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Constructeurs

Business Made in Hong Kong

Publié le 1 juin 2007

Par David Paques
10 min de lecture
Organisée par le Hong Kong Trade Developpement Council (HKTDC), la deuxième édition du Salon Auto Parts Fair s'est enrichie à tous niveaux. Avec un penchant de plus en plus affirmé pour l'électronique embarquée, ce rendez-vous d'initiés construit lentement son identité. Ballade au cœur d'un...
Organisée par le Hong Kong Trade Developpement Council (HKTDC), la deuxième édition du Salon Auto Parts Fair s'est enrichie à tous niveaux. Avec un penchant de plus en plus affirmé pour l'électronique embarquée, ce rendez-vous d'initiés construit lentement son identité. Ballade au cœur d'un...

...événement en pleine croissance.


Du 28 avril au 1er mai dernier, se déroulait la 2e édition du Salon Auto Parts Fair d'Hong Kong. L'an dernier déjà, le Journal de l'Automobile s'était rendu sur place pour rencontrer les sourceurs invétérés qui naviguent de Salons en expositions pour trouver les clés du futur marché de la pièce et de l'accessoire. Sentir des tendances, humer des courants et flairer ce qui deviendra un must : voilà le credo de quelques-uns. Pour d'autres, il s'agit simplement de sonder, voire de nouer des liens. Cette année, nous avons donc choisi de renouveler l'expérience. Pour le Salon en lui-même, évidemment. Mais également pour voir l'ardeur de certains à faire du lieu, un carrefour incontournable pour qui souhaite goûter aux délices des marchés orientaux. Comme le HKTDC, justement. Organe de promotion économique de l'ancienne colonie britannique, ce comité de développement joue un rôle majeur dans le rayonnement d'Hong Kong à l'international. Donc dans ce genre de rendez-vous. Et en matière d'automobile, le moins que l'on puisse dire, c'est que cette ville qui jouit d'une des plus fortes concentrations financières du monde a des ambitions. En témoignent les 45 "missions économiques" d'acheteurs et regroupant plus de 800 compagnies, organisées par le HKTDC pour ce rendez-vous.

A la recherche des partenaires locaux

Le marché automobile Hongkongais n'est en rien comparable au marché chinois. Pourtant, la place que tente de prendre le Salon de cette région administrative spéciale (RAS) dépasse largement les nouveaux territoires frontaliers de la mère patrie. D'ailleurs, le rayonnement de ce rendez-vous dépasse également le simple cadre de l'Asie du Sud. Jouant de son aura internationale quant à l'avant-gardisme de sa technologie, Hong Kong attire, sur son nom, les amateurs d'innovations. D'ailleurs, en débloquant 45 millions de dollars l'an dernier pour la création de cinq centres de R&D, dont un dédié à l'automobile, Hong Kong continue de soigner sa réputation. Mais pas seulement. Car le Salon ne se veut pas exclusif. Ici, l'électronique a son Salon, à part entière. Auto Parts Fair est donc, avant toute chose, une plate-forme sur laquelle les sociétés hongkongaises qui ont fait le choix de produire en Chine, présentent leurs gammes. Même avec une présence certaine d'exposants de GPS et de système vidéos en tous genres, les étriers de freins côtoient tout de même les plastiques et autres accessoires de toute nature.
"L'aftermarket chinois n'est pas très développé parce que beaucoup de marques sont nouvelles et que le marché se construit peu à peu", explique Chan Kei Biu, président-directeur général de SMT, équipementier automobile. Peut-être l'une des raisons pour laquelle seuls deux exposants présentaient ici de l'outillage à main. Mais cette affirmation de celui qui est également président de l'association des industriels électroniques hongkongais, témoigne également de la nature même de ce Salon. A savoir qu'Auto Parts Fair est un rendez-vous d'achat, voire de coopération industrielle internationale. Ce n'est en aucun un événement strictement asiatique. C'est une des différences fondamentales avec les Salons européens, sur lesquels le MRA ordinaire fait son marché, au même titre que le distributeur de pièces ou l'importateur. Ici, le professionnel venu de France ou d'ailleurs observe, se renseigne. Parfois, il prend contact. De temps à autre, il négocie (2). Pour ce faire lui-même importateur, pour garnir les étales de ses échoppes européennes ou même pour nouer des partenariats industriels (3). "Actuellement, les constructeurs mettent une telle pression sur les équipementiers première monte que cela a une vraie réaction sur toute la chaîne des fournisseurs. Alors face à des fabricants qui n'ont pas ce souci du produit d'origine, je ne me fais pas trop d'illusions sur mes capacités à vendre mes produits en Chine. Je cherche donc davantage à réduire mes coûts de production. Je suis ici pour chercher de nouveaux partenaires", explique Hans Hinnen, vice-président de Band-It, fournisseur américain de Tenneco ou Faurecia. Comme lui, ils sont nombreux à déambuler dans les allées du complexe pour y trouver le partenaire idoine. "Pour un industriel local, exposer ici est une belle occasion de vendre notre savoir-faire. Il est en effet difficile de trouver des fournisseurs de qualité", témoigne à son tour Carl Hung, vice-président de Season Components. "En Chine, seules les grandes sociétés ont un pouvoir de développement qui intéressent les occidentaux en quête de partenaires", poursuit-il. Alors nous sommes ici bien loin d'une simple foire commerciale.

Des LED en série… de l'électronique en folie

Le visiteur lambda, le sourceur appliqué ou le simple curieux conviendra que la majorité des produits exposés ne sont pas d'une variété extraordinaire. Beaucoup de filtres, de radiateurs, d'accessoires, un certain nombre de feux, de projecteurs, de housse (4) ou kits bluetooth, énormément de système d'infotainment, garnissent en effet les étales. Pour autant, si la présentation des stands n'est en rien comparable à ce qu'investissent les équipementiers sur les grands Salons européens, certains d'entre eux sont nourris de belles trouvailles.
Chez Syscom Company, par exemple, une société hong-kongaise. Parmi les compteurs de vitesse et autres témoins de pression customisés, un produit qui pourrait séduire les centres autos européens : une lampe. Ni à huile, ni de génie, cette dernière est une lampe de sécurité. Agrémentée de LED, celle-ci peut en outre recharger un téléphone portable en cas de besoin, faire office de radio ou envoyer un signal de détresse. Et comme, les vieilles recettes ne meurent jamais, cette lampe est ni alimentée par des piles ou un quelconque bloc batterie, mais par un système de dynamo. Ce qui évite les problèmes de batteries au moment fatidique. Sans être révolutionnaire, le petit produit est un "gadget" parmi d'autres. Mais force est de constater que l'industrie locale est pour le moins productive en la matière. Le Salon est une mine d'accessoires. Ce genre de produit que l'on trouve dans les rayons autos de la nouvelle distribution. Des housses de sièges, d'un goût disons particulier, des coussins, porte-clés de secours, torches en tous genres, pare-buffles, enjoliveurs (quoi que le nom n'est parfois pas très approprié)… le panel est complet. Mais il n'y a, heureusement, pas que cela. Il y a des pièces également. Techniques ou non. Pour les constructeurs ou les équipementiers. Bien souvent, les compagnies locales font de l'injection plastique une spécialité. Des poignées de portes aux cendriers, des accoudoirs aux montants… les exposants sont légèrement moins "sexy" que les fabricants de housse de volants, mais sont également incontournables dans les allées du Salon.
Le produit star de ce Salon reste, sans conteste, l'électronique embarquée. Et en la matière, l'industrie locale a, en effet, un petit temps d'avance sur le marché européen. Si, par exemple, l'aide au parking ou l'aide vidéo au recul intègre peu à peu les véhicules haut de gamme du Vieux Continent, de tels procédés ne sont en revanche pas encore disponibles dans nos contrées. Ici, oui. Appuis-tête ou pare-soleil qui intègrent écrans et lecteur DVD en rétrofit, sont ici en nombre, mais quasi désuets (5). L'heure est au "Flip down monitor", ces écrans rabattables que l'on fixe dans le plafonnier du véhicule. La véritable nouveauté du genre est pourtant ailleurs. C'est le rétroviseur multifonctions (6). Vidéo de recul et GPS trouvent désormais leur place sur un simple rétroviseur. Quelques exposants affichent même des variantes qui intègrent en plus une connexion pour lecteur DVD. Le prix ? Moins de 300 euros pour l'entrée de gamme. Si aucun importateur européen ne semble avoir frappé à la porte de ces fournisseurs, la destinée pourrait se poursuivre dans le reste du monde. Tout comme la kyrielle d'autres productions du genre qui semble se démarquer dans ce Salon. "Hong Kong n'a jamais été considérée comme un centre industriel pour la pièce automobile, mais elle a l'expertise technologique, notamment pour le design et l'électronique", confirme Lawrence Ang Siulun, directeur exécutif de Geely, également exposant sur Auto Parts Fair. Ce type d'exposants en est effectivement le symbole. Et qu'il s'agisse de Chinois, de Hong Kongais ou d'Asiatiques, tous alimentent la réputation des lieux. Malgré cette volonté d'ouvrir le Salon à tous ces fabricants de pièces chinois, indiens, pakistanais ou même australiens, le naturel revient donc au galop. Hong Kong reste, pour tous, la capitale de l'électronique.


David Paques


 





3 QUESTIONS A

Franck Moison, responsable des achats Microcar


"Nombreuses sont les entreprises chinoises à maîtriser la technologie"


Journal de l'Automobile. Qu'êtes-vous venu chercher à Hong Kong ?
Franck Moison. L'idée est de prendre des contacts. Je veux savoir s'il y a des fabricants capables de faire des bons produits en petite série. Car, le souci que nous avons en France est que certains fournisseurs ne veulent pas travailler pour 8 000 pièces. Ici, oui. Reste à s'assurer de la qualité.


JA. Etes-vous satisfait ?
FM. Le problème quand on vient dans ce genre de Salon, c'est qu'il y a énormément de fabricants capables de produire. Malheureusement, bien peu sont aptes à développer de pièces pour nous. Ici, certains ont vu l'intérêt de travailler avec nous. Car, même si nous sommes sur un marché de niche, nous avons des standards de qualité européens. C'est un faire-valoir pour eux. En fait, cela devient un peu un deal. Ils conçoivent un produit pour nous, et nous leur ouvrons les portes du marché européen.


JA. Pour vous, qu'en est-il des problèmes de qualité des produits chinois ?
FM. Il en existe toujours, certes. Mais ceux qui se focalisent là-dessus sont ceux qui ne cherchent pas à en savoir davantage. Car, nombreuses sont les entreprises chinoises à maîtriser la technologie. Personnellement, je n'ai jamais eu de problème avec des fournisseurs chinois pour Microcar.







3 QUESTIONS A

Claude Konrad, président-directeur de Polydec.


"Ce genre de voyage n'est jamais anodin"


Journal de l'Automobile. Qu'êtes-vous venu chercher à Hong Kong ?
Claude Konrad. Le décolletage est un produit qui nécessite une certaine maîtrise technique. C'est ce qui, pour l'heure, nous protège vis-à-vis des industriels chinois. Je viens donc ici avec le mince espoir de vendre mes produits. Pas pour les faire produire. Car exporter notre savoir faire technologique serait non seulement coûteux, mais également très dangereux.


JA. Trouvez-vous preneur ?
CK. Etant donné le coût de revient de mes produits, je ne peux pas être compétitif sur le marché chinois. Je ne m'attendais pas à faire de grosses affaires. Je pense d'ailleurs que celui qui vient ici pour vendre un produit lambda fait une erreur. Etant sur un marché de niche, avec une technologie de haute précision, ma situation est un peu différente. D'ailleurs, j'ai tout de même eu quelques bonnes surprises ici. J'ai notamment trouvé certains de nos produits et de la concurrence chez certains fabricants de compteurs exposants.


JA. Etes-vous satisfait ?
CK. Ce genre de voyage n'est jamais anodin. C'est même fort utile pour établir la stratégie future de l'entreprise. Nous prenons beaucoup d'informations et nous avons ainsi une meilleure visibilité du marché futur. Et notamment de ce que sont en train de faire les industriels locaux.

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