Edito : Cause nationale ?
Philippe Varin fait preuve d’une grande minutie dans la maîtrise du calendrier et l’annonce, encore au conditionnel…, de plus de 6 000 licenciements en Europe, dont 4 000 en France, fut en fait préparée avec un soin d’orfèvre.
Quelques étapes. Un entretien accordé à nos confrères des Echos pour évoquer notamment le coût du travail en France. La vraie-fausse fuite de notes confidentielles sur la restructuration de l’outil industriel du groupe. La veille de l’ouverture du Salon de Francfort, des déclarations “douche froide” sur les prévisions économiques de l’Europe. Il y a quelques jours, l’annonce hypothétique, mais bel et bien chiffrée, d’un plan de licenciements. Avant la désormais traditionnelle visite chez le Ministre et les déclarations d’usage.
Dès lors, inutile de faire semblant de tomber des nues et de se vautrer hypocritement dans des symboles vides, “tous des Molex”, “tous des Conti”. Même sous l’orage qui bouscule la zone euro, reste à savoir si le thème “désindustrialisation-réindustrialisation” doit vraiment être une cause nationale, forcément intégrée dans une réflexion européenne, et donc, l’un des débats majeurs de l’élection présidentielle. On a envie de répondre “oui”. Cela réclame de balayer bien des poncifs. Le compte des emplois industriels doit réintégrer les emplois de services aux industries pour retrouver un brin de fiabilité. Le mythe d’économie de connaissance et d’ère post-industrielle sans usines doit être une fois pour toutes foulé aux pieds. Le comparatif entre France et Allemagne ne doit pas être instrumentalisé. Sinon, en raisonnant par l’absurde, pourquoi ne pas délocaliser en Allemagne… Il convient de reconnaître que le problème de surcapacité industrielle des constructeurs français en Europe n’a pas été totalement réglé malgré les plans post-crise. Il peut aussi être indiqué d’accepter qu’il n’y a pas de différence ontologique entre biens et services et que la brique “valeur du travail” n’a plus le même sens économique que jadis.
Reste encore à faire preuve de trésors de pédagogie. A cet égard, la première étape de Philippe Varin était féconde, car il était force de propositions : retouche de l’assiette des cotisations, notion de TVA sociale mais en prenant garde à la consommation des ménages, flexibilité accrue du marché du travail, etc.
Reste enfin, tant au niveau politique qu’industriel, à privilégier une vision d’envergure à l’apothicairerie. La France n’est pas réductible à un site France, c’est avant tout une nation et un pilier de l’Europe.
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