L'industrie demande à assouplir les normes et appelle un plan de relocalisation
Comment relancer une industrie qui aura été à l’arrêt durant plusieurs semaines ? La question est dans toutes les voix des acteurs de l’automobile et ils n‘ont pas manqué de la faire entendre une nouvelle fois, mercredi 25 mars 2020, lors de la deuxième réunion du comité stratégique de filière qui s’est déroulé, par téléphone, avec la secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’Economie, Agnès Pannier-Runacher.
"L’industrie automobile se trouve, à cet instant, dans une situation critique et paradoxale. Les sites industriels, dans leur immense majorité, sont fermés pour des motifs évidents d’absence de vente et de protection des salariés mais dans le même temps, certains doivent continuer à travailler pour livrer les constructeurs et les donneurs d’ordre où la reprise est effective comme notamment en Chine, au Japon ou en Corée du Sud. Valeo par exemple exporte 75 % de sa production en dehors de la France. Il est urgent de préparer dès maintenant les conditions de cette reprise", explique Luc Chatel, président de la PFA.
Pour l’ensemble de l’industriels, la priorité reste la survie du tissu industriel. La Fiev, présente au comité, a tenu à rappeler l’importance d’une solidarité exemplaire au sein de la filière automobile entre donneurs d’ordre et fournisseurs. "Nous avons également demandé au gouvernement de veiller au cas spécifique des délais de paiement. Additionné aux coûts d’un surstockage demandé en prévision du redémarrage de l’ensemble de la chaîne de production, le non-respect de ces délais provoque des problèmes de trésorerie que beaucoup d’équipementiers ne pourront assumer au-delà du mois de mars", précise la fédération.
Pour autant, les initiatives prises par le gouvernement sont saluées : "les prêts garantis et les actions de Bpifrance constituent des réponses efficaces qui doivent permettre d'éviter l'asphyxie des entreprises par manque de cash", poursuit Luc Chatel.
Pas de reprise sans protection
Evoquer la reprise de l’activité signifie également préparer la coordination entre constructeurs et équipementiers et l’ordre de démarrage mais aussi le respect des protections et des mesures sanitaires. "Il va falloir mettre sur pied un plan « à la chinoise », en définissant des protocoles extrêmement précis avec des consignes de désinfection des postes de travail, des masques à changer régulièrement, les mesures de distanciation à respecter, des prises de températures avec tests de dépistage si cette température est positive… Nous connaissons ces mesures car nous avons déjà un retour d’expériences des constructeurs et équipementiers présents dans la zone Asie", poursuit Luc Chatel.
Des centaines de millions de masques devront alors être produits pour répondre aux besoins des entreprises. Les constructeurs seraient d’ailleurs mandatés pour réaliser ces commandes au nom de la filière et éviter une inflation qui ne manquera pas de se produire.
Assouplir les normes réglementaires
Faire une pause sur les normes et réglementations est également un objectif des constructeurs. Alors que les règles d’émissions de CO2, dites CAFE, sont en vigueur depuis le 1er janvier 2020, que la norme Euro 6d full (avec limites d’émissions des Nox et de particuliers) doit intervenir au 1er septembre 2021 et qu’entre temps les normes qui imposent le standard de radio numérique doivent arriver au 15 juin 2020, les industriels cherchent à décaler certaines échéances, ne pouvant être sur tous les fronts en même temps.
Mais visiblement le désaccord se poursuit entre Renault et PSA sur un allégement des normes CAFE : PSA estimant avoir travaillé d’arrache-pied durant ces deux dernières années pour respecter les limites imposées et y parvenir et Renault préférant un assouplissement. Mais visiblement la position de l'ACEA (association des constructeurs européens) reste bien d'obtenir de règles moins strictes. Afin de porter ces sujets à Bruxelles, la PFA s’est engagée à recenser l’ensemble des dispositifs réglementaires qui pourraient poser problème à la filière.
Un pacte de relocalisation pour la Fiev
La Fiev, de son côté, s’est dit prête à travailler dès aujourd’hui à la préparation d’un plan de relocalisation. Le syndicat va dresser un état des lieux ainsi qu’une étude sur les raisons ayant poussée aux délocalisations et lister les sites existants à risques ou sujets à transformation et ceux pouvant être relocalisés dans l’hexagone.
Une prochaine réunion du comité de filière devrait avoir lieu dans deux semaines environ.
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