenovia (Groupe La Poste)
André Méchaly, directeur marketing, stratégie et solutions clients d’Alcatel Lucent
Jacques Garcin, directeur automobile & télématique d’Orange
Pierre Mammet, partner automotive industry chez IBM,
François Richard, directeur de la division européenne Automotive de Microsoft
Stéphane Evanno, responsable de l’activité VE et électro-mobilité France de Bosch
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Grégoire Mialet, manager au sein du département mobilités automobiles du Bipe, définit les contours d’une approche BtoC de la problématique : “En liminaire, il convient de s’interroger sur la façon dont les Français consomment aujourd’hui la mobilité. En France, comme chez nos voisins européens d’ailleurs, le budget alloué au transport n’a guère évolué depuis dix ans. Il représente environ 15 % du budget total et les arbitrages des Français se portent en général vers d’autres postes, comme l’alimentation par exemple. Toutefois, en subdivisant le poste “transport”, on note des évolutions intéressantes au cours des dix dernières années. Ainsi, quand les services de transport progressent, on constate que le poste “achat automobile” a perdu un point. Plusieurs explications peuvent être avancées par rapport à cette tendance : allongement des fréquences de renouvellement, passage vers le VO, dégradation du mix segment et downsizing des motorisations, sans oublier un essor des solutions de véhicule partagé comme la location, voire le covoiturage”.
La mobilité connectée, oui, mais pas à n’importe quel prix…
“Il est donc important de tenir compte de ces données pour aborder l’enjeu de la mobilité connectée. En effet, mobilité connectée, oui, mais pas à n’importe quel prix ! Notons que le budget consacré au poste “communications” est en forte augmentation depuis dix ans (+ 50 %) et qu’il atteint 3 % du budget global. Il va continuer à croître, notamment sur le poste “contenu mobile”, le smartphone apparaissant comme l’outil connecté avec l’avenir le plus ouvert. Au-delà du prix, dont on a pu mesurer l’importance, les Français arbitrent ensuite leur mobilité sur deux autres critères fondamentaux : la simplicité et la sécurité. Sécurité, prix et simplicité constituent le triptyque clé qui conditionne les choix de mobilité”.
La fin des gadgets
“Notre étude révèle aussi que les NTIC doivent s’intégrer dans la mobilité pour simplifier les trajets et les sécuriser. Un tiers des Français possèdent un système de navigation fixe ou mobile et leur préférence se porte sur les avertisseurs de radars (54 % d’utilisateurs ou d’intéressés parmi les automobilistes), le téléphone main libre (43 %) et les informations en temps réel sur le trafic et les possibilités de stationnement au lieu d’arrivée (respectivement 40 % et 34 %). La connexion internet n’intéresse que 20 % des automobilistes et l’éco-driving 28 %. On peut souligner que la plupart des intéressés sont dans la catégorie des ménages aisés, multi-motorisés et habitant en banlieue. Par ailleurs, le consommateur n’est plus attiré par la gadgétisation et réclame surtout de l’opérabilité, surtout la génération Y”.
Relier des horizons temporels différents entre secteurs
“L’usager-consommateur veut utiliser son smartphone comme la télécommande de sa mobilité. C’est valable pour tous les modes de transports, y compris pour les transports en commun. Il y a là aussi un levier à actionner, notamment pour certains modes en voie de développement comme le covoiturage (7 % d’utilisateurs pour 19 % d’intéressés), l’auto-partage (0,5 % et 11 %) ou la location (33 % des Français pouvant l’envisager, même si les Français, dans leur grande majorité, ne sont pas prêts à abandonner leur véhicule personnel et restent attachés à la notion de propriété).
Pour développer la connexion, l’automobile doit aussi apprendre à composer avec d’autres secteurs, comme les télécoms et les infrastructures. C’est une difficulté dans la mesure où les trois secteurs n’ont pas le même horizon temporel : échelle décennale pour l’immobilier et les infrastructures, échelle annuelle pour l’automobile et échelle mensuelle pour les télécoms”.
Philippe Brendel, directeur de l’Observatoire du Véhicule d’Entreprise, expose ensuite une vision plus BtoB où l’argent reste le nerf de la guerre : “A mon sens, la première question que tout le monde se pose est la suivante : est-ce que ce sera l’homme ou le véhicule qui sera connecté demain ?
J’estime que le déploiement massif de la télématique ne sera possible que si c’est l’individu qui est connecté, via le smartphone. Les prémices de la voiture connectée remontent au GPS avec info-trafic, car on reçoit une information qui peut influer sur nos comportements et nos choix. Donc le véhicule est connecté à partir du moment où on peut lui envoyer, voire recevoir, une information, quel que soit le serveur”.
Pour les entreprises, le marché n’a pas explosé pour des raisons de prix trop élevés
“Environ 30 % des immatriculations sont réalisées chaque année par les entreprises, qui achètent environ 800 000 voitures, dont la moitié sont dans le giron des loueurs. Le parc des véhicules d’entreprises est estimé à 6 millions d’unités. Sans oublier le parc géré par les loueurs de 1,2 million d’unités. C’est donc un marché significatif. Auparavant, ces parcs étaient complexes à gérer car peu d’informations étaient disponibles, au-delà des remontées des révisions. Mais, avec l’arrivée de la technologie mobile GPRS, de nouvelles perspectives se sont ouvertes.
Orange avait développé un système pour le kilométrage, mais il y avait tout de même jusqu’à 10 % d’écart avec les données réelles. Puis une seconde technologie est apparue consistant à brancher un boitier permettant de remonter directement les informations à un gestionnaire de flottes. Mais les solutions proposées sont encore très coûteuses. 5 euros par mois et par véhicule, c’est trop cher et c’est ce qui explique que le marché n’ait pas vraiment explosé. C’est pareil pour les offres plus sophistiquées permettant de gérer la gestion des tournées et donc de réaliser des économies ou de faire du business additionnel : même si c’est très intéressant, 50 euros, c’est trop cher. Donc le marché n’a pas explosé, toujours pour des raisons de rentabilité et de business-modèle”.
Bruno Simon, vice-président Business Development & Government EMEA chez Navteq, présente une étude réalisée par son groupe au premier trimestre afin de scanner les usages des solutions de communication dans le monde et leur evolution. “Au niveau de la navigation, on peut parler d’une réelle explosion de la connaissance des solutions disponibles et de leur utilisation. Nos contenus sont ainsi utilisés chaque jour par 160 millions de personnes dans le monde. Pourtant, il y a seulement dix ans, à la question “avez-vous déjà entendu parler d’un système de navigation ?”, seuls 0,5 % des gens répondaient positivement dans les pays développés ! Aujourd’hui, on est à un niveau d’utilisation de 50 % dans ces pays, et même de 60 % pour la France. En Europe de l’Ouest, le marché n’est pas pour autant saturé et il continue à augmenter. Dans les pays émergents, la progression est tout bonnement verticale.
Avec une différence majeure : en Europe, la culture de la navigation s’est développée en douceur et autour de la voiture équipée d’un GPS embarqué. L’Allemagne et ses constructeurs haut de gamme en sont une parfaite illustration. En revanche, dans les pays émergents, le primat revient à la navigation nomade. En Chine, 48 % des gens ont déjà eu une expérience de navigation via la téléphonie mobile”.
Vers une croissance soutenue du marché
“Au niveau de la demande des clients, on note trois tendances lourdes : la simplicité d’usage, la sécurité, notamment via l’interconnexion avec le téléphone, et la continuité, la navigation dépassant le seul cadre de l’automobile et un même univers étant souhaité sur d’autres modes. Sur la base de ces fondamentaux, on peut s’attendre à une croissance soutenue du marché et il y aura effectivement un débat entre nomade et intégré, mais il ne faut pas voir tout blanc ou tout noir. En effet, par expérience, je rappelle qu’une technologie en remplace rarement purement et simplement une autre, en général, elle l’améliore”.
Pour Grégoire Mialet, l’avenir du véhicule connecté passe par le smartphone : “Par rapport à la concurrence entre nomade et intégré, je pense que les smartphones ont déjà gagné la partie. L’automobile en tant que telle se cantonnera à quelques usages spécifiques”. Pour Philippe Brendel, “il n’y a pas forcément de contradiction entre les deux. La voiture sera connectée avec l’ensemble de son environnement et à ce titre, elle est donc un élément incontournable du monde interconnecté et a donc un avenir aussi très favorable. D’autant qu’on changera encore de dimension avec le véhicule électrique et son écosystème”. Ce qui inspire cette première conclusion à Bruno Simon : “Pendant des années, on a conçu et construit l’automobile comme un objet égoïste, clos et centré sur lui-même.
Mais les choses ont évolué, la voiture veut s’intégrer dans son environnement et revendique aussi un apport citoyen. Au-delà des éventuels problèmes de coûts, la voiture connectée prend alors toute sa légitimité. Surtout qu’il n’y a plus de barrière technologique à l’entrée et que nous sommes capables d’accompagner l’évolution des usages très rapidement. Par exemple, chez Navteq, nous venons de changer nos systèmes de capture et notre base de données bascule vers un format en trois dimensions, pour des applications beaucoup plus vastes et dynamiques. Il ne reste plus qu’à identifier les bons cas d’usage pour les clients, flottes ou particuliers”.
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