Edito : Allo Rio 2012 ?

Dans son dernier essai, affectueusement et malicieusement intitulé “Petite Poucette” (Ed. Le Pommier, Coll. Manifestes), Michel Serres affirme que le monde a tellement changé que les jeunes doivent désormais tout réinventer. Si son propos concerne l’éducation, la connaissance et les institutions, difficile de ne pas l’appliquer à l’environnement, surtout que l’auteur n’a jamais oublié ce sujet, notamment dans ses précédents ouvrages (voir “La Biogée”).

Face au défi environnemental qui nous est proposé, on voit un vieux monde dans une posture pétrifiée, voire sénescente, quand les nouveaux mondes trébuchent bien souvent face au piège tentateur de l’avidité.

Pourtant, comme notre étude “développement durable” en témoigne, les bonnes intentions ne manquent pas. Des groupes comme La Poste, Chronopost ou Renault accélèrent. Simultanément, la science apporte son précieux écot, on le voit avec Arpro, un exemple parmi d’autres.

Cependant, comme le souligne Claire Martin, un industriel ne peut pas préparer un changement de cette envergure tout seul. On peut ajouter que même plusieurs grands groupes ne le peuvent pas non plus. De même, on sait qu’il est illusoire d’attendre un miracle scientifique et technologique. On en revient à Michel Serres et à la notion d’invention, sur la base d’une vision collective, projetée, risquée même. On peut bien sûr attendre que les jeunes générations s’en chargent – et elles le feront d’ailleurs très bien –-, mais c’est une position d’attente peu glorieuse.

Pour l’automobile, il y a quelques propositions glanées auprès de dirigeants du secteur. De bon sens. Peut-on continuer à laisser des grandes villes, dont Paris, jouer un concert klezmer de feux désynchronisés dont le tribut en CO₂ est lourd ? Peut-on continuer à vendre des VO de plus de dix ans ?

Plus conceptuel. Peut-on continuer à concevoir une offre dans une logique pyramidale alors que la demande mue ? Peut-on continuer à gâcher, sans même plus y prendre plaisir, presque par habitude ?

En attendant juin, le sommet de Rio, et en espérant qu’il ne soit pas un nouvel horion…