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Bornes de recharge : Driveco suggère un partenariat public-privé

Publié le 2 octobre 2025

Par Gredy Raffin
5 min de lecture
La profitabilité est encore difficile à atteindre pour les exploitants de bornes. Pour Ion Leahu-Aluas, le fondateur et dirigeant de Driveco, la stratégie gouvernementale mérite un ajustement. Il imagine d'ailleurs que le schéma de collaboration public-privé utilisé pour déployer la fibre internet pourrait être dupliqué pour soutenir les investissements liés à l'implantation d'équipements de recharge.
Driveco borne de recharge
Ion Leahu-Aluas, fondateur et CEO de Driveco. ©Le Journal de l'Automobile

À force d'engranger de l'expérience, les exploitants de bornes de recharge ont un regard plus critique sur leur secteur d'activité. Le directeur général de Driveco, Ion Leahu-Aluas, fait partie de ceux-là. Pour le fondateur de l'entreprise tricolore, la stratégie gouvernementale, aussi louable soit-elle, devrait faire l'objet d'ajustements dans un but de pérennisation.

 

"Dans sa volonté de couvrir le maximum de territoire, l'État pousse les opérateurs à installer des stations dans des lieux qui ont été identifiés comme étant à faible densité de voitures électriques. En clair, nous sommes forcés de réaliser des investissements à perte", s'est insurgé Ion Leahu-Aluas, lors d'un échange avec Le Journal de l'Automobile.

 

 

Et le fondateur de Driveco de poursuivre sa réflexion. Comprenant la nécessité de minimiser les zones blanches pour encourager l'adoption des voitures électriques par les Français, il prend l'exemple de la fibre optique. Ion Leahu-Aluas rappelle que pour déployer l'internet à haut débit, l'État n'a pas hésité à mettre en œuvre des partenariats public-privé. "Nous apportons la technologie de pointe et les fonds viendraient des pouvoirs publics", propose-t-il comme alternative.

 

Un argumentaire qu'il fonde sur la manière même de raisonner dans son entreprise. "Pour chaque station que nous ouvrons, nous faisons une projection sur les quinze prochaines années, explique le dirigeant de Driveco. Nous savons que les cinq premières servent à couvrir les coûts, les cinq suivantes nous amènent à l'équilibre du ROI et que nous gagnerons de l'argent à partir des cinq suivantes". Il faut donc un potentiel avéré de trafic pour valider l'acquisition d'un espace.

 

Se concentrer sur la puissance au lieu du nombre de places

 

À ce jour, une société comme Driveco "atteint la petite rentabilité", glisse Ion Leahu-Aluas. Autrement dit, dans son réseau de 350 stations, il parvient en moyenne à couvrir les frais d'exploitation. Le plan de la société française consistant à installer 200 stations supplémentaires chaque année dans l'Hexagone et ses pays voisins, le fondateur de Driveco gardera un haut niveau de vigilance sur les choix d'implantations.

 

Un entretien au cours duquel il est par ailleurs revenu sur le défaut d'application de la LOM. Depuis le 1er janvier 2025, 5 % des places sur les grands parkings devraient être équipées de bornes de recharge, or il n'en est rien. "Cela n'a pas été atteint car l'objectif n'est pas aligné sur la demande réelle. Il n'est pas toujours nécessaire d'avoir 5 % de l'espace occupé par des bornes quand peu de voitures passent. En revanche, il vaut parfois mieux se concentrer sur la puissance délivrée, si la rotation des voitures est rapide par exemple", explique Ion Leahu-Aluas.

 

 

Pour ce qui concerne la puissance électrique disponible, sa consommation et son poids dans le modèle économique des exploitants de bornes, les solutions qui leur sont proposées manquent de flexibilité selon le membre de Charge France, une nouvelle association regroupant 18 opérateurs de recharge. Il milite auprès des parties prenantes pour la mise en place d'un système de calcul fondé sur la consommation avérée, ce qui permettrait de régler des frais d'exploitation variables.

 

Selon les emplacements, il existerait un facteur de 1 à 100 en termes de potentiel commercial. Certains d'entre eux sont dépendants du tourisme. Au sortir de la période estivale, le dirigeant de Driveco a pu constater que sur certaines stations de recharge le trafic avait décuplé le temps de quelques semaines à peine.

 

60 % des clients détiennent des cartes de recharge

 

Un été qui a permis de se faire une idée plus précise des électromobilistes. En moyenne, les conducteurs arrivaient en station avec 30 % de batterie et repartaient avec une charge de 80 à 85 %. "Ils ont tout à fait compris la notion de temps et préfèrent se débrancher une fois la barre des 80 % franchie", analyse Ion Leahu-Aluas.

 

Quels ont été les leviers d'acquisition pendant la période ? Un exploitant de bornes de recharge tel que Driveco dépend encore des fournisseurs de cartes de recharge. Six clients sur dix ont réglé la note via ce moyen de paiement. Sachant que 60 % de ce trafic se concentrent sur Chargemap, TotalEnergies et un acteur allemand prisé par les conducteurs de BMW.

 

60 % des utilisateurs de bornes Driveco payent avec une carte d'un opérateur tiers. ©Driveco

 

Pour le reste, les clients utilisaient à parts égales (20 %) directement leur carte bancaire ou l'application Driveco elle-même. "Ceux qui ont recours à notre application habitent souvent près d'une de nos bornes, ils veulent donc se simplifier le quotidien", retient le dirigeant, dont l'ambition consiste à passer de 1 400 à 1 600 stations exploitées avant la fin de l'année 2025.

 

Au quotidien justement, sur les bornes 22 kW que Driveco a installées près des supermarchés Carrefour Market, les clients restent en moyenne 58 minutes. Rien de surprenant puisque l'enseigne ne facture pas la première heure de connexion. Sur les prises de 50 kW, le temps de charge est en moyenne de 45 minutes, soit le délai moyen pour faire des courses. Quant aux bornes de plus de 100 kW, elles sont utilisées entre 30 et 35 minutes, ce qui correspond à une recharge à 80 % des voitures.

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