Autopartage : Renault fait le pari Zity
Renault a l'art de surprendre son monde. Le constructeur a annoncé, ce 25 février 2020, le lancement prochain de Zity, un service d'autopartage en libre-service et free floating dans les rues de Paris et Clichy-la-Garenne (92). Reprenant la recette étrennée à Madrid, depuis 2017, celui-ci implique toujours Ferrovial, le partenaire ibérique de Renault, et engagera dès le début un parc roulant de 500 Zoe.
Un projet qui soulève bien des questions car, souvenez-vous, Renault a lancé Moov'in Paris à l'automne 2018 à la suite du retrait d'Autolib. Ce programme lancé dans un temps record faisait particulièrement appel aux compétences logistiques du spécialiste de la location automobile, ADA. Dans cette nouvelle vision qu'apporte Zity, l'enseigne s'efface au profit de l'accord d'envergure mondiale qu'a signé Renault avec Ferrovial, à la mi-février, et qui donnera naissance à une coentreprise à parts égales, après validation de l'Autorité de la concurrence.
La plateforme technologique fera place à la nouvelle, tout comme l'application mobile qui sert d'interface de réservation et de gestion. Les clients seront, dans le respect du RGPD, invités alors à migrer leurs données vers Zity. Tous les véhicules actuellement exploités ne seront pas repris. Les parties prenantes discutent avec les loueurs longue durée pour évaluer la pertinence de poursuivre les contrats ou de réinjecter les exemplaires dans le circuit de la revente VO. Et pour cause, Zity ne compte employer que les versions des Zoe capables de parcourir 300 km. Ce qui n'est pas sans impact sur le modèle économique, mais au regard des statistiques d'utilisation à Madrid, Renault estime que cela lui permet d'espacer les obligations logistiques.
Implications des concessionnaires de la zone
Parlant de statistiques, le service Moov'in Paris laisse derrière lui une base de 25 000 clients. Ce qui n'est rien en comparaison des 325 000 clients que Zity revendique à Madrid et qui équivaut à près de 10 % de la population locale. En revanche, les trajets sont plus longs dans la ville lumière, avec une moyenne de 40 à 45 minutes, contre 27-28 minutes, dans la capitale espagnole. "Il y a une différence de maturité entre les deux villes et il nous faudra encore deux ans pour Paris rattrape le niveau de Madrid", constate Vincent Carré, directeur adjoint au développement commercial international du groupe Renault. D'autant que la notoriété des opérateurs d'autopartage reste faible, en France.
Ferrovial s'est forgé une réputation dans le BTP en tout genre, puis dans l'exploitation des autoroutes que le groupe construit. En milieu urbain, il peut être comparé à un groupe multiservices comme Veolia, chez nous. Une position qui lui confère la légitimité à bâtir le maillage des bases logistiques opérationnelles et à prendre en charge le recrutement du personnel, tandis que Renault apporte son expertise de l'électromobilité et l'intelligence artificielle qui optimise l'exploitation de la flotte par une meilleure répartition. Toutefois, les concessionnaires et agents ne sont pas exclus de la boucle.
En effet, dans les grandes villes, Renault va s'appuyer sur ses partenaires pour assurer l'entretien, la réparation et les travaux de carrosserie. Ils constitueront alors un des maillons forts du modèle économique. "Nous avons besoin de réactivité car une voiture immobilisée, c'est de la perte d'exploitation", rappelle Vincent Carré. Ce sera également le cas dans des villes à moindre densité. Là, Renault prépare d'autres projets, avec la collaboration des concessionnaires, pour apporter des solutions d'autopartage à plus petite échelle. L'année 2020 promet d'être riches de nouvelles annonces.