Emissions de CO2 : les constructeurs loin des objectifs

Le rapport de l'organisation européenne T&E est sans appel. Avec une moyenne de réduction de 1,7 % de leur émission de CO2, les constructeurs n'atteindront pas les objectifs fixés par l'Union européenne soit une moyenne de 130 g/km d'ici 2012. "Pour remplir les objectifs, les constructeurs devraient progresser de 4 % par an sur les émissions de CO2, commente Aad Peterse, responsable du programme "véhicule propre" chez T&E avant d'ajouter, mais il faut reconnaître que des efforts ont été faits".

PSA a réduit ses émissions de CO2 de 0,9 %

A ce titre, selon le premier classement de T&E (voir tableau "CO2 : les efforts des constructeurs") BMW réalise une bonne performance. Il décroche la première place du classement avec une baisse de 7,3 % d'émissions de CO2 sur les ventes 2007. Ce résultat a été obtenu grâce au programme "Efficient Dynamique" du constructeur, qui a progressivement inclu une série de mesures d'économie de carburant dans ses modèles. Hyundai figure en deuxième position, passant d'une moyenne d'émissions de 167 g/km en 2007 à 160 g/km en 2006 (- 3,9 %). PSA et Renault prennent respectivement les 8e et 12e places avec une réduction d'émissions de 0,9 % pour le premier et de 0,5 % pour le second. Seul Honda affiche une moins bonne performance, avec une moyenne d'émission de CO2 de 156 g/km en hausse de 1,1 % sur un an. Finalement, les constructeurs européens, japonais et coréens réalisent approximativement les mêmes performances avec une moyenne de réduction des émissions de CO2 de 1,7 % sur un an. L'obstacle majeur à de meilleurs résultats : le poids moyen des véhicules qui ne cesse d'augmenter. Il est passé de 1 378 kg en 2006 à 1 382 kg en 2007 soit 4 kg de plus en un an. "Sur les 20 dernières années, les constructeurs ont augmenté le poids de leurs véhicules pour accroître la vitesse, soutient Aad Peterse. Lorsqu'ils sont critiqués, ils avancent que le poids est un élément de sécurité, or c'est faux. Il faut changer cette évolution car le poids des véhicules détermine le taux d'émissions de CO2".

Les allemands à la traîne

L'organisation européenne T&E a, dans un deuxième temps, dressé un classement des constructeurs par rapport aux objectifs fixés par la Commission européenne pour 2012. Un calcul complexe a été établi à partir du poids moyen des véhicules de la gamme de chaque constructeur. T&E suppose que la masse moyenne des véhicules qui seront produits en 2012 sera équivalente à celle de 2007. Les constructeurs français sont proches de leurs objectifs. PSA est sur la première marche du podium, à 10 % de l'objectif de 2012 (avec 141 g/km en 2007 contre 127 g/km en 2006 d'émissions moyenne de CO2), Renault arrive en seconde position à 13 % de l'objectif (146 g/km sur les véhicules vendus en 2007 contre 147 g/km en 2006). Fiat obtient la troisième place, à 14 % de l'objectif : l'italien a le plus faible niveau de réduction à atteindre avec 122 g/km en 2012.

A l'inverse, BMW et Daimler sont ceux qui ont le plus d'efforts à faire : leur objectif est fixé à une moyenne de 137 g/km d'émissions de CO2. BMW est à 19 % de son objectif avec 170 g/km d'émissions sur les ventes 2007. Daimler lui, devra progresser de 24 %, il est, en 2007, sur une moyenne de 181 g/km d'émissions.

Dans le classement, trois des quatre derniers sont japonais. Suzuki, Mazda et Nissan sont à plus de 25 % de leurs objectifs. "Ces constructeurs n'ont pas orienté leurs efforts sur l'ensemble de la gamme, ils devront combler ce fossé", juge Aad Peterse. Seul Toyota figure en bonne place, à la quatrième, avec 149 g/km d'émissions de CO2, à 15 % seulement de son objectif. La progression de Daimler, avec 181 g/km d'émissions de CO2 en 2007 contre 188 g/km en 2006 est un cas à part. La liquidation de Chrysler, dont les modèles sont des gros émetteurs de CO2, lui a permis de réaliser une réduction de 3,5 % sur un an. Mais Daimler ayant des véhicules plus lourds, voit son objectif augmenter de 1 à 2 g/km.

 Selon le communiqué, la demande de la Commission européenne ne dépasse pas, et ce pour tous les constructeurs, une réduction de 28 % des émissions de CO2. "Cet objectif est parfaitement atteignable, intervient Aad Peterse surtout lorsqu'on sait que certaines pièces permettent déjà de réduire de 30 à 40 % les émissions d'un véhicule".

Des pénalités plus importantes ?

Faisant état du "retard" des constructeurs en terme de réduction des émissions de CO2, T&E émet des propositions.

Les éco-innovations ne suffisent pas : "Elles ne doivent pas remplacer des travaux sur les moteurs et sur la réduction du poids des véhicules", affirme le communiqué. De plus, T&E préconise de déterminer une moyenne standard de limite des émissions de CO2 pour une année donnée, "sans distinction de segments de voiture". Alors que la Commission européenne veut la baser sur le poids des véhicules, l'organisme européen propose de prendre en compte "l'empreinte au sol" (la largeur du véhicule multipliée par l'empattement). Elle remplacerait ainsi la notion de masse et permettrait de tenir compte de la taille du véhicule. "L'objectif basé sur la masse n'encourage pas la réduction de poids, qui est l'une des méthodes les plus efficaces pour réduire les émissions de CO2", note le rapport. Par ailleurs, T&E souhaite voir une augmentation des pénalités "pour s'assurer que les constructeurs atteignent les objectifs fixés". Au-delà de la proposition de la Commission européenne d'une amende de 20 euros par g en 2012 (pouvant aller jusqu'à 95 euros en 2015), T&E propose que chaque gramme de CO2 passant au-dessus de l'objectif, soit taxé à 150 euros par g par véhicule vendu. Reste à connaître quelle influence pourront avoir ces propositions sur le Parlement Européen qui doit examiner cette réglementation. J

* Le rapport s'appuie sur les données de la Commission européenne et porte sur 18 pays européens (l'UE à 15 avec la Hongrie, la Lituanie et la Slovénie). Les neufs autres Etats membres non inclus dans le rapport représentent seulement 6 % des ventes en 2007 dans l'Union européenne.

Photo : BMW réalise une bonne performance en réduisant de 7,3% ses émissions de CO2 sur un an.