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Constructeurs

Alter Mondial

Publié le 1 octobre 2004

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Voilà que notre chroniqueur se transforme en militant altermondialiste. Pour une autre automobile. Une automobile qui ne soit pas que puissance et vitesse, une automobile "compatible". Revoilà le Mondial, tout neuf, comme il y a deux ans, quatre ans, six ans… Avec tous ses...
Voilà que notre chroniqueur se transforme en militant altermondialiste. Pour une autre automobile. Une automobile qui ne soit pas que puissance et vitesse, une automobile "compatible". Revoilà le Mondial, tout neuf, comme il y a deux ans, quatre ans, six ans… Avec tous ses...

...objets métalliques beaux comme les rêves tout aussi métalliques des designers, avec la fête, la foule… Bref : rien de neuf, et nous non plus. Heureusement pour moi, je viens de lire (avec retard) : "Geneviève Jurgensen, la voie d'une combattante" ("Le Monde" daté du 30 juillet). Je sors de cette lecture avec la certitude d'avoir beaucoup appris, en tant qu'être humain tout d'abord, mais aussi en tant que professionnel de l'automobile : il y avait longtemps que ça ne m'arrivait plus. Et j'avoue, à ma grande honte, que j'ignorais tout de cette personne courageuse et admirable qui a perdu deux de ses enfants, deux filles, par la faute d'un chauffard. Présidente de la Ligue contre la violence routière, elle se bat depuis lors pour une cause qu'on n'aura aucune peine à deviner : arrêter l'hécatombe sur les routes. Elle dit : " (…) si je voulais continuer à aimer mes enfants, je ne pouvais pas détester la vie. Je ne pouvais poursuivre le dialogue avec elles qu'en continuant d'aimer l'humanité, y compris l'humanité chauffarde." Il y a des gens comme ça, qui vous amènent à vous remettre en cause, à vous demander si vous avez jamais fait quelque chose d'utile dans votre vie professionnelle. Et à réfléchir en partant de zéro.

Qu'est-ce qu'une automobile ?

C'est, dit Geneviève Jurgensen dans l'article déjà cité, "un lieu de quiétude et de grande intimité". Il est exact qu'une automobile peut être cela aussi ; on se prend à rêver qu'elle sera cela de plus en plus. Et de moins en moins un instrument dangereux. A propos, qu'avons-nous fait, ces deux dernières années, en ce qui concerne, par exemple, la compatibilité ? Une voiture "compatible", c'est une voiture conçue et construite de façon à assurer autant que possible la sécurité des usagers de la voiture d'en face en cas d'accident. Voilà un vrai sujet… mondial, qui concerne tout le monde, partout. Au cours des deux dernières années, on a beaucoup pensé, mais à autre chose : aux performances, au style, à la réduction de la consommation et à la sécurité passive, par segment. Mais attention : la voiture la plus sûre (pour ses occupants) d'un segment haut de gamme peut aussi être la plus dangereuse pour les occupants de la voiture d'en face, par sa masse et sa vitesse notamment. On le sait, mais on l'oublie tous les jours. Et on objectera, par paresse intellectuelle, qu'il n'y a pas de solution absolue. C'est sans doute vrai, mais a-t-on au moins essayé d'améliorer la situation ? Au-delà de la conception du véhicule, d'autres mesures sont d'ailleurs possibles tout de suite : on pourrait, par exemple, imaginer un permis de conduire spécifique, particulièrement sévère et renouvelable périodiquement, pour les modèles les moins "compatibles". On devrait, en outre, suivre Geneviève Jurgensen , qui propose de brider les moteurs des véhicules les plus rapides, de façon à réduire leur vitesse maximale.

Première mondiale

On ne s'étonnera pas qu'une femme, porteuse de vie, essaie de faire bouger notre conception à la fois sclérosée et infantile (il faut le faire !) de l'automobile et de son usage. On ne s'étonnera pas non plus, malheureusement, du fait que, de Mondial en Mondial, la place des femmes dans notre microcosme n'évolue pratiquement pas. Il y a toujours un grand nombre de jeunes femmes splendides autour des nouveaux modèles, bien entendu. En revanche, les femmes qui occupent des postes de haut niveau chez les constructeurs sont toujours aussi rares. Rien n'a été fait dans ce domaine, sauf quelques déclarations d'intention. A ce rythme, on verra plus facilement des éphèbes en tenue succincte présenter de nouveaux modèles que des femmes exercer les responsabilités professionnelles qui devraient être les leurs. Sans doute les DRH, auxquels on ne fera pas l'injure de penser qu'ils sont misogynes, manquent-ils d'imagination, puisqu'il ne faudrait affronter que deux vraies "difficultés" : des embauches équilibrées (50 % de femmes cadres) et des parcours de carrière spécifiques. Je suis tout prêt à les aider de mes précieux conseils… Ceci gratuitement, ce qui, pour moi, serait une première mondiale.

Ernest Ferrari, Consultant

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